Il y avait dans cette ambiance un semblant de paisibilité, comme une frontière qui s'envolerait entre la violence et la paix, une image qui vieillirait et perdrait ses couleurs au fur et à mesure que la limite s'effacerait, ne laissant place qu'à une traînée de sable brun et fin. Et pourtant il l'avait quitté à la va vite, ignorant les vibrements incessants de son téléphone, toujours plus insistants et oppressants. Il s'était isolé là où personne ne pourrait le dénicher. Là où le vent ne soufflait plus assez fort pour ébouriffer ses boucles blondes. Un endroit mouvant et ondulant au rythme de la vie de millier de gens, un lieu que chacun traversait chaque matin l'observant toujours de cet œil inintéressé.
Ainsi, il s'était assis, seul, fleur bleu sur l'un des tabourets vide du vieux bar, comme à son habitude, les yeux perdu devant l'étale de bouteilles soigneusement alignées sur l'étagère surplombant un miroir. Un petit mètre seulement en face de lui, il aurait pu se servir en se penchant un peu plus derrière le comptoir, d'un seul mouvement de bras, tout lui était disponible. Pourtant il sortit la monnaie trainant dans le fond de sa poche pour la faire retentir sur le bois verni, attirant l'attention du serveur qui s'empressa de lui décocher un sourire en reconnaissant le client.
« Comme d'habitude?
-- Comme d'habitude... »
Pour une fois, l'asiatique n'était pas débordé par les commandes, chose rare dans cet endroit peu spacieux, ils n'étaient que deux employés et leur patron ne se souciait que trop peu de les voir surchargés de travail. Qui sait ce qu'il ferait si un jour ses précieux serveurs venaient à démissionner? Peut-être se résoudrait-il enfin à feuilleter les candidatures, ou bien finirait-il par reconvertir cet espace en une épicerie, il y avait assez de bars dans cette rue pour que cela ne manque à personne.
Heureusement, ce soir c'était Minho de service, cela lui remonterai un peu le moral, avec ses blagues à la con et ses sourires incessants. Il n'y avait pas compagnie plus agréable dans les environs, une bonne moitié des consommateurs étaient là pour ça, ce contact social si facile avec l'employé faisait une petite renommé. Pas étonnant que Monsieur le propriétaire tienne à garder ses précieux serveurs.
« Alors cette journée? Pas trop longue?, s'empressa de demander le barman.
- À part que je viens de me faire jeter par Sophie, tout va bien..., annonça-t-il ironiquement en se saisissant de la pression qu'on venait de déposer face à lui. »
Il grimaça en portant le verre à ses lèvres, toujours perturbé par le miroir en face de lui qui lui renvoyait en boomerang son allure pathétique. Il faudrait penser à trouver une nouvelle place où s'installer à l'avenir, quelque part où il n'aurait pas à rencontrer son propre reflet chaque fois qu'il cesserait de siroter sa boisson. C'était à se demander si cette décoration n'était pas étudiée pour inciter les clients à boire, personne n'aimerait être continuellement confronté à son apparence, à moins que cela ne servait aux rendez-vous amoureux, permettant aux concernés de vérifier constamment qu'ils étaient présentable pour pouvoir plaire à l'autre. Dans ce cas, il n'avait rien à faire assis à cette place, seul et démuni comme il était, pourtant c'était le seul vrai endroit où il pouvait entamer des discussions autres qu'avec lui même. Peut-être pourrait-il draguer le serveur après tout.
« Sophie? Je croyais que vous n'étiez déjà plus ensemble, c'est pas toi qui me disais que tu pensais lui dire ses quatre vérités?
- Figure-toi que c'est-ce que j'ai fait, elle a pas attendu plus longtemps pour me dire ''T'as changé Newton, vraiment je te reconnais plus'', imita-t-il d'une voix exagérément aigu, et puis après elle m'annonce qu'elle a besoin d'une pause, merde quoi, j'ai droit de faire part de mon avis des fois, non? C'est toujours elle qui me fait chier, pour une fois que je m'y mets... »
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Ma Personne Est Un Nom
FanfictionMPEUN ou les Chroniques d'Il mio nome è Nessuno façon j'ai adopté une mouette. Newt et Thomas sont des petits bateaux fascinants. Et ces petits bateaux vont naviguer côte à côte jusqu'au pays merveilleux.