d'une Lettre - I.

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Nous sommes quelque part en Février et je reçois une bouffée d'inspiration subite de la part de commentaires d'une amie sur Étoile Du Nord. (Ceci est donc dédicacé à toi, très chère, si jamais tu décides de rejoindre notre communauté de tarés sur Wattpad.)

Et j'ai enfin le temps de m'y mettre.

Thorn veut écrire une lettre d'amour à Ophélie. (Étoile Du Nord)

Le problème? Thorn ne sait pas comment écrire une lettre d'amour.

La solution? Demander un coup de pouce à Archibald, pardi.

Que se passe-t-il quand on prend DreamOn415, un cake, une certaine obsession sur Thérapie Troïka de MirrorBook, un sentiment de ne plus faire partie du monde des vivants après 22 examens, la PM, et on fourre tout dans un mixer?

À vous de voir. Bonne lecture, et un peu plus que cela même. Et desolé pour la nature quelque peu courte de ce texte, la suite arrivera bientôt, promis.

Dream

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Thorn toise Archibald avec le regard que porterait un gosse sur une soupe aux épinards. 

« Qu’est-ce que vous transportez là ? J’ai demandé que vous veniez, pas que vous apportiez tout le Clairdelune dans mon bureau. » 

« Les roses et les rideaux de soie argentée, c’est pour égayer votre tanière. Franchement, je comprends pourquoi vous semblez mort, à force de travailler dans une crypte mortuaire. Votre bureau est aussi ennuyeux que vos rapports financiers, il fallait bien que j’apporte une touche de bon goût ! »

« Fort bien. J’informerai mon secrétaire de m’apporter une poubelle supplémentaire. Et le reste ? »  D’une gestuelle souple, Archibald dépose son bazar sur le bureau de l’intendant, ignorant son visage courroucé et le mécontentement verbalement exprimé. « Mais que monseigneur se mette à l’aise, bien entendu ! Monseigneur aimerait-il une tasse de thé ? Des biscuits ? Un massage ? »  

« De vous ? Je ne suis pas assez masochiste pour cela. » Monseigneur, souriant, imperturbable, dévisse la BANI * et s’en verse un copieux verre, laissant échapper quelques gouttes ambrées sur le bureau, avant d’ôter son manteau, son veston et l’épave de tissu qui lui cintre le cou – une ancienne cravate ? une écharpe ? très certainement précédemment lâchée au milieu d’une horde de pitbulls affamés. « Ceci, c’est pour moi, pour me donner le courage de supporter votre humeur acariâtre.  Le narguilé, c’est pour moi également, pour trouver l’inspiration. »

[*BANI – Bouteille d’Alcool Non-Identifié, acronyme introduit par Thorn trois ans auparavant lors d’une soirée mouvementée durant laquelle un Mirage soûl l’avait aspergé de ledit Alcool Non-Identifié.]

Thorn pousse un soupir digne d’une scène de théâtre avant de s’assoir avec la dignité d’une tante centenaire sur la seule chaise de la pièce (l’autre ayant succombé au généreux poids du Ministre des Élégances). Il regarde Archibald vider son verre d’une traite et défaire les trois premiers boutons de sa chemise – qui semble s’être amourachée d’une tondeuse à gazon – sur quoi il fronce les sourcils, sa cicatrice dansant ainsi la salsa à travers son visage. 

« Ayez au moins la décence de rester habillé. Je ne tiens pas à savoir ce qu’il y a en-dessous de ces torchons que vous portez. Et si ce n’était pas un effort inhumain, pourriez-vous éviter de verser le contenu de votre verre sur mon bureau ? La laque est chère et je préfère ne pas imaginer la corrosivité de ce votre breuvage. » 

« D’ordinaire, personne ne se plaint de me voir ainsi – vous devriez vous estimer honoré. Et seigneur, que vous êtes rabat-joie ! Si c’est le prix de la laque qui vous inquiète, je vous en enverrai pour votre anniversaire. Ou votre mariage, à vous de choisir. » 

« Je ne vous ai pas invité pour que vous vous comportiez ici comme à une orgie de la cour. » 

Archibald lèche une gouttelette d’alcool de son pouce, et de son index indique une grande révèlation, ladite divulgation en outre soulignée de la chute brutale de son gibus et d’un autre bouton de sa chemise. 

« En effet. Vous m’avez, je le précise, supplié au téléphone – fi, je ne vous croyais pas capable de déformer la vérité à ce point – pour que je vous aide à écrire – » il pose la bouteille sur le sol – « une lettre d’amour à votre petite fiancée. Personnellement, je trouve que c’est peine perdue puisque je la séduirai de toute manière en premier, mais il ne faut jamais dire jamais. »

« On ne vous a visiblement donc jamais dit de fermer votre clapet. » 

« Oh, si. Il se trouve simplement que je n’en ai pas très envie. Mais revenons à nos moutons ; avez-vous préparé quelque chose ? Un brouillon ? Une base ? D’ailleurs, je m’assois où ? » 

« Sur le canapé, » répond Thorn, pointant à l’autre bout de la pièce. « Je tiens à garder votre idiotie loin de moi. » 

« C’est trop loin. » Archibald conteste la décision de l’intendant d’une moue peinée. « Et il est hors de question que mon vénérable fessier entre en contact avec cette monstruosité. Je vous rappelle en outre que c’est grâce à mon idiotie que vous allez écrire une lettre digne de Casanova. » 

« Votre vénérable fessier peut se poser sur mon vénérable parquet s’il le désire. Il pourrait également faire la connaissance de mon vénérable pied si vous continuez vos simagrées. Et oui, j’ai préparé un brouillon, » marmonne Thorn, désignant une feuille couverte de haut en bas de ratures et de mots gribouillés, sans doute dans un alphabet d’hiéroglyphes anciens. « Mais ? Otez-vous immédiatement de mon bureau ! » 

« Si vous croyez que je vais m’asseoir sur le sol, c’est que vos mathématiques incessantes vous ont rendu fou. Et puis, votre bureau fait cinq kilomètres, c’est à se demander si vous n’étalez pas autre chose que des documents dessus… » Archibald lance sa rétorque avec un haussement d’épaules, démontrant toutefois l’exquise politesse d’ôter ses chaussures avant de s’assoir en tailleur sur le bureau, pour ensuite s’emparer de son narguilé et de la feuille. 

« Veuillez laisser vos sous-entendus chez vous, » finit par marmonner Thorn, se pinçant le nez. « Vos chaussettes sont d’une mocheté étonnante, d’ailleurs. Et êtes-vous obligé de fumer votre bazar dans mon bureau ? » 

« Vous fumez la pipe, je fume l’opium, voilà tout.  Et pour mes chaussettes, qu’à cela ne tienne. » Archibald ôte ses chaussettes orange pour les laisser choir au sol avec négligemment et dévoiler deux pieds parfaitement manicurés. « Voyons voir ce que vous avez écrit. »   


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