La brume matinale se levait calmement, les rayons du soleil transperçaient le ciel enfumé. Sous la brise venue du nord, une nuée d'oiseaux s'éleva et virevolta au-dessus de ma tête. Du haut de mon promontoire, je regardais les mondes inversés, les prairies, les habitations et la mosquée. Le blanc et le bleu cobalt dominaient le paysage, quelques taches d'or et de rouge le complétaient. Les autres couleurs permettaient un certain contraste et une union avec la nature. Nous étions samedi, les rues désertes et les maisons endormies me permettaient de voir ce village sous un autre aspect. Il dégageait la joie, la beauté, le silence qui émanait de celui-ci était doux et apaisé. Rien ne pouvait troubler la tranquillité de cette bourgade. Désormais, le soleil illuminait toutes les rues et les habitants commençaient à s'activer. Les marchands préparaient leurs échoppes tandis qu'une multitude d'étrangers s'y pressaient. Ils y vendaient des tissus, des bijoux, des pièces rares. Dans cette atmosphère frétillante, l'odeur des épices remplissait mes narines bien que je sois à l'écart du marché.
Soudain, à travers le brouhaha infernal des commerçants, une cloche retentit, tous les fidèles se dirigèrent lentement vers la grande bâtisse de l'autre monde grâce à un long escalier de pierre enroulé sur lui-même. Elle était grande, ses toits voutés absorbaient la lumière, un blanc immaculé lissait les bords de l'édifice et un grand portail en chêne fermait l'entrée. De loin, je regardais la foule entrer puis l'énorme porte de bois se referma, le calme reprit sa place, les oiseaux bruns avaient disparu. La chaleur devenait étouffante, je descendis les marches de mon rocher quatre à quatre et rejoignis l'ombre d'un figuier. J'aimais prendre mon temps, contempler ce lieu, écouter le vent siffler dans mes oreilles, à l'horizon de l'autre côté du village, on distinguait les mâts des bateaux qui piquaient la toile bleue et les mouettes ainsi que les chats qui attendaient patiemment le poisson frais. Dès que l'office fut terminé, la flopée de personnes rassemblées dans la basilique se séparèrent et retournèrent vers leurs activités. Je me promenai sur les toits de la ville et profitai enfin de la vie empressée des autochtones tout en gribouillant la magnifique ville où j'étais née.
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Trois
Non-FictionL'image d'un monde, d'une ville d'un pays lointain, dont seule la description nous fait déjà voyager.