Le secret de Venise

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Cela fait plus de trente-cinq ans que Leandro vit à Venise. Ville qui l'a vu grandir et dont les plus grands secrets ne lui sont plus inconnus. Leandro connaissait tous les recoins de la ville, chacun de ses angles et chacune de ses ruelles. Il aimait cette ville plus que lui-même. Elle lui inspirait la liberté et le bien être d'y vivre. Il adorait cette odeur de poisson frais quand il se baladait le long du Grand Canal. Cette eau turquoise qui ondulait au passage des vaporettos, avançant lentement le long du Canalasso. Il adorait se poser sur une terrasse et profiter du soleil qui se reflétait sur la toile lisse et azurée du fleuve vénitien. Il aimait cette fraîcheur que l'eau dégageait et ce doux vent qui venait effleurer ses cheveux blonds. Sa chemise blanche voletait lorsqu'il prenait une gondole et qu'il se baladait dans les petits canaux au sein même de la ville italienne. Il aimait ce sentiment mièvre lorsqu'il marchait en regardant l'eau scintiller.

L'un de ses moments préférés était la fin d'après-midi. Entendre les rires des terrasses et des bars qui s'évaporaient dans le ciel orangé et voir la fumée des cigares qui voletait au-dessus des enseignes typiquement italiennes. Voir ces marins revenir de leur pêche, le panier rempli de poissons frais. Les voir saluer leurs amis qui leur faisaient des signes de mains avec grande joie et amusement. Il traversait plusieurs fois par jour le Ponte di Rialto, le pont le plus connu de la ville. Il aimait voir ces touristes dont les yeux ressemblaient à leurs appareils photos.

Tout de cette ville lui était familier. Pouvait-il se douter que quelque chose d'aussi secret pouvait se cacher dans cette ville ? Non. Leandro n'en avait aucune idée.

Leandro habitait un des plus grand sestieri de Venise : San Marco. Situé à l'est de l'île de Venise. Il y avait passé la majorité de son enfance. Il habitait près du quartier de San Beneto connu pour son église. Leandro se souvenait toujours des livres historiques concernant ce monument. Il se souvenait de son père qui l'emmenait voir l'œuvre des familles Caloprini, Burcali et Falier. Ses murs qui avaient été brûlés neuf siècles plus tôt et qui avait été reconstruits par la suite.

Leandro aimait l'histoire. Sa femme, Julia, aimait comme lui se balader le long des longues rives et des canaux de leur quartier respectif. Ils aimaient s'aventurer sur le canal de San Salvadore ou encore sur le canal della Verona. Traverser et visiter la ville était l'un de leur plus grand hobby.

Un jour, alors qu'il se baladait sur le pont dell'accademia, il aperçut un homme sur une gondole, assis et visiblement occupé à regarder les passants étrangers. Il passait mollement sa main dans l'eau. Leandro eut une soudaine envie de se baigner. Ce dernier mit une main dans sa poche et en sortit un portefeuille Azzaro qu'il s'empressa d'ouvrir avant d'y prendre un billet de cinquante euros. Il hésita un instant, le billet en main et puis se décida finalement à descendre du pont pour aller rejoindre le gondolier solitaire.

- Pour combien le tour de San Marco ?

Le gondolier le regarda et sourit, dévoilant au passage ses dents d'une blancheur presque surnaturelle. Il prit d'une main sa rame en bois et le regarda avec des yeux qui inspiraient la joie.

- Je peux vous le faire gratuitement, répondit-il en se déplaçant vers l'arrière de la gondole d'un noir qui donnait une vraie sensation de pauvreté.

Leandro avait appris que cette couleur avait été imposée par les riches qui se voulaient être les seuls à avoir une barque bien décorée. Cette couleur noire était donc naturelle et propre à chaque gondole vénitienne. Oui, l'histoire le fascinait.

Après avoir rangé son argent et remercié le gondolier de lui faire un trajet gratuit, il se posa sur la gondole et profita pour glisser une main sur l'eau fraîche qui lui provoqua une sensation de plaisir immense. Après s'être installé, Leandro fit signe au gondolier qu'il était prêt, alors celui-ci se mit à ramer avec joie. La barque avança, perçant l'eau avec sa pointe tranchante. Il sentait sur son visage le souffle du vent qui venait lui caresser le nez et ses joues rosées.

Le secret de VeniseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant