Lui, mon beau-père ?

2 | Colère matinale

Aujourd'hui devait être un jour sans importance, comme les autres, mais avec la présence de Jungkook dans mon lycée, à jouer le professeur de musique, ma journée risque d'être vraiment merdique.

J'expire et inspire, me calmant avant de m'engager à me lever. Je me dirige vers mon armoire pour prendre mon uniforme scolaire et l'enfiler. Manque de bol, maman était déjà partie faire le tour du monde pour les affaires, juste après notre dispute et sans même me saluer, mais je m'en fiche, je déteste ma mère, à cause de son caractère trop...nunuche. Résultat, je me retrouve seul avec mon beau-père, devenu à présent mon cauchemar.

Il a l'air sympa, mais c'est tout le contraire, croyez-moi. Il ose installer ses stupides règles dès son premier jour. Je pense qu'il n'a pas bien compris que ici c'est CHEZ moi et que je peux le faire dégager à tout moment. Ce type est fou, qu'on l'emmène dans un asile sérieux.

J'ouvre la porte de ma chambre et descends les escaliers pour me rendre dans la cuisine, ouverte au salon. Je n'ai pas la boule au ventre, bien au contraire, il ne me fait pas peur, et son autorité, il peut se la foutre là où je le pense.

Quelle chance ! Jungkook est lui aussi réveiller, il prend son petit-déjeuner tout en étant sur son téléphone, regardant je-ne-sais-quoi. Je décide de l'ignorer et de me servir un bol de céréale, mais il ne semble pas décider à faire de même et me salue.

― Bonjour, Jae-Hwa.

Étant dos à lui, je souffle une seconde fois. Comme je suis polie, je me retourne pour planter mes iris noisette dans ceux de Jungkook et lui souris faussement.

― Bonjour, Jungkook.

Je termine de verser le lait dans mon récipient et le range dans le frigo. Je prends la décision de manger dans le salon, ne souhaitant pas avoir affaire à lui de beau matin.

― Tu ne déjeunes pas dans la salle à manger ? m'interroge-t-il, sirotant son café tout en me fixant.

― Non, ça te pose problème peut-être ? je crache sèchement, le regard rivés sur la télévision, diffusant un dessin animé.

Il roule les yeux.

― Pour une fois que j'essaye d'être gentil avec toi, tu pourrais faire un effort, sérieux.

Je ris.

― Ce que tu ne comprends pas, c'est que j'en ai rien à battre de ta gentillesse, tu sers à que dalle ici, non seulement tu t'incrustes dans ma vie, tu imposes tes règles et tu me demande d'être plus gentille ? Haha, je crois que t'as vu la vierge.

Il prend un air arrogant.

― Ça veut dire que t'es une connasse avec tout le monde ?

Je stoppe tous mouvements. Il a dit quoi là ? J'ai pas très bien entendu...

― Pardon ? Tu peux répéter s'il te plaît ? je l'interroge, avec un rictus.

― T'as très bien entendu.

Je pose lentement mon bol sur la table basse et me relève. Je contracte ma mâchoire, essayant de contrôler ma colère. Il se prend pour qui, lui ?

― Ce n'est pas un exemple, pour un beau-père, ça...hein ?

― J'en ai rien à foutre, il jette un coup d'œil à sa montre et se lève à son tour. On part d'ici à sept heures quarante, évite de nous mettre en retard.

Mes yeux s'élargissent.

― Nous ?

― Oui, nous, il répète.

Je secoue la tête de gauche à droite.

― Non, je crois pas non, personne ne dois savoir que vous êtes mon beau-père.

― Et pourquoi donc ?

― Parce que c'est comme ça, point.

Je prends mon bol, le mets dans le lave-vaisselle et monte dans ma chambre pour me brosser les dents et me faire un chignon, ayant marre de retrouver mes cheveux blond devant mon visage. Je m'arrête net en voyant une grande affiche accroché dans le couloir. Je sens mon ventre se tortiller. Ça sent mauvais pour ma liberté, ça.

Je m'approche donc et lis le titre, qui est en gros et en bleu.

" LES RÈGLES

N°1 : PAS DE PETIT-COPAIN.

N°2 : SORTIE → JUSQU'À 16H.

N°3 : PERMISSION DE FOUILLER DANS TON TÉLÉPHONE.

N°4 : TU ME DOIS LE RESPECT.

N°5 : TU M'OBÉIS.

N°6 : TU NE FAIS PAS CE QUE TU VEUX.

N°7 : INVITATIONS D'AMI(E)S → INTERDITES.

N°8 : SORTIES À DES FÊTES → INTERDITES.

N°9 : DROIT DE SORTIR LE WEEKEND (HEURE → RÈGLE N°2).

N°10 : INTERDICTION DE SORTIR LA SEMAINE → TU BOSSES. "

Mais il sort d'où lui ? Il vient d'une autre planète, c'est certain.

Je fais claquer ma langue contre mon palet et me dirige vers la salle de bain. Je fais ce que j'ai à faire et récupère mon sac de cours pour sortir de la maison. J'enfile mes baskets blanche et m'adresse à Jungkook, voulant aborder le sujet des "règles".

― Toi !

Il arque un sourcil, m'incitant à continuer.

― J'vais te tuer ! Elle sort d'où cette vieille affiche ? Tu ferais mieux de la retirer avant que je ne la déchires en mille morceaux !

― Ce serait gaspiller des arbres.

― Je m'en fou de tes arbres ! C'est ma foutue liberté qui compte !

Je sens la colère monter de plus en plus. Je vais le tuer je vais le tuer je vais le tuer...

― Hé bah...je m'en fou de ta liberté.

Je l'attrape par le col.

― Tu me cherches là ?

― Oh, je t'ai trouvé, dit-il, fier de sa blague qui me met sur les nerfs.

Je le relâche et il remet correctement sa chemise. Je souffle et m'apprête à ouvrir la porte, mais il pose sa main sur cette dernière, m'empêchant de sortir. Je grommelle des insultes et me tourne vers lui.

― Tu joues à quoi là ?

― Je t'accompagne.

― Hors de question.

― Si

― Non.

― Si.

― NON !

― SI !

Le ton commence à hausser entre nous. Je ne veux pas être accompagné par cette énergumène, ce serait la honte de me le trimballer ! Et puis mes amies, qu'est-ce que je vais bien pouvoir leur dire si elles me voient avec lui, notre nouveau professeur de musique ? Rah, il y aura aussi les rumeurs qui vont circuler dans tout le bahut, alors non, je ne veux qu'on nous voit ensemble.