A ma chère Lucie

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A ma chère Laurie,

Laurie, il m'arrive d'observer, de temps à autre, le monde qui m'entoure. Ce monde peut être magique, agréable, comme il peut être mauvais et cruel. Mais ce que j'ai vu récemment était bien plus que cela. Ces personnes qui te parlaient, ces garçons qui te rejetaient... C'était bien pire. Ce n'était pas cruel, c'était... Affreux, injuste, inhumain. Parfois, les gens laissent passer leur colère, leur tristesse, leur dégoût, avant leurs réelles émotions. Mais ce que j'ai vu était bien plus que ça, c'était une revanche, un besoin de prouver une supériorité, ou... Un besoin de faire en sorte que tu te sentes faible. Les personnes qui infligent ne se mettent pas à la place de celles qui subissent, rarement sont les gens bons qui font subir. Ces garçons, qui te rejettent pour ton sexe, parce que tu n'es pas comme eux, parce que tu as des formes, une autre vie, une vie différente de la leur, une vie que eux ne peuvent pas vivre... Parce que tu as un prénom féminin et non masculin, ils te rejettent. Mais, Laurie, rends toi compte, qu'ils n'ont aucun droit aucune raison valable de te faire subir ça ....

Qu'est ce que j'ai vu ? Une femme blessée, une femme qui s'est avancée vers un groupe d'hommes, qui a essayé de rire avec eux... L'étonnement dans leurs yeux était palpable, je le sentais, cet étonnement, cette.... Moquerie. De la place où je me trouvais, c'était tellement fort, tellement évident... Je me suis dit que tu allais partir, partir loin de ce groupe qui te jugeait du regard, qui n'a même pas cherché à comprendre s'ils pouvaient s'entendre avec toi, avec ton caractère, ton tempérament, tes réactions... Tout ce qu'ils ont vu, c'est qu'une femme bonne à élever les enfants, bonne à faire 'amour parce qu'elle ne vit uniquement que pour donner la vie. Je l'espérais, au plus profond de moi, j'espérais que tu partes loin de ce monde, loin de cet atmosphère pesante qui constituait la scène... Ils se sont approchés de toi, à la limite du menaçant, à la limite de l'irrespect. Ils se sont approchés, eux, ces hommes imposants, ces hommes , ces hommes sans pitié, ils se sont approchés de toi, ils te touchaient presque. J'en ai vu un murmurer à l'oreille d'un autre, j'ai vu l'autre sourire malicieusement, presque sadiquement. Celui qui approchait de ton oreille t'a dit quelque chose, quelque chose de blessant, de vexant, quelque chose de terrible. J'étais trop loin pour l'entendre, pour entendre cette chose affreuse, qu'au plus profond de moi je ne voulais pas entendre. J'aurai eu peur de l'entendre.

A ce moment précis, tu as serré ton sac à main fort contre toi, tu avais peur, tu étais même terrorisée. Ils ont souris, tous, sans exception, devant ta peur. Parce que tu étais une femme tu étais faible, tu n'avais aucune chance.  Celui qui t'avait parlé referma son bras autour de toi, fort. très fort. Lorsqu'il t'a lâché pour te prendre par les épaules, tu étais violette. Ma colère est montée, mais j'avais trop peur pour intervenir, trop peur de ce qui allait suivre, trop peur de ce qu'ils pouvaient te faire , à toi, comme à moi. Alors je ne suis pas intervenue. J'ai laissé faire ça, tranquillement, j'ai laissé monter ta peur, et la mienne. J'ai pensé à mes enfants, aux tiens, à ceux qui m'attendaient chez moi, et à ceux qui t'attendaient chez toi.

Après ça, tu t'es dégagée, tu as repris tes esprits, tes yeux se sont mis à haïr la Terre, lentement. A haïr tout ce qui t'arrivait, tout. Tes jambes ont arrêté de trembler d'un coup. Comme si croiser mon regard t'avais donné la force, la force de te battre, de te battre pour la femme que tu es, pour la femme que tu rêvais de devenir depuis toujours. Tu m'as regardé, moi, la seule personne qui voyait ce qu'il se passait. Quand tu as croisé mon regard, j'ai vu ta tristesse se transformer en colère, tu as vu que je ressentais la même chose que toi, cette chose qui faisait qu'on était unies, qu'on se soutenait , que je te soutenais au plus profond de mon âme... Tu as aussi vu dans mon regard ce sentiment de déjà vécu, cette chose que moi aussi j'ai subi auparavant... Mais toi, tu savais te défendre, tu n'étais pas faible, tu étais forte, intelligente.

Tu as fait valser cet homme, tu l'as fait tituber avant de courir, vite. Mais ils t'ont rattrapé, ils t'ont frappé. Après cette avalanche de coups, tu t'es levée du sol, tu les as regardés, eux, ces hommes qui t'ont fait du mal, ces hommes qui étaient devenus plus vulnérables qu'un nourisson, tu te devais de leur rendre ce qu'ils t'avaient donné, alors tu l'as fait. Cette main qui était partie sur ce visage était la tienne, ta vengeance, ton droit. Puis tu es partie, droite, fière, en marchant. Ils n'en revenaient pas. C'était impossible, une femme ne pouvait pas agresser celui qui mène ses hommes, ce n'était même pas envisageable dans une vie.  Mais toi, tu l'as fait. Mais tu n'avais plus peur, plus peur, plus peur de rien. Tu m'as observé, tu m'as remercié d'un signe de tête.

Derrière ce oeil enflé, cette ouverture qui entravait ta joue, cette lèvre qui n'existait presque plus et ces bleus qui coloraient ce corps, tu étais fière. Fière d'avoir eu cet espoir, cette motivation, ce courage immense dont tu as fait preuve pendant cette chose horrible, tout ça m'a donné encore un espoir, un espoir de changement, de renouveau.... Grâce à toi, des femmes vont garder cette motivation qui les animent dans leur quotidien.

Laurie, à mes yeux, tu es une image à suivre. Je serai là, si tu veux parler, en parler. Laurie, à présent, je t'admire.

                                                                                                         Sylnodel~

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Voilà :)  Je n'ai pas trop l'habitude d'écrire ce genre de nouvelle, mais j'avais besoin d'écrire pour que les gens comprennent que c'est bien plus grave que de simplement le lire en scoop sur internet à la une des journaux.. Il faut que les gens bien comprennent à quel point ce n'est normal....

Sylnodel est un prénom elfique dont je me suis inspirée d'un livre fantastique, alors je l'ai utilisé :)

Danger dans une rueWhere stories live. Discover now