le van gogh heureux

Je n'ai plus assez de peinture pour ce monde.

Des murs gris remplis de papiers aux bords cornés. Des feuilles recouvertes de tableaux imprimés, certes, Vincent trouvait que c'était plus fade que les vraies œuvres, mais il se contentait d'un rien. Puis, ce 'rien' égayait son quotidien.

Vincent était heureux. Il était heureux de porter le prénom d'un artiste qu'il admirait tant. Alors, de la fenêtre de sa cellule, il observait et essayait tant bien que mal de reproduire ce qu'il voyait. Il essayait de trouver une harmonie dans ses traits, de réussir à coordonner ses doigts, ses pensées débordantes d'enthousiasme et la peinture bas de gamme qu'on lui avait accordée.

Vincent pensait que quand on peignait un monde laid d'apparence, il devenait miraculeusement beau, mais d'un coup il restait le pinceau en l'air, légèrement attristé en se rendant compte qu'il n'aurait jamais assez de peinture pour repeindre le monde entier.