Rapport d'expédition - Cabane de Londonière

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 Départ le lundi 8 avril à 9 heures du matin de la Motte en Champsaur, à 1100 mètres d'altitude, la météo est bonne et toutes les conditions sont réunies pour mener une bonne expédition. Le sac est lourd mais ne contient que le stricte nécessaire, à l'exception du roman « Premier de cordée » que j'emporte à chacune de mes aventures. Sur mon dos, une tente au cas où je doive monter un bivouac en urgence, mon sac de couchage capable de résister au froid extrême, les réserves de nourriture pour deux jours, ma lampe, quelques habits chauds, puis mes raquettes pour marcher dans la haute couche de neige qui m'attend.

Dix kilos de matos sur le dos, j'entame la première heure de marche qui me permettra de rejoindre Molines, à travers la vallée de la Séveraissette. La neige recouvre les sommets qui bordent le début de la vallée, la crête de Chabelues et le Cuchon, au sud, sont recouverts de neige et des coulées de neiges finissent leur course près du torrent de la Séveraissette qui courre au creux de la vallée. Les arbres sont encore teintés de blanc, vestige de la dernière neige, collante. La route est sèche et agréable, de petits ruisseaux courent en bord de route, cours d'eau temporaires prenant vie au début du printemps lors de la fonte des glaces. Au nord se dressent la montagne de Paluéou et la montagne de la Motte, toutes faites d'escarpements de roches imposantes et irrégulières, aux couleurs sombres et splendides au matin et à la végétation pauvre. Les rochers tombés depuis de siècles et peut-être plus gisent au milieu de la forêt qui habite le creux de vallée. Certains ne dépassent pas les quelques mètres de diamètres alors que d'autres atteignent sans difficultés la taille d'une maison. J'avance paisiblement sans trop me précipiter pour garder des forces, c'est une longue journée de marche qui m'attend.

Après seulement deux kilomètres et demi, la vue s'ouvre sur le sommet du Chaperon et les pentes du Banc du Peyron. Un bruit lointain retentit. D'abord un craquement sourd et lourd puis le son d'une avalanche. Je lève mes yeux vers le Banc du Peyron, une avalanche est partie non loin du sommet. Le bruit résonne quelques courtes secondes dans la vallée avant de disparaître doucement, accompagné des dernières chutes de poudreuse dévalant les couloirs et cascades de glace. Après un court moment de contemplation, il faut reprendre le pas vers Molines.

Il est dix heures du matin, j'arrive dans le petit village de Molines, à 1250 mètres d'altitudes, qui prend place à la jonction de la vallée de la Séveraissette et la vallée du Roy. Ce charmant petit village qui compte cinq habitants à l'année marque l'entrée du parc national du massif des Ecrins. Le village est constitué de quelques vieilles battisses qui abritaient autrefois les bergers de la vallée, d'une chapelle rénovée récemment, de la maison du presbytère qui sert de nos jours de maison forestière, et d'une auberge qui offre restauration et hébergement aux voyageurs de passage dans la vallée. Au nord du village, le torrent du Peyron roux descend depuis la source de Font Froide en contrebas du col de Font Froide, entre le Pic de Colle Blanche et le Pic de Pian. En remontant le long de ce torrent, on arrive à la cabane du Peyron roux, charmante petite maison à deux étages dans le style montagnard.

Je passe le panneau indiquant la limite du parc et entre dans la vallée du Roy, longeant le torrent de la Muande. La frontière marque le début des chemins en terre et des sentiers de moyenne montagne. Les premières neiges au fond de la vallée ne tardent pas à apparaître et rapidement c'est toute la vallée qui se pare de blanc, et les derniers bouts de terre secs disparaissent. Le chemin monte régulièrement, franchissant les torrents descendants en trombe du flanc du Pic de L'arche. Après un peu moins de deux kilomètres, je bifurque sur le sentier qui part à main gauche du chemin, qui monte sur le flanc du pic pour gagner le chemin de ronde qui fait le tour complet des bords de la vallée sur les pentes des sommets à 1500 mètres d'altitudes en moyenne. Le sentier est étroit et très enneigé, et grimpe le long de rochers abruptes, passant parfois sur des corniches étroites et dangereuses. L'ascension est courte mais demande une certaine endurance et une certaines agilité pour ne pas glisser sur un rocher gelé et caché par la neige, ou franchir les nombreux obstacles présents, et surtout passer les arbres effondrés sur le sentier suite aux grosses chutes de neiges de la saison. Arrivé à 1500 mètres d'altitude, je rejoins le chemin de ronde et les derniers mètres avant la Cabane de Londonnière montent en pente douce, suivant un mur de pierre ancien et abîmé par endroit.

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⏰ Last updated: Apr 23, 2019 ⏰

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