Psychose

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Lundi

Euh... Salut ? Et bien... euh... Par où commencer... ? Bon tout d'abord, je suppose que « cher journal » fera l'affaire. Ou plutôt, peut-être, « chers lecteurs de mon journal », si j'ose un jour mettre au grand jour mon vrai visage... Avant toute chose, et pour éviter toute confusion, non, je ne suis pas une pré-ado qui veut tout confier de ses problèmes de cœur, donc ceux qui aiment les ragots de ce genre, vous pouvez partir ! Si j'écris ce journal, c'est pour être franche sur un tout autre domaine, un trait de caractère que je n'ose révéler à mon entourage. Tous les jours, je vis avec ce trait, que je cache, afin de ne pas être vue comme « différente ». Et non, je vous vois venir : il n'y aura pas de paranormal dans ce que je vais écrire !

J'ai toujours été quelqu'un de très méfiant. Vous savez, ce genre de fille qui, lorsqu'elle sort de chez elle, garde toujours un spray au poivre ainsi qu'un téléphone à portée de main, et qui regarde soigneusement autour d'elle régulièrement à la recherche d'un potentiel agresseur, en s'imaginant toute sorte de plan foireux dans sa tête ? Depuis toute petite je reste sur mes gardes. Mes parents n'ont jamais eu à me dire et répéter des centaines de fois de ne pas suivre ou parler à des inconnus. Quand cette méfiance s'est petit à petit développée, j'en ai d'abord parlé à mes proches, mais... J'ai très vite compris que si je continuais de leur en faire part, ils me prendraient pour une cinglée. Ainsi donc, afin d'être traitée comme une personne lambda, je cache cette espèce de paranoïa. A force des années, je suis d'ailleurs devenue une experte dans l'art de la comédie : je souris, alors que j'ai envie de pleurer, je ris, alors que je suis terrifiée, ... Mais au bout d'un moment j'ai ressenti le besoin, la nécessité de vider mon sac : j'ai l'impression d'être sur le point d'imploser ! Donc voilà le pourquoi du comment j'ai décidé de commencer à écrire ce « journal » sur mon ordinateur personnel. Comment ça, « et si quelqu'un ouvrait ce fichier par curiosité » ? Ai-je vraiment l'air d'être une idiote qui va nommer ce texte « JOURNAL PRIVE, NE PAS OUVRIR » ... Non. En fait, je ne pense pas que beaucoup de personnes dans mon entourage ouvriraient un de mes fichiers nommé « Théurgie Néoplatonicienne », et dont les premières pages sont écrites entièrement en grec ancien...

En fait, le véritable élément déclencheur de cette décision de tout écrire, c'est une impression plutôt inquiétante qui a commencé à se manifester il y a un ou deux jours. Vous penserez peut-être que c'est du vent, étant donné ce dont j'ai déjà fait part, mais quand je sors dans la rue, j'ai la sensation d'être suivie. Et non, effectivement, ce n'est pas la première fois que je ressens ce genre de chose, mais ! Mais c'est la première fois que c'est aussi ... fort. Le sentiment de danger est plus qu'une simple question de méfiance à ce niveau-là, je jurerais qu'il est réel !

...... Ça y est. J'ai écrit ce que je ressentais. Et maintenant ? J'ai toujours l'impression tenace qu'il faut que j'en parle à quelqu'un, même si, je le sais, personne ne m'écoutera vraiment... Je ne sais plus quoi faire... Je suppose que je verrai comment la situation évolue.


Mardi

L'impression de ces derniers jours ne s'est pas atténuée... Au contraire : je dirais même qu'elle s'est accentuée ! En même temps, je pense que le fait que j'ai dû faire le trajet jusqu'à l'université à pied y est pour quelque chose... En effet, ma meilleure amie et colocataire est partie pour quelques jours à Paris. Pour l'exposition d'une série qu'elle adore, à ce qu'il paraît. Bref, le point positif dans tout ça est que j'ai pu, l'espace de quelques temps, laisser tomber mon masque et vérifier régulièrement que l'on ne me suive pas, allant parfois même jusqu'à rebrousser chemin pour vérifier les alentours ! Cela m'a momentanément apaisé. Mais maintenant j'hésite... Est-ce que je suis vraiment suivie ? Si oui, comment le savoir à coup sûr ? Et si je suis vraiment prise en filature ... Est-ce que le responsable irait jusqu'à rentrer chez moi ? ...

Textes concours TiboudouboudouWhere stories live. Discover now