Mélusine 2 - Maléfice Divin

Chapitre 18.

Je reste muette de stupeur - chose rare venant de ma part. La prêtresse a disparut, sans n'avoir laisser aucune indication. Peu à peu la surprise se change en une colère brûlante, dévorante. Le besoins irrépressible de tuer se fait ressentir. Si je ne détruis pas quelque chose, là, maintenant, je risque de m'en prendre à l'un de mes compagnons.

La dernière fois que j'avais piqué une telle crise de colère, remonte à plus d'une décennie. Et les choses s'étaient finies par un bain de sang.

La voix de Seth me parvient à travers le brouillard de ma rage.

« Mel'... Respire.

J'applique son conseil et ferme les yeux quelques instants. Ne pas étriper, ne pas étriper... Peu à peu la rage s'atténue et le calme revient quelque peu mais je ne peux m'empêcher de cracher, la voix éraillée :

- La prochaine fois que tu me dis de respirer, je ferai en sorte que tu ne le puisse plus.

- Ah, voilà qui te ressemble plus.

- Je n'ai jamais changé, tête de buse.

Le rictus narquois qu'il affiche me montre qu'il n'est pas dupe. On sait aussi bien l'un que l'autre la vérité.

Je me suis adoucie. C'est une vérité que je refuse à voir. Chaque fois que je suis en présence de quelqu'un que j'apprécie, je m'ouvre un peu plus aux sentiments. Par exemple, ces cinq dernières années, éloignée et coupée de tous, je me suis montrée aussi impitoyable que je le suis de nature. Mais il m'a suffit de retrouver Seth pour m'attendrir.

Finalement quitter l'humain me serait peut-être plus profitable à moi qu'à lui...

Même si tout le monde ici, y compris Ligie, sait que mon plus gros problème est personnifié sous la forme d'un dieu aux cheveux d'argent et au caractère des plus épuisants. Et Poséidon s'est montré clair sur un point, il fera tout pour me garder. Je ne comprends toujours pas son obsession - pour ne pas nommer ça autrement - mais elle commence à me gagner.

Je me tourne vers le dieu et interroge, sèchement :

- Que fait-on maintenant ?

- Comment ça ?

- La prêtresse a refusé de répondre à nos questions Poséidon. As-tu une autre solution en réserve ?

Il se crispe mais finit par secouer négativement de la tête. Je soupire. Si j'étais défaitiste, je dirais que nous sommes perdus. Mai là, je suis plus tentée de dire que nous sommes dans la merde.

Face à notre mutisme, Poséidon soupire et finit par lâcher :

- Très bien, sortons d'ici dans ce cas.

- Après toi... je ricane, en laissant le dieu me dépasser.

Il me tarde de retourner à l'air libre. Ces tunnels commencent à effriter le peu de self contrôle que je possède encore. Lorsque nous serons sortis, il faudra que l'on trouve une solution, que je me nourrisse et que je rejoigne la mer, ne serait-ce que pour profiter de son étreinte glacée. Et peut être pas dans le même ordre. C'est à voir qui de la faim, des dieux ou de l'appel de l'océan surviendra le premier.

Alors que nous nous engouffrons de nouveaux dans les étroites cavités afin de - enfin - sortir, je me tourne vers Ligie pour l'interroger et en apprendre plus sur ce que la prêtresse a révélé. Ma curiosité est un de mes plus beaux défauts - si tant est que j'en ai et qu'on puisse considérer la curiosité comme un défaut.

- Pourquoi as-tu réagis de la sorte quand Elämä a dit cette phrase ?

- Laquelle ?

- « Même la haine ne vaut rien face au saphir de tes yeux. »