Fragments

fragment 1

bruits étouffés

larmes ravalées

Les voix , elles , sont assourdissantes

                                                et puis cette douleur

        pesante

                          les bruits sont là mais comme en retrait

comme si les voix les éclipsaient

       comme si elles étaient plus fortes

plus fortes que la vie

plus fortes qu'elle

Elle, elle en peut plus

d'ailleurs elle va bientôt craquer

Tout laisser couler

Les larmes, le sang

le sang les larmes

                                                                                   elle ne fait plus la difference

                                    l'un va avec l'autre

l'autre va avec l'un

elle va craquer,

elle craque

Ses épaules s'agittent dans un mouvement infernal

               mouvement incontrolable

 et c'est trop tard, c'est trop tard.

                            c'est trop tard elle n'y arrive plus

elle n'arrive plus à contenir tout ça

elle n'arrive plus à sourire

elle n'a plus la force

plus la force de faire semblant , même pour un instant

alors elle remonte la rue, comme un condamné monte sur la potence

    elle sent le regard des gens mais elle s'en fout

elle s'en fout parce que ça n'a plus d'importance

ça ne sert plus à rien de prétendre y croire

à la vie? au bonheur?
                                                           elle ne sait pas

peut-être qu'elle ne croit plus en rien

ou rien qui en vaille la peine

               parce que le sang dans ses veines

n'est plus que désillusions

elle ne croit plus en rien

elle croit juste en la fin

la fin de quoi? mais de la souffrance

de l'éternel endurence

elle endure, elle subit la vie

et encore une fois elle en a mare

elle arrive à un carrefour

                                                                                      elle traverse la voiture

                           lui passe dessus

mais elle est toujours là 

                   encore une illusion

une désillusion

déçue comme toujours

elle n'est même pas sur la chaussée

elle est juste là à pleurer

                                elle est là et elle pleure

elle pleure son malheur

elle pleure sa douleur

elle pleure plus qu'elle n'a jamais pleuré

même si autour les gens la dévisage

mais elle elle ne voit plus que les visages

de ses démons

des voix infatigables

tout comme ses sanglots

elle arrive chez elle, il n'y a personne

                    il n'y a que elle et la colère

elle les hais ces voix

elle voudrait les faire partir

alors sans un soupir elle le fait couler

couler quoi? le sang

pour éviter de se noyer

pour s'accrocher à la barque, pour se sauver des voix

les voix elles prennent peur

elles s'acharnent quand même

elles lui disent qu'elles l'aime

mais elle continue

sans relache

elle continue

elle continue jusqu'à ce que les voix deviennent supportables , que les larmes se calment

le sang coule en silence,

                                                   à présent

alors tout se tait.

                                les bruits

                                les larmes

                                la lame

                                les voix

                                                                                                 et sur son visage dévasté

                                                                un sourire apparait

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