1- Pandora

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    - Pandora ?

Nous marchons le long de l'avenue, les pieds traînant, Clémentine et moi. Je fais toujours tout pour rentrer le plus tard possible à la maison. Clémentine, c'est ma copine. Et en plus, ça rime.

Clémentine, c'est la fille que tout le monde regarde, que tout le monde admire, au lycée. Elle a des yeux bleus comme l'océan, des cheveux blonds comme le soleil et une peau douce comme de la soie. Enfin ça, c'est ce que les autres disent. Ils disent tous que Clémentine est adorable, aimable, amicale... La fille parfaite, d'après ma mère. Pas comme moi. Mais moi, je connais la Clémentine capricieuse, colérique et violente. La Clémentine qui passe des heures à faire des soins, à se maquiller, à se coiffer et à s'habiller pour paraître encore plus belle. Parce qu'elle n'a pas besoin de faire tout ça pour être jolie. Elle est magnifique au naturelle. Mais Clémentine veut toujours être la meilleure en cour, en sport... Elle veut que tout les garçons soient amoureux d'elle.

Je la met bien en valeur, Clémentine. Parce que j'ai des yeux marrons et bridés, des cheveux noirs et raides, une peau couleur on-ne-sait-pas-trop. Si elle est le rose, je suis le noir. Si elle est la gentillesse, je suis la hargne. Si elle est la douceur, je suis le malheur. Maman rêve d'avoir Clémentine pour fille, plutôt qu'une ingrate comme moi. Une fille odieuse, indélicate, insipide.

- Pandora ? Tu passes chez moi ?

- Oui, bien sûr.

Je fais toujours tout pour rentrer le plus tard possible à la maison. Je vais chez Clémentine, ou je traine au parc. Je prétexte avoir fait mes devoirs au collège ou encore que j'avais une répétions de théâtre. Ma mère n'est pas dupe. Elle dit que quitte à passer autant de temps avec Clémentine, je devrais prendre exemple sur elle. Elle qui n'arrive pas à 19 heure, qui ne traine pas en ville, qui ne parle pas méchamment à sa mère.

La dernière est fausse.

- Tu as vu dans quel état est ta chambre !

- Oui Maman, j'y vis je te rappelle.

Clémentine lance nonchalemment son sac sur le sol. Elle ignore sa mère pour se servir un bol de céréales.

- Propose en à ta copine ! Enfin, vu le nombre de fois où tu l'invites sans me prévenir, elle peut se servir toute seule, cette maison est la sienne apparemment !

Lydia se tourne vers moi, un air navré.

- Je t'adore Pandora, tu viens quand tu veux, je ne sais pas comment tu fais pour supporter ma fille. Et puis...

- Oui madame. Je ne répéterai pas le comportement de votre fille a d'autre personne.

Elle sourit.

- Merci, tu es un ange.

Si seulement ma mère était d'accord avec elle.

  Lydia répète à toute les autres mamans à quel point sa fille est un modèle pour ses petits frères et sœurs. À quel point elle est génial, qu'elle fait bien les tâches ménagères, travail bien à l'école et va bien à l'église.

Je crois que Clémentine n'a jamais mit les pieds dans un lieu religieux.

Nous montons dans sa chambre, qui effectivement, n'a rien de rangé.

- Qu'es ce qu'elle est chiante ma reum ! Faut qu'elle se sorte le balet du cul !

Une autre particularité de cette charmante personne : le language. Évidemment, devant les autres, elle ne parle pas comme ça.

Elle s'allonge sur son lit au milieu des vêtements, cahiers, feuilles, vernies et autres objets. Elle retire ses chaussettes, son collant, sa jupe juste-au-dessus-du-genoux-car-je-suis-une-fille-correcte et son t-shirt. En sous-vêtements, elle fouille dans son placard en quête d'un pijama.

Clémentine a le corps d'une Barbie : elle est fine mais possède des formes aux endroits stratégiques. C'est ce qu'avait sortit un terminal, son ex maintenant.

   Entre nous, aucuns tabouts. On parle de tout, on ne se cache rien. On est jamais gênée : la preuve, elle se balade nue. Je suis la seule, avec sa famille, a connaitre son vrai caractère. Au début, sa mère pensait qu'elle avait une maladie mentale, mais non, Clémentine est en parfaite santé.

Elle s'empara d'un pot de démaquillant et entreprit d'enlever la couche sur son visage. Pourquoi donc masquer sa peau de bébé ?

- Tu sais Pandora, je pense que si tu te maquillais un peu, tu serais plus... Enfin moins....

- Va y, finit tes phrases.

Ça sentait les reproches. Elle était la plus douée pour me faire me sentir mal. Après ma mère, en tout cas.

-  Plus bonne, belle, jolie, mignonne, regardable ? Moins terne, triste, fade, sans intérêt, nul ? J'enumère.

- Non, c'est pas ce que je voulais dire, ne te vexe pas...

C'était trop tard. Je suis au courant que les gens ne regardait pas la dépressive de servir, celle pleine d'acné, aux longs cheveux raides et noirs, l'Asiatique du fond de la classe, sans forme et maigre comme un petit doigt.

- Disons que si tu prenais soin de toi, tu pourrais conquérir Valentin...

Je lui lance un coussin. Elle crit. M'étouffe sous sa couette. Je la repousse. La bloque avec mon bras. Essoufflée.

- On. Ne. Parle. Pas. De. Valentin.

Elle lève les deux mains en signe de capitulation.

- Pardon ! Mais j'ai dis la vérité... Dans ton état actuel, il ne te remarquera jamais.

Mon cœur se fend un peu plus. Ne rien se cacher, tout dire, des fois, ça fait plus de mal que de bien. Ou alors, c'est juste peu être son manque de tact, le problème.

- Merci de me dire que je suis moche.

Je me relève pour m'assoir plus loin. Quelle garce. Elle est odieuse.

- Je m'en vais.

Je ne sais pas si je préfère la supporter elle ou ma mère. Mais je n'en peux plus de me faire rabaisser.

- Tu rentres chez toi ? Se moque t'elle

Je ne lui répondrais pas. Je vais juste traîner dans les ruelles. Méditer sur ma vie. Enfin, "ma" vie, je n'en n'ai plus l'impression. Je suis s'en cesse contrôlé par les autres.

- Tu vas pas le dire que je suis pire qu'elle, quand même ?

Sa voie était chevrotante.

Encore un pincement. Mon cœur ne va plus tenir si tout le monde le détruit peu à peu.

- À demain.

Et je pars en la laissant en plan.

Dans Son Ombre (Pandora)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant