Prologue

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J'entends frapper à la porte d'entrée.
Trois petits coups.
Je ne bouge pas et reste dans la cave. Je monte quelques marches de façon à pouvoir voir ce qui se passe.

- "Y'a quelqu'un? "

Je ne réponds pas.
Pourtant je brûle d'envie de répondre "je suis là, venez me chercher !", mais je ne dis rien.
Apparemment la personne qui est derrière la porte n'est pas seule.
J'entends des éclats de voix.

- "Il est peut-être pas là"

- "Ou alors il se cache..."

- "Sinon, on reviendra plus tard."

La curiosité est trop forte. Je sors de la cave.
Papa ne sera pas content de moi.
Il dira encore que je suis une vilaine fille. Et encore une fois, il aura raison.
En longeant le couloir je m'arrête devant le miroir.
Je suis plus maigre que la dernière fois, mes cheveux bruns sont tout emmêlés, mes yeux sont ternes et mon visage est barbouillé de saleté. Mes pieds et mes genoux sont tout crottés.
Mes vêtements sont en lambeaux et mon corps tout entier regorge de blessures.
Je détourne le regard, ne supportant pas de me voir dans cet état. Je m'approche de la fenêtre à pas de loup et je soulève un pan du rideau.
Il y a trois hommes en uniforme.
Un d'eux est blond, il a l'air assez jeune. Il est grand et sec et à l'air nerveux. Le deuxième homme est roux et a les cheveux bouclés, il doit avoir dans la cinquantaine et il est visiblement le plus âgé des trois. Le dernier a les cheveux noirs et des lunettes, et il est petit. Il semble assez sûr de lui.
Ils ont chacun un talkie-walkie à la main et des pistolets sont attachés à leurs ceintures.
Soudain l'un d'entre eux tourne son visage dans ma direction.

- "Hé, le rideau vient de bouger"

Je me recule lentement.
Je viens de faire une bêtise. Je n'aurais jamais dû sortir de la cave. Papa va se mettre dans une rage folle. Je commence à trembler tandis que les coups retentissent sur la porte.

- "Ouvrez !"

Je continue de reculer et je m'assois sur les marches.
Je dépose ma tête sur mes genoux, que j'entoure de mes bras.
Papa va devoir me punir comme la méchante petite fille que je suis.

- "Attention, on va défoncer la porte !"

Perdue dans mes pensées, je ne fais pas attention à cette phrase.
Quelques secondes plus tard, je sursaute en voyant la porte s'envoler.
Les trois hommes entrent et je descends au plus profond de la cave.
Je connais cette pièce comme ma poche vu le nombre d'années que j'y vis.
J'entends le grincement des escaliers. Les hommes sont en train de monter.

- "Hé ! Venez voir ça !"

- "Pourtant son dossier indique que sa situation financière est mauvaise...
Il vient d'être licencié !"

Je pense qu'ils ont trouvé ma chambre.
Je me cache derrière la machine à laver.
Il ne faut pas que les méchants messieurs me trouve.
Papa dit que si quelqu'un me voit je ne pourrais plus rester avec lui.
Je m'allonge sur le sol froid et je m'endors peu après...

***

Quelqu'un me secoue. Il ne me faut que quelques secondes pour me réveiller.
J'ouvre un œil puis l'autre et je me retrouve face à face avec un des trois hommes.

- "Hey, salut toi, comment tu t'appelles ?"

- "Léa"

C'est bon, j'ai signé mon arrêt de mort...
Je ne reverrai plus mon père.

- "Moi, c'est Frédéric, mais tu peux m'appeler Fred.

Ce monsieur a l'air gentil. Il a un merveilleux sourire qui me met tout de suite en confiance.
J'ai peut-être bien fait de soulever ce rideau...

Ce n'est qu'en déchiffrant les lettres de son uniforme que je prends conscience de l'ampleur de ma bêtise.

P.O.L.I.C.E

RéminiscencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant