Prologue

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Sophia... Sophia..

Les voix se font de plus en plus présentes et je lève la tête pour m'apercevoir que ces voix sont dans ma tête. Mon regard se porte de nouveau sur la personne en face de moi. Elle ne sait pas que je la regarde car elle a les yeux fermés. Elle se fiche de savoir si je suis présente pour elle, je ne suis qu'un fardeau comme elle aime me le rappeler chaque jour de mon existence. Je ne me rappelle pas d'un seul jour où j'ai été vraiment heureuse. Le bonheur est une denrée rare par ici. Je rêve de ce bonheur mais il me glisse entre les doigts à chaque fois qu'elle ouvre la bouche pour m'insulter. Mes yeux dévient vers la bouteille désormais vide et un soupir s'échappe d'entre mes lèvres. Je suis fatiguée de cette vie. Je voudrais être plus forte pour ne plus à devoir pleurer chaque fois que je la retrouve dans cet état chaque soir que je rentre de mon boulot d'étudiant.

Sophia.. Je te promets Sophia.. la prochaine fois sera la bonne.

Toujours les mêmes mots que j'entends chaque matin et j'ai toujours le même espoir que tout changera. Que je pourrai souffler et sourire en passant la porte le soir après les cours. Je me fais avoir à chaque fois. L'espoir est ce qui fait que je ne me suis pas barrée depuis longtemps. L'amour ? Je ne pense pas aimer ma mère. Je la déteste pour la vie qu'elle m'a donné. J'aurai voulu qu'elle avorte plutôt que de me laisser dans un merdier pareille. Je sais que l'université va pouvoir m'ouvrir la porte de secours, la porte de sortie. La porte du bonheur.
Elle remue de nouveau et je décide de faire un peu de ménage. Les bouteilles sont toutes vides, à croire qu'elle ait peur que le pays soit en pénurie d'alcool. L'odeur est atroce et me donne envie de vomir mais je ferme les yeux. Je prends quelques secondes pour me reprendre et continue de tout ranger. Je jette les sacs pleins dans la benne et la couvre ensuite.

Je prends un peu de recul et l'observe. Sa beauté cache tout le reste, on dirait un ange qui s'est endormi. Dur à croire qu'elle soit devenu alcoolique après la mort de mon père. Elle qui me répéter sans cesse que je devais être forte, que le monde peut être cruelle, nous prendre les êtres chers mais c'est elle qui a flancher la première. Une bouteille vide la semaine après l'enterrement et le nombre n'a cesser d'augmenter au fil des jours et des semaines. Nous avons tout perdu et moi plus que tout, j'ai perdu mes deux parents.

L'eau chaude parvient à détendre chacun de mes muscles tendus et je soupire longuement. Je regarde la lumière de l'extérieur qui jaillit dans la pièce. Je prends toujours des bains dans le noir, cela me permet de réfléchir et de faire le point sur ma vie. De verser quelques larmes parfois, au moins personne ne les verra. Personne ne me jugera. Personne ne saura que je ne suis pas la fille souriante que je suis au travail et à la faculté. Personne ne saura que je ne suis qu'une pauvre fille, une ratée comme me répète ma mère qui ne cherche qu'à trouver la porte du bonheur.

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⏰ Dernière mise à jour : May 15, 2019 ⏰

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