Si seulement...

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"Max,
J'en ai assez de tout ça.
Je ne comprends plus rien. Que me caches tu ? Que ressens tu à mon égard ?

Les autres disent que tu te sers de moi. Que je suis ton jouet. Je ne les croyais pas. Je te faisais confiance. Une confiance aveugle...

Je t'aimais. Et je croyais que toi aussi. Mais apparemment ce n'était pas le cas.

Pourquoi m'avoir menti ?

Tu savais que j'avais des problèmes familiaux, tu savais que j'allais mal. Tu savais que ma vie ne tenait qu'à un fil : toi.
Tu étais ma seule raison de vivre !

Alors, pourquoi as-tu enfoncé le couteau dans la plaie ? Pourquoi m'as tu fait tant souffrir ?

Pas la peine de le nier, les autres m'ont tout raconté.
Depuis le jour où tu m'as affichée sur internet jusqu'à faire partie de tes conquêtes.
Ils m'ont expliqué comment tu avais ruiné ma vie. Et cette fois-ci, je les ai cru. Ils avaient des arguments et des preuves, tout était contre toi.

Ne me demande pas pourquoi ils me l'ont dit. Je n'en sais rien.
Peut-être parce qu'ils avaient pitié de moi.

C'est dingue quand même comment une photo, une seule, peut tout anéantir.
Et ça, je ne te le pardonnerai pas. Même quand je serais morte.
Tu m'as profondément déçue. Je ne te voyais pas comme ça. Moi, je te pensais sincère.

Et je sais aussi pour Ines, et toutes les autres : Julie, Christine, Louisa, Morgane et j'en passe.
Mais bon, comme tu jouais sur plusieurs tableaux je ne devais être qu'un jouet parmi tant d'autres, hein ?
Tout ça parce que je ne voulais pas le faire. C'est pathétique en y réfléchissant.

Mais tu as insisté. Et comme je t'aimais, je l'ai fait.
J'ai perdu ma virginité. Par ta faute.
Je n'avais que 16 ans.

Tu m'as vite remplacée. Par Annisa, c'est ça ? Parce que je m'y perds avec toutes ces filles. Tu les collectionne comme des cartes pokémons.
Tu n'es qu'un coureur de jupons. Un vulgaire pervers qui ne pense qu'à s'amuser avec les filles.

Plus j'y repense et plus je me demande comment j'en suis arrivé là. Comment j'ai fait pour t'aimer.
Si seulement j'avais su... Si seulement je ne t'avais jamais rencontré...

Et puis, comment pouvais-tu me dire ça avec tant d'aisance ? Comment pouvais-tu dire "je t'aime" alors que c'était faux ?
Alors j'ai pris ma décision.

Comme la seule personne en qui je peux m'accrocher m'a abandonnée, je n'ai plus besoin de rester ici. Je vais te quitter. Toi et tous les autres.

Je pense que c'est parce que tu m'as trahie que je fais ça.

Pourtant je croyais que quand tu me reconfortais tu étais sincère. Que quand je te confiais mes secrets tu allais les garder. Que quand je t'avouais mes craintes tu m'aiderais. Que quand je t'embrassais tu m'aimais.

Mais tout ça n'était que mensonge !

Je suis seule dans la maison. Seule dans mon désespoir. Seule dans ma vie. En fait, tu n'as jamais été vraiment avec moi et je n'ai jamais eu d'amis. Les autres restaient avec moi car tu étais là. Ils étaient sympas avec moi car j'étais ta "petite amie", si on peut appeler ça comme ça.

C'est comme ça que je me retrouve dans ma salle de bain, devant le placard à pharmacie. J'hésite beaucoup devant les boites, je n'ai jamais aimé les médicaments. Il reste toujours un goût âcre dans la bouche.

Alors je choisis autre chose.
Il y a un couteau de cuisine sur la table. Celui que mon père utilise pour couper la viande. Il semble m'appeler. Sans hésitation je le prends. Je me sens invincible avec. Sauf que ce n'est pas le cas.

Le liquide visqueux au goût de métal coule du couteau. Mon bras gauche, rouge de sang, me pique.
Je ne pensais pas que cela faisait autant mal.

J'en ai marre ! Je veux en finir le plus vite possible !

Alors, je choisis la dernière option : la corde.
Mon père en possède une épaisse dans la cave. Je m'empresse de la récupérer en semant quelques gouttes de sang sur mon passage. Ce sera son seul souvenir de moi puisqu'il a brûlé toutes les photos où j'apparaissais.
Du sang sur le tapis... Il va râler ce soir en rentrant.

Une fois la corde en main il faut que je grimpe sur un tabouret pour l'accrocher au lustre. Je vais faire un nœud coulant pour après le glisser autour de mon coup. Je pousserai le tabouret de mon pied puis la prise se resserra et je suffoquerai.
Pour l'instant je prends le temps de t'écrire, alors, sens-toi honoré.
S'il y a du sang sur le papier c'est normal, c'est mon bras gauche.

Si seulement j'avais su qui tu étais vraiment... Jamais je ne t'aurais demandé de sortir avec moi.

Je me rappelle encore de ce jour là. Tu étais seul, ce qui était rare et je me suis approchée de toi. Tout doucement. Je t'ai regardé tendrement dans les yeux. Et je pensais que toi aussi puisque tu as accepté ma demande. Mais ce devait être l'amour qui me rendait aveugle.

L'amour. Quel sentiment indescriptible et incontrôlable... Un jour on l'aime pour ce qu'il nous a fait et l'autre on le déteste pour ce qu'il nous a rendu : faible.
Quand on est amoureux on est faible.
Je l'étais. Tu le savais. Et tu en a profité.

Quand tu retrouveras cette lettre, soit tu seras juste triste de perdre un jouet soit tu iras rejoindre ta bande de potes et t'amuser avec tes autres copines.
Mais si seulement tu pouvais éprouver des remords...

Si seulement j'avais su que tu me laisserai tomber, tout cela ne serai pas arrivé.

Je te laisse, je te retrouverais en Enfer.

Amuse-toi bien avec Anissa et les autres.

Ton jouet n°3, Judith."

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𝚂𝚒 𝚜𝚎𝚞𝚕𝚎𝚖𝚎𝚗𝚝 𝚓'𝚊𝚟𝚊𝚒𝚜 𝚜𝚞...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant