Chapitre 1

278 13 2
                                    

Une rentrée tant attendue...

Mon histoire commence le jeudi 4 septembre 2014. Ça remonte à longtemps me direz-vous, et je vous l'accorde, c'était il y a presque 10 ans. Je n'étais encore qu'une gamine de quinze ans qui n'arrivait pas à dormir car trop "excitée" par sa rentrée. Rien d'anormal jusque-là... Et j'avoue que je me suis toujours demandée ce qu'il se serait passé si j'étais restée une adolescente ordinaire. J'ai grandi trop vite et ce n'était pas un souhait. Non, j'y ai été obligée. Lorsque l'on est confrontée aux violences et à la mort, je crois que ça nous change à tout jamais, c'est irréversible. J'ai vu et vécu des choses qui ont fait de moi aujourd'hui la femme la plus détestée de tout un pays. Et c'est cette histoire que je veux vous raconter. Je souhaite vous raconter comment je suis passée de la sainte et douce Victoria Taylor Williams à la redoutée et meurtrière Triple V.


Comme je le disais, nous étions le jeudi 4 septembre 2014. Il était précisément une heure, trente-sept minutes et quarante-six secondes. Pointilleuse, me diriez-vous ? Eh bien non, il s'agissait d'une lecture de l'heure projetée par mon réveil sur le plafond de ma chambre. Cela faisait donc une heure et trente-sept minutes que j'essayais de dormir, en vain.

Était-ce dû au fait que dans quelques heures aurait lieu ma pré-rentrée scolaire au collège ? Très certainement. J'étais impatiente d'y être, heureuse mais à la fois anxieuse et incertaine. Impatiente et heureuse d'y être car j'avais hâte de retrouver mes amis et une certaine routine de vie qui ne me déplaisait pas. Je voulais retourner en cours, j'aimais ça, m'instruire. Et c'était d'ailleurs cela qui m'avait valu le titre « d'intello » en cinquième. Oui, j'avais déjà reçu de légères moqueries par rapport à mon sérieux et à ma rigueur quant à ma scolarité. Malheureusement pour les personnes qui m'avaient déjà fait ces réflexions par le passé, je ne les avais jamais pris en compte et cela n'avait jamais affaibli mon envie d'apprendre. S'il y avait bien une chose sur laquelle je pouvais me vanter, c'était ma facilité à m'en foutre de ce que les individus pouvaient penser de moi.

La seule chose qui pouvait m'inquiéter et qui me rendait anxieuse était une fille de mon collège nommée Tara Millers. Cette fille m'avait pour cible depuis l'école élémentaire. Elle me vouait une haine que je ne comprenais pas. Dès qu'elle me voyait, elle ne ratait pas une occasion de m'humilier, de me rabaisser ou bien de m'agresser physiquement. Elle avait clairement un problème avec moi, un problème que je ne connaissais pas. Même mes amis les plus proches ne comprenaient pas son comportement. Et bien heureusement, j'avais une incroyable bande d'amis toujours présents pour moi et contre cette vipère de Millers.

Dans un long soupir, je me redressais et m'asseyais en tailleur sur mon lit. Est-ce que Millers allait gâcher ma dernière année au collège ? Serait-il possible que ces deux mois de vacances lui auraient ouvert les yeux ? Était-elle capable de se rendre compte que son comportement n'avait pas lieu d'être et qu'elle s'attaquait à une adolescente innocente ? Je pouffais d'un rire léger. Tara Millers ne changerait jamais, c'était une brute sans cervelle et sûrement une sale jalouse !

Prise d'un élan de courage, je venais de prendre une décision. Cette année, je n'allais pas laisser Tara me pourrir la vie de son venin. En effet, jusqu'à présent j'avais été passive et ne réagissais pas ou peu à ses conneries. Dorénavant, je me défendrai davantage ! Il était hors de question que cela continue ainsi, il fallait que je gagne en courage et que je l'affronte ! Je ne pouvais pas la laisser me marcher sur les pieds une année de plus, surtout si ensuite on se retrouvait dans le même lycée ?! Elle me ferait cela aussi au lycée ? C'était clairement impensable, il fallait que cela cesse et ça cesserait avant la fin de la troisième !

Je fus interrompue dans mes pensées par l'ouverture de la porte de ma chambre. Grâce à la lumière du couloir, je pus distinguer ma mère. En même temps, cela n'aurait pu être qu'elle.

- Pourquoi tu n'es pas en train de dormir, demanda-t-elle.

- L'excitation de la rentrée, répondis-je beaucoup plus froidement que je ne l'aurais voulu.

Elle plissa légèrement les yeux et vint s'installer près de moi. Elle souleva ma couette et m'invita, d'un signe de tête, à m'allonger. Elle me recouvrit et me borda. Je la regardais avec mes yeux verts. Elle avait ce petit sourire en coin qui faisait ressortir sa fossette gauche et cette odeur, ce parfum à la framboise qu'elle aimait mettre avant d'aller dormir. Ses cheveux blonds étaient liés dans un chignon ce qui me permettait de me rendre compte que des cernes se creusaient sous ses yeux. Elle travaillait beaucoup trop ces temps-ci.

- Tu as les mêmes yeux que ton père, sourit-elle tristement.

Je souris et ne lui fis pas remarquer qu'elle devait me dire cela presque tous les jours.

- Est-ce que tu fais encore des cauchemars, me demanda-t-elle.

- Non, mentis-je.

- Bien, soupira ma mère.

Je lui souriais, il était hors de question de lui avouer que je continuais à faire ces horribles cauchemars dans lesquels je revivais l'assassinat de mon père. Elle n'avait pas besoin de cela et je n'avais pas besoin de revoir une psy.

Ma mère passa sa main dans mes cheveux noirs bouclés. Elle me caressait le cuir chevelu, il n'y avait qu'elle qui savait comment m'endormir ! Instantanément, je me mis à bailler. Ma mère était une magicienne ! Elle arrivait toujours à m'endormir !

- Bonne nuit ma puce, chuchota-t-elle avant de déposer un baiser sur mon front.

- Bonne nuit maman, marmonnai-je avant de m'endormir.

Je sombrai dans un profond sommeil jusqu'à neuf heures du matin. Je fus réveillée par l'horrible mélodie de mon réveil. Je grognai et tendis le bras pour l'éteindre. Je ne pus retenir un long soupir de fatigue. Je finis tout de même par ouvrir les yeux et me redresser. Je regardais mon réveil. Il était neuf heures et dans moins d'une heure, j'allais retrouver mes amis et... Tara. Non, je ne devais pas penser à elle de bon matin, je secouais la tête comme pour me la retirer de mes pensées. Et ce fut efficace car je pensais maintenant à mes amis, ma petite bande d'amour. J'avais hâte de les retrouver !

Je me levais et m'étirais avant de chausser mes douces pantoufles noires. Je quittai ma chambre, traversais le couloir de l'appartement et allais dans la cuisine. Je pris deux mangues en guise de petit déjeuner et allai m'installer devant la télévision du salon pour regarder mon dessin animé préféré : les totally spies.

Ne me jugez pas.

Ma mère entra dans le salon et soupira en me voyant devant ce dessin animé.

- Tu me fatigues, dit-elle en anglais avant de disparaître dans la cuisine.

- Moi aussi je t'aime, lui répondis-je dans la même langue.

Ma mère était le fruit de deux cultures : américaine et hopelandaise. C'était complètement grâce à elle que je parlais aussi bien l'anglais depuis toute petite. Elle avait toujours tenu à ce que sa fille sache parler plusieurs langues.

Elle réapparut devant moi, un thermostat à la main.

- Ma puce, je vais y aller. N'arrive pas en retard, dit-elle en plissant les yeux.

- Je n'arrive jamais en retard !

- Mon cul ouais !

- Wow, langage maman !

Elle rit avant de s'en aller. Et rapidement j'entendis la porte claquer. Je finissais rapidement mon petit déjeuner et filai prendre une douche froide comme je les aimais, dans ma salle de bain. J'adorais les douches glacées, l'eau froide me calmait, m'apaisait et cela peu importe la température extérieure.

Triple V : À l'origine.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant