Ton présent, notre moment à nous...

Partie 2

7:30

Elle est déjà au travail depuis plusieurs heures. Le soleil commence à se lever à travers la vitre de la salle de pause. Pour certains c'est l'heure du premier repas de la journée, mais pour elle, après avoir apporté le petit dejeuner à ses patientes, c'est l'heure du casse croûte. Pas facile de vivre en décalé, mais la récompense est là, quand, à ce moment précis, elle a un peu de répit dans ce service qui ne dort jamais, et que face à la mer, elle peut voir le soleil se lever. Le ciel violet, rose, et peu à peu d'un bleu intense rends le spectacle magique. Elle prend son téléphone, ouvre l'appareil photo et d'un clic immortalise ce moment. Pas besoin de filtre, la nature fait si bien les choses. Elle envoi le cliché dans son application préférée, d'un seul de clic, ce joli ciel sera vu par ses contacts au réveil.

La pause n'est que de courte durée, il faut déjà y retourner. Les résidents, de bon matin, ne sont pas très patients. Elle éteint l'écran du téléphone, et sait qu'elle postera la photo du challenge du jour un peu plus tard. Les heures défilent au grès des soins à apporter. Heureusement que les collègues sont là. Elle se soutiennent, c'est un métier pas facile, mais elle a le coeur sur la main. Prendre soin des autres, elle le fait si bien.

"Que fais-tu ce week end?" lui demande sa collègue en se dirigeant ensemble vers la chambre 114.

"Tu sais avec les garçons, les week-ends sont bien chargés, on va commencer par l'entraînement de foot demain matin, puis je sais pas, j'ai appris à ne plus trop faire de planning, avec mes petits mecs rien ne se passe comme prévu, et toi?"

Elle n'a pas le temps d'entendre la réponse, elle entend déjà Madame Siuol les interpeller

"Je vous entends jacasser mesdemoiselles, je vous attends depuis des heures, dépêchez vous je n'ai pas toute la matinée".

Elle sourit en pensant bien que pouvait elle avoir à faire d'autre que de rester dans sa chambre de rééducation, elle ne pouvait de toute façon pas encore se lever de son lit toute seule.

"J'arrive Madame Sioul, je suis la", elle entre dans la pièce illuminée par les rayons du soleil, et se met à discuter avec la vieille dame.

***

Les heures passent, il est déjà l'heure de se diriger vers le vestiaire et de remettre sa tenue de civille. Elle pose sa blouse blanche dans son placard, range soigneusement ses chaussures, remets son gilet, pose ses lunettes de soleil sur la tête, prends son sac et ses clés de voiture en main. Le chant des cigales cachées dans les pins l'accompagne jusqu'au parking. En bas des escaliers, avant d'arriver à sa voiture, elle s'arrête un instant, respirer les embruns de la mer qui lui arrive jusqu'aux narines. Elle lève les yeux au ciel, et sourit. Le soleil est à son zénith. Ca a du bon de travailler très tôt le matin, elle a l'apres midi pour profiter des dernières chaleurs du soleil avant que l'hiver n'arrive à grand pas.

Elle essaye d'en profiter un maximum, elle aime parfois après le travail, prendre le temps avant de rentrer à la maison d'aller faire un tour le long de la plage qui longe la route. Laisser s'envoler les échanges houleux avec les résident du matin ou les mauvaises nouvelles en entrant dans une chambre lorsqu'elle comprend qu'elle ne reverra jamais ce patient. Ne jamais ramener à la maison le stress ou la pression du travail.

Aujourd'hui, elle ne sait pas pourquoi, mais l'envie de rentrer à la maison est plus forte que tout. Elle tourne la clé dans le contact, mets la radio, et enclenche la première. La route qui longe la plage, est plus belle, virages après virages, elle peut prendre le temps d'observer les vagues, la circulation est fluide, les vacanciers sont repartis depuis quelques semaines. La beauté du paysage n'est que pour elle.

Presque arrivée à l'entrée du quartier, elle se rend compte qu'elle avait promis à son mari de prendre le pain pour le repas de ce soir. Elle fait demi tour au petit rond point et prends la direction du village où se trouve la boulangerie familiale.