Une forêt, une bête, une vie brisée

17 4 2
                                    


Ferme tes volets et tes rideaux.

***

Éteins ta lumière.

***

Bien maintenant que tu es dans le noir absolus, allonge-toi ou assaille-toi confortablement dans ton lit, canapé, chaise ou encore dans ton fauteuil...

***


Je vais pouvoir te conter une histoire. Celle-ci va débuter dans une petite clairière, elle est éclairée par les rayons du soleil qui à cette heure-ci se réveillent péniblement. L'herbe est fraîche, encore humide de la rosée de ce matin, les coquelicots, pâquerettes et boucles d'or s'ouvrent doucement. Les papillons et les abeilles se posent sur les brins d'herbes bien verts et sur les fleurs, l'un pour se reposer de son voyage, l'autre pour apporter du pollen à la ruche. Les oiseaux se réveillent eux aussi, commençant leurs chants, tout en s'envolant pour certains. C'est un petit coin de paradis, l'air y est pur et les senteurs ne peuvent que te faire te sentir bien. Tu y respires la plénitude, la sérénité et le bonheur ...

Tu profites de ce paysage, de la nature, allongé à même le sol. L'air frais de la légère brise matinale emplit tes narines et tes poumons. Tu te sens prêt à vivre des aventures hallucinantes tant cette clairière est un paradis sur terre, tu te sens renaître. Les bras derrière la tête, les doigts enlacés entre eux, tu fermes tes yeux et tu te sens bien. Malgré l'heure tu n'as pas froid, tu remarques proche de toi un faon avec sa mère, ils traversent la clairière, tu fais le moins de bruit possible, ce qui inclut le fait de ne plus respirer pendant le court instant où ils passent devant toi. Tu es presque en train de les caresser. Ils s'enfuient.

Tu te retournes, effrayé. Tu te mets à courir, tu ne sais même pas vers où. La seule chose que tu sais c'est qu'il faut que tu cours !! "Cours !". C'est ce que te répète ta conscience. Alors tu l'écoute et tu cours. D'un coup tu te stop net. Ce que tu vois devant toi te fait peur, tu ne distingues pas vraiment ce que c'est, ne voyant que son ombre. Tu regardes autour de toi, pour savoir où est ce que ton cerveau t'a amené. Ronces et vieux arbres habitent les lieux. Cette partie de la forêt est pourrie. Pourquoi ? Tu ne sais pas. La chose étrange devant toi est en mouvement. Elle pousse des cris que tu n'as jamais entendus. C'est vraiment horrible. C'est une bête ressemblant à un ours, mais ce n'est pas le son de ce dernier qui sort de la bouche de cet animal. Tu es paralysé. Tu n'arrives plus à rien. "Dépêche-toi ! Cours !! Fais un truc !". C'est encore cette satanée conscience qui t'a parlée, ne peut-elle pas te laisser tranquille ?!? Ne peut-elle pas voir que ton corps ne réagit plus à tes demandes ?

Après quelques instants perdus à essayer de faire répondre ton corps, tu te déplaces enfin. Tu te diriges vers cette étrangeté. "Mais tu es IDIOT MA PAROLE !". Mais tais-toi foutue conscience ! Laisse-moi faire ce que je veux !! Tu flippes déjà assez comme ça alors arrête d'en rajouter ! Grâce à elle tu vas bientôt gagner le gros lot. Celui de te faire pipi dessus tellement tu es angoissé ...

Tu as réussis à te glisser derrière l'un des vieux arbres défraîchis. Tu regardes ce qu'il y a devant toi.

Et puis tu réalises ...

Tu sais pourquoi est-ce que ce coin-là est pourrit.

Tu savais que ce n'était depuis le début pas du tout un ours.

En effet, tu sais tout ça, mais ta crise de panique t'a emportée si loin que tu as du mal à revenir parmi nous.

Ta crise t'empêche, comme quand venais de découvrir la scène, tout mouvement possible.

Une vie peu parfaite !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant