quand il pleut sous ses paupières

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En se regardant dans le miroir, Elena ne voit qu'une adolescente banale qui attend que les jours défilent pour enfin être libre de toutes ses chaînes.

Ses boucles rousses indisciplinées retombent sur ses épaules carrées. Ses lèvres charnues contrastent avec la douceur de ses traits. Ses yeux d'un bleu tumultueux renforcent son côté « visage de princesse ».

Mais cependant, Elena n'arrive qu'à apercevoir, à travers l'image que lui reflète son miroir, une fille qui se pose beaucoup trop de questions. Une fille qui attend indéfiniment quelque chose sans savoir ce que c'est. Une fille qui se sert de la lecture comme moyen de voyager. Une fille qui ne vit qu'à travers les personnages qu'elle crée dans son imagination débordante. Une fille qui se drogue à la musique.

Elena elle s'est créée son propre monde. Un monde où le racisme, l'indifférence et l'inouverture d'esprit n'existent pas. Un monde où elle peut imaginer ce qu'elle veut, quand elle veut. Un monde qu'elle peut créer et décréer comme bon lui semble.

      En somme, Elena c'est le genre de personne qui passe son temps à s'excuser pour son existence, pensant que celle-ci peut déranger, d'une manière ou d'une autre, les gens autour d'elle.

      Elena c' est le genre de personne qui peut passer des heures à fixer un point quelconque, immobile comme une statue.

      Elena c'est le genre de personne qui trouve ne serait-ce qu'une once de beauté dans chaque objet, chaque chose, chaque personne qu'elle voit ou croise.

        Elena c'est le genre de personne qui ne sait absolument pas chanter mais qui, pourtant, ne fait que ça. Chantonner ou chanter à tue-tête, peu importe après tout.

  Elena c'est le genre de personne qui offre des sourires aux passants dans l'optique de rendre leur journée un peu plus belle, plus gaie.

       Elena c'est le genre de personne qui parle avec ses yeux. Les gens n'ont qu'à la comprendre ! Les signaux cristallins qu'envoient ses deux petites billes bleues si fragiles sont pourtant aussi gros que l'univers lui-même.

       Elena c'est le genre de personne qui base sa vie sur des "et si..." en tout sens.

Et si...
Et si...
Et si...

     Tant de questions sans réponse. Toujours plus de questions, et toujours moins de réponse. Ces questions qui assaillent Elena comme Elena assaillent ces questions de reproches. Des reproches qui reprochent de ne pas avoir de réponse. Mais peut-être bien que ces réponses reprochent à ces questions leur difficulté.
Tout dépend du point de vue. Après tout.

     Mais Elena, elle, ne perd pas de temps à chercher par quel côté prendre le problème. Parce qu'après tout, contempler le ciel étoilé est beaucoup plus fascinant. Parce qu'après tout, écouter de la musique si fort avec son casque lui permet de voyager instantanément. Parce qu'après tout, se perdre entre les lignes de ses romans préférés c'est beaucoup plus poétique. Parce qu'après tout, son imagination à Elena lui demande déjà beaucoup trop de temps pour être domptée.

Parce qu'Elena elle a une imagination farfelue comme on dit.

       Et Elena préfère rester chez elle à s'imaginer tout un tas de choses plutôt que d'aller se morfondre dans ses études. Pour elle, les cours sont ennuyeux, les professeurs impatiens, les élèves bruyants, la cantine infâme. Et par dessus tout, elle ne peut pas prendre le temps d'écrire en cours. Et si Elena n'écrit pas, ses pensées s'épaississent, son imagination prend le dessus sur la réalité, et son âme s'empourpre dans des rêves aussi beaux qu'impossibles.