Partie 1 sans titre

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Je chute inlassablement, c'est infini. Mes cheveux bouclés sont emportés dans le vent. Mon corps est rougi par la vitesse et par les tissus qui le fouettent.

J'aimerai pouvoir sentir le sol sous mon dos. Mais je ne veux même pas y penser, ce serait celui des enfers.

Mon dos me brûle. Ma chute provoque le vent qui sèche mes plaies dorsales. Mes plaies, encore béantes, deux grandes fentes à la place de mes deux grandes ailes dont le blanc des plumes était si immaculé qu'il pouvait détruire la rétine d'un humain.

Voler! Ce que j'aimerai pouvoir encore voler !

Mais on m'a pris mes ailes et... on m'a pris ma grâce!

La douleur physique est supportable comparée au creux que je ressens. Je sens mon âme errer sans but, mon corps est vide, je ne ressens plus que le néant. J'ai l'impression de l'avoir toujours connu ce vide. Un vide immense remplacé par un grâce surdimensionnée que j'avais presque peine a porter.

Comme maintenant je peine à respirer, pourquoi dois-je encore en faire l'effort? Je n'ai plus de raison de vivre.

J'ai été créé pour protéger et j'ai faillit à ce devoir.

Un bourdonnement incessant assourdi mes oreilles, les chants célestes n'atteignent plus mes tympan. Chutant de plus en plus bas, ce sont des chants caverneux et grégoriens des abbayes que j'entends. Les notes sont brouillées par de multiples chants aux centaines de langues inconnues. Mais tout cela dans un même esprit : prier les dieux et invoquer les anges, et dans une dissonance enivrante.

Bientôt je n'entendrais plus que les pleurs lointains dans le silence transitionnel des enfers.

Puis je ne connaîtrais que les cris et la douleur, la couleur du feu et du sang. Et je ferais parti de cette masse hurlante et informe de souffrance.

Morquëndy 

Ange déchuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant