Chapitre 2

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Le lycée François Mitterand reçoit aujourd'hui de nouveaux élèves, étrangers, c'est-à-dire qu'ils font parties d'un échange que fait la classe de Seconde2, la classe où les petits nouveaux surtout  nouvelles se sentent pousser des ailes, si seulement elles savaient ce qui allait leur arriver l'année prochaine. J'en vois qui poussent d'autres élèves dans les couloirs pour qu'elles puissent passer, et leurs sacs à mains Longchamp ou Michael Kors qu'elles tiennent du bout du poignet ont sûrement été empruntés discrètement à leurs mères, d'ailleurs le maquillage qu'elles s'étalent sur le visage doit provenir également des trousses de toilettes de leurs chères mamans, et se vantent près de leurs amies que le rouge à lèvres qu'elles portent provient de la nouvelle collection cosmétique Chanel ou bien que le mascara appliqué de façon à faire de gros paquets entre les cils serait de la marque Yves Saint Laurent. Ces nouvelles adolescentes ne savent pas dans quoi elles ont mis les pieds. Un des élèves étrangers se lève au self pour se servir de l'eau, il se dirige vers la fontaine mais des rires de bécasses l'intrigue, il se retourne et devient immédiatement rouge au vu des moqueries que les fillettes ne cessent de balancer sur lui. De quoi rirent-elles ? Seulement de son tee-shirt qui daterait de la mode de 2006 et que son ventre serait apparent, voilà ce que j'entends d'où je suis. J'espérais que le jeune allemand oserait dire quelque chose, qu'il ne se laisserait pas marcher sur les pieds, j'avais même envie que son pot d'eau atterrisse sur le brushing parfait d'une des filles. Non, rien, du tout, il a pris son sac à dos noir et a quitté le bâtiment. Et voilà, encore une mission accomplie pour les jeunes filles sans cerveau qui ne se rendent pas compte qu'elles font preuve de grossophobie.  

Je déteste mon lycée, du moins les gens qu'il y a dedans, les professeurs ne sont pas compétents, ils pensent que écrire, apprendre, par coeur, recracher le cours pour avoir une bonne note s'appelle réussir dans la vie ou réussir à l'école. Je suis une sage élève qui ne parle pas, mais qui ne participe pas pour autant. A quoi cela sert de m'interroger si je n'ai pas la réponse ? Si j'avais la réponse, je lèverai la main pour en faire part mais pour autant je reste polie pas comme certaines personnes qui agressent le professeur qui est venu faire son cours et gagner sa vie et non pas se battre avec un élève qui n'a reçu aucune éducation et n'a jamais appris ce qu'était le respect. J'ai une amie, qui n'est pas dans ma classe, elle est en Terminale Scientifique enfin elle n'est plus dans sa classe non plus, là, elle est à l'hôpital, elle doit se faire opérer des yeux au laser. Puis j'ai un ami, mais il n'est plus au lycée, en fait, il ne l'a jamais été, et est parti très loin, vraiment loin. Alors je me retrouve seule, en ce mois de mars dans la pire classe du monde, avec la pire matière, la physique chimie. Il est 11h32, je regarde ma montre une cinquantaine de fois dans une minute, je regarde le beau ciel bleu dehors et espère sortir de là le plus vite possible, cette matière ne intéresse pas, je n'aime une matière plus qu'une autre, seulement j'apprécie les matières qui permettent de voyager, en quoi la physique fait-elle rêver ? Est ce que je rêve entre les anions et les cations ? Non. Elle sert seulement à montrer comment la médecine pourrait progresser et donc à rendre l'humain immortel. L'histoire, la géographie, la littérature, la philosophie, les langues, ces matières là me font voyager, explorer, imaginer, je ne fais que voler au dessus des lettres, des mots puis des phrases, je retourne dans le passé pour comprendre le futur. Dommage que la musique ne soit pas une matière dans mon lycée, d'ailleurs peu de lycée considère la musique comme une matière, alors qu'elle est importante, sans les lettres il n'y aurait pas de musique et sans la musique il n'y aurait pas de culture, de découvertes, de monde. Alors parfois, chez moi, ma mère écoute de la musique classique, de l'opéra, je l'entends chanter, je la vois faire de grands gestes comme si elle dirigeait l'orchestre et dans ma tête je suis  les musiciens, essayant de garder le rythme et c'est parfois très dur. La musique retentit dans toute la maison, le toit se trouve à quatre mètres de notre tête et le son des violons, des basses, des pianos et autres comble chaque espace de notre domicile, lorsque un son fort et grave frappe ce sont tous les objets de la maison qui se mettent à trembler, les tableaux sont prêts à se décrocher. Mais cette ambiance si entraînante s'arrête lorsque papa rentre du travail, il fait signe à maman d'arrêter se vacarme quand il ne lui crie pas dessus, parfois elle le fait de suite ou parfois elle continue quelques temps pour l'énerver, ce qui n'est pas une bonne idée. Lorsqu'ils se disputent ce sont très souvent les mêmes sujets qui reviennent tels que la musique classique trop forte dans la maison, la voiture, le ménage, la cuisine, les revenus, le travail, puis bien sûr les enfants. 

Lost in the skyWhere stories live. Discover now