Marquand contient difficilement son inquiétude face à cette situation. Il grimpe les six étages à grandes enjambées, lui qui d'ordinaire rechigne à monter des escaliers. C'est donc le souffle court et le coeur battant qu'il se voit ouvrir la porte par Max.
La vision que lui offre son entrée n'a pas mission à le réconforter, bien au contraire puisqu'il assiste malgré lui aux caresses que subit la juge, sur la terrasse. Il faut avouer qu'elle n'as que trop bien joué le jeu en l'allumant ouvertement.
Il lutte pour ne pas intervenir immédiatement, coller son poing dans la mâchoire du conseiller immobilier pour qu'il relâche son étreinte forcée, qu'il libère la juge de cette délicate position et surtout qu'il n'aille pas plus loin dans ses actes car le commandant ne le supportera pas.
Voir ou savoir qu'un autre la touche, l'embrasse, la caresse, qui plus est contre son gré alors qu'il aimerait tant être celui-là et que ce serait consenti, est une véritable épreuve.Il serre les dents de colère, pressé d'en finir, ce qui ne tarde pas à venir. Marquand arrête le suspect violemment, comme pour lui faire payer ce qu'il a fait à sa juge qui gifle son agresseur avant que Max ne raccompagne le prévenu, laissant volontairement ses collègues derrière lui pour leur offrir l'opportunité de se retrouver.
- La gifle, c'était pour ... demande Marquand.
- C'était pour celles qui ne témoigneront jamais, celles qui n'ont jamais eu le choix, qui devront vivre avec ce secret toute leur vie, répond-elle, peinée.
Le commandant reste perplexe.
- C'est moi où j'ai l'impression qu'on ne parle pas que de cette affaire, devine t'il. Secret, choix ... ne serait-ce pas un transfert, Mme le juge.
Alors qu'elle lui tournait le dos, elle pivote pour lui faire face, les yeux embués.
- Vous n'êtes pas le seul à vivre la suite parfaite d'une période parfaite, Marquand, ironise t'elle.
Il hoche la tête, fronce les yeux pour l'encourager à poursuivre.
- Racontez-moi, Mme le juge.
- Hé bien, pour commencer, les deux hommes que j'aime ont failli perdre la vie dans une fussillade.
Il tente de dissimuler son étonnement face à cet avoeu.
- Je me suis excusé pour ça, Alice, dit-il en faisant référence au moment de la bousculade sur le balcon de la scène de crime. Ce qui n'est pas votre cas concernant l'absence de visite, la pique t'il.
Elle laisse échapper un ricanement tout en roulant des yeux.
- Vous pensez vraiment que j'aurai pu vous laisser seul en pareille circonstance, sachant que je venais voir Mathieu à quelques chambres de la vôtre, se fâche t'elle.
Un air surpris se dessine sur son visage.
- Je suis bel et bien venue à votre chevet, Marquand, chaque jour, il n'en était pas possible autrement, mais pendant que vous dormiez, avoue-t-elle.
Il sourit, ravi.
- Alors, ce n'était pas un rêve, comprend t'il.Dans le vague de sa somnolence, il avait senti son parfum, venant chasser l'odeur âcre du service de réanimation, il avait goûté à la douceur de ses mains, posées sur son bras, entendu sa voix réconfortante, mêlée aux sons des machines, puis deviné la tendresse de ses baisers posées sur son front ou sa joue.
Il esquisse un léger sourire, touché par son dévouement et désolé d'en avoir douté.
- Quoi d'autres, poursuit-il en tentant de dissimuler son sourire.
- Mathieu a quitté l'hôpital. Il est parti sans rien laisser derrière lui, peine t'elle à exprimer, retenant ses sanglots.
Il s'approche pour saisir son visage entre ses mains. Il ne supporte pas la voir pleurer.
- Mais, pourquoi a-t-il fait ça, demande t'il, surpris.
- Je ne sais pas ... par amour peut-être, répond-elle.
Marquand relâche son étreinte. Elle a le don pour le piquer là où ça le touche, de reprendre ses paroles pour les utiliser contre lui. Il secoue la tête, toujours aussi perplexe.
- Il nous a vu nous embrasser, le soir de sa sortie de prison, en bas de mon immeuble, lâche t'elle comme une bombe.
Un rictus gêné apparaît sur son visage, il tourne les talons, agité.
- Ce soir-là, il m'a demandé de ne plus travailler avec vous, de faire un choix, chose que j'ai refusé, poursuit-elle.
Cette fois-ci, c'est elle qui avance vers lui.
- Vous avez une place trop importante dans ma vie, Marquand, confesse t'elle. Je n'ai pas supporté que vous preniez de tel risque pour me prouver quoique ce soit. C'est pour cette raison que je vous en ai voulu, explique-t-elle.
- J'ai fait ça pour tenter de rattraper ma connerie, d'avoir jugé Mathieu trop vite et de vous avoir caché la vérité. Mais tout ça, c'était pour vous protéger, Alice, reconnaît-il.
- Vous n'aviez pas à vous mettre en danger pour ça, Fred, le réprimande t'elle.
Ils se sourient, conscients d'être dans une impasse, là où chacun d'eux a des arguments plausibles et semblables à ceux de l'autre. Ils ont les mêmes sentiments, ce besoin instinctif de protection, envers et contre tout, cette infinie dévotion, cette indescriptible complicité, ce lien indéfectible qui les unient, que ni le temps ni les épreuves ne parviennent à altérer, bien au contraire.Alice, elle, n'arrive pas à s'engager avec le père de son fils. Malgré les efforts de l'homme, malgré ce qu'ils éprouvent l'un pour l'autre, malgré avoir un enfant, fruit de leur amour, elle ne peut se résoudre à renoncer à son partenaire, à taire ses sentiments naissants et grandissants au fil du temps et des événements.
Quant à lui, aucune de ses conquêtes ne trouvent grâce à ses yeux. Aucune n'arrive à la hauteur de celle qu'il a dans le coeur. Il ne peut s'empêcher de garder un oeil sur la vie de sa juge, veiller à sa sécurité et son bien-être, le sien et celui de son filleul, ptit bout de bonheur qui a davantage renforcé sa responsabilité et sa légitimité envers cette micro famille.
Ils se regardent, souriants mais dans l'embarras. Elle tend sa main vers son visage, la dépose sur sa joue qu'il incline pour renforcer ce doux contact. Puis il tourne sa tête pour déposer un baiser dans sa paume avant de prendre sa main dans la sienne. Il repousse alors une mèche de cheveux tombée de sa queue de cheval. Il a rarement l'occasion de la voir apprêtée de la sorte : une belle robe à motifs rouge, les cheveux attachés, maquillés de couleur plus vives ... ma dernière fois où il l'a vu comme ça c'était pour leur dîner chez l'italien . . . Elle est magnifique, comme dans ce souvenir. Il peine à masquer sa convoitise. Elle le sent ému, déstabilisé et le devient à son tour. Elle mordille sa lèvre, il humidifie les siennes, prêts à les unir.
- On n'a pas souvent l'occasion de se retrouver seuls, murmure t'il.
- Autant en profiter, suggére t'elle.
- Mais vous avez des problèmes à gérer, se désole t'il.Elle comprend qu'il ne saisira pas cette opportunité, par respect ou par fierté, ce qu'elle comprend mais qui l'agace aussi.
Elle se met sur la pointe des pieds et dépose un tendre et long baiser à la commissure de sa bouche. Il ferme les yeux pour apprécier ce geste et se retenir de répondre à cet appel de la chaire. Il prend une profonde inspiration et se détache de cette trop forte tentation en lui souriant.
- On y va, Mme le juge ?
- On y va, commandant . . .
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Tout confort ( saison 11 épisode 1 )
FanfictionMme le juge sert d'appât dans le cadre d'une suspicion de faveurs sexuelles en échange d'un logement. Le rendez-vous est fixé dans un café, puis le piège se referme lorsque le suspect et elle poursuivent leur discussion dans l'appartement. Ayant sui...