Ça y est. C'est fini. La sonnerie retentit dans tout l'établissement et les élèves se ruent vers la sortie en criant et en chahutant. Nous y sommes. Après une année de concentration intensive, de pression à répétition, l'année scolaire touche à sa fin.
Tout le monde attendait ce moment avec impatience. C'était le début de l'été et depuis quelques semaines déjà, le temps était radieux. En cet après-midi ensoleillé soufflait un vent de liberté sur les écoliers, évidemment, mais aussi sur leurs professeurs qui se souhaitaient de bonnes vacances en s'embrassant chaleureusement et qui s'annonçaient leur destination de vacances, compétition bon enfant de qui s'amuserait le plus.
L'établissement dont nous parlons est le collège-lycée privé Sainte Marie-Madeleine situé à Crécy-le-Noble. C'était une charmante ville riche, de taille moyenne, qui accueillait nombres de touristes qui se bousculaient pour entrer dans le château de la Renaissance, dans le quartier bourgeois. La place, très vivante, était le quartier général de beaucoup de bandes d'adolescents venus boire un diabolo fraise aux terrasses. C'est d'ailleurs ici que commence notre histoire puisque, parmi des hordes d'élèves de tout niveaux venus célébrer le début des vacances, se trouvait Charlotte, élève de première à l'unique collège-lycée de la commune.
Comme habituellement après les cours, Charlotte s'était rendue au salon de thé « Les petits Bonheurs » avec ses amies. L'établissement était en pleine heure de pointe et la fréquentation avait considérablement augmentée en à peine vingts minutes, temps du trajet à pieds de l'école à la place. Les serveurs, désemparés, couraient dans tout les sens, enchainant les commandes et les allers-retours de la cuisine à la salle. Les clients faisaient la queue et chaque places qui se libéraient étaient immédiatement occupées par d'autre arrivants dans les trente secondes qui suivaient. On entendait le bruit des machines sortir de la cuisine et les employés qui se pressaient pour satisfaire au mieux la clientèle. Le salon de thé, gigantesque machine à consommer, ne cessait d'engloutir l'argent de clients assoiffés de confort.
Tout ça, Charlotte le voyait de haut. Ce n'est pas une façon de parler, elle était réellement installée avec sa « bande de potes » sur la mezzanine de l'établissement qui leur était souvent réservée. En bonnes jeunes filles issues de familles aisées, elles dépensaient sans compter pour se régaler de cupcakes à la pomme d'amour et des chocolats chauds à la guimauve. Le gérants connaissaient leurs parents, personnes influentes de la région et leur accordaient des places en toute situation.
Les filles débattaient depuis ce matin sur le sujet « ACDC ou Queen » et n'arrivaient pas à se mettre d'accord. Deux clans s'étaient formés, défendant corps et âme leur groupe préféré. Charlotte, pour qui se débat était sans grand interêt, essaya de changer de sujet :
« Il faudrait qu'on se voit pendant les vacances » lança-t-elle, pas très sûre que sa phrase serait suffisante pour les désintéressées du sujet qu'elles avaient l'air de trouver si passionnant.
A sa grande surprise, ses amies se regardèrent entre elles, comme étonnées de la déclaration qu'elle venait de faire :
« Ah... J'ai compris, c'était comme un code secret pour que personne ne soit au courant ! Bien joué Charlotte ! » déclara enfin Clara, sa meilleure amie, après quelques secondes de silence. A ce moment là, toutes les filles autour de la table de mirent à soupirer de soulagement et à glousser en regardant Charlotte d'un air qui voulait dire « Tu es la meilleure ».
Après plusieurs instants, les filles repartirent dans leur discussion acharnée. Charlotte continua :
« Vous pouvez m'expliquer ce qui se passe là ? Ne me dites quand même pas que vous allez à une soirée sans moi ? »
A ce moment là, toutes ses amies parurent déconcertées et une expression d'inquiétude grandissait à une vitesse ahurissante sur leurs visages.
Encore une fois, un silence gêné. Les lycéennes se dévisageaient et essayaient silencieusement de faire comprendre à Clara qu'elle devait prendre la parole.
Charlotte avaient l'impression que ces quelques secondes de tranquillité avaient durées plusieurs minutes tant elle voulait connaître la déclaration qui paraissait si importante. Cependant, elle ne s'inquiétait pas. Bien qu'elle aime énormément ses amies, elle était consciente qu'il leur arrivaient parfois, ou plutôt tout le temps, d'exagérer un peu l'importance de leurs propos. Une fois, il y a quatre ans précisément, Blanche lui annoncé d'un ton grave et les larmes aux yeux qu'elle avait écrasé un escargot et qu'elle était rongée par le chagrin. Au moment où Charlotte se remettra ce souvenir, un sourire se dessina sur ses lèvres sucrées à force de glaçages bourrés de sucre. C'est aussi le moment que choisit Clara pour comprendre que les regards accusateurs de ses camarades signifiaient qu'il serait peut-être temps de s'exprimer sur ce malentendu. Elle se racla la gorge pour sortir Charlotte de sa pensée, quoique forte amusante. Elle commença, l'air confuse :
« J'étais chargée de te prévenir d'un petit projet qu'on avait pour les vacances mais... tu me connais, je suis un peu... tête en l'air...» Un sourire gêné s'installa aux coins de sa bouche mais elle poursuivit :
« Ce soir, nous allons nous infiltrer dans le lycée...»
« Quoi ! Mais vous êtes folles » chuchota Charlotte, pour que personne ne puisse les entendre.
Les filles parurent étonnées de sa réaction et Constance ajouta :
« Alors tu ne viens pas ? On pensais pas que tu aurait peur...
- J'ai pas peur. C'est juste que... c'est de la folie ! Le lycée doit être gardé, surveillé par je ne sais quel moyen. Protesta Charlotte
- Tu fais ce que tu veux mais si tu veux venir, c'est ce soir, 23h » annonça Gwen, sur un ton de défi.
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Madame Sevestre
HorrorCharlotte est en classe de première dans le collège-lycée privé Sainte Marie-Madeleine de Crécy-Le-Noble. Rémy son petit frère est quant à lui en quatrième dans le même établissement. Suite à un malentendu, ils vont se retrouver tout les deux enferm...