I'm Fine

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Je me charcutais le bras avec n'importe quelle chose tranchante que je pouvais trouver. Pour la plupart du temps c'était des ciseaux ou une lame de cutter. Je me coupais pour plusieurs raisons ; la première c'était moi. Je me détestais intérieurement comme extérieurement et c'était la seule façon de me détester d'avantage ; me faire mal. Je m'insultais et me rabaissais sans arrêt. Pourquoi ? Parce que je ne valais rien. J'avais des amis, des meilleurs amis même. Si ils étaient au courant de tout cela ? Non, ils pensaient que je rigolais quand je disais que personne ne me déteste plus que je me déteste. Car oui, je me déteste tellement que personne ne peut me détester plus, c'est impossible. J'avais l'impression d'être un fardeau, un boulet pour tout le monde, je ne l'ai tout simplement pas supporter. Je mourrais, me consumais un peu plus à chaque insulte, chaque entaille était une insulte ; plus elle était profonde, plus l'insulte avait été dur à encaisser. Mais ces gens avais tord car, oui, je n'étais pas belle, je n'étais encore moins gentille, jolie, populaire, ni même bien habillé, et alors ? J'étais juste moi et c'était ça le problème. Pourquoi moi ? Qu'avais-je fait de mal hormis exister ? Je ne sais pas. Avant tout ça, je trouvais stupide de se taillader, je ne comprenais pas le sens mais j'ai compris maintenant, j'ai compris pourquoi les gens font ceci. D'un côté il y a ceux qui font ça pour le "fun" ou je ne sais trop quoi et de l'autre, ceux qui vont réellement mal et qui font ça pour extérioriser leur souffrance, ceux que personne ne remarque, comme moi. J'avais mal, l'air ambiant qui aggripait ma récente coupure dont j'avais estompé le sang d'un simple mouchoir de papier, me brûlait et, d'une certaine manière, cela me rendait sereine. C'est comme si mes problèmes s'écoulaient en même temps que le sang. Mais mes problèmes revenaient comme un rhume à chaque hiver, tu as beau t'en débarrasser, tu sais éperdument qu'arriver en hiver, celui-ci reviendra comme mes problèmes revenaient dès que je m'approchais du collège. On aurait dit qu'ils m'attendaient, mes problèmes, comme un chien qui te fait la fête en rentrant chez toi, et bien on peut dire que mes problèmes étaient une interminable est abominable fête d'Halloween. Ces coupures ne représentaient rien face à mes problèmes, elles étaient juste là pour m'évader, les évadés. Ces problèmes qui m'ont hanté jour et nuit, il m'était devenu impossible de les éliminer, ils étaient là, ancrés pour toujours sur ma peau. Maintenant ? Maintenant mon corps pourri, se décompose dans un des nombreux cercueils du cimetière, enterré six pieds sous terre. Moi ? Moi j'erre, ici et là, coincée entre deux mondes pour la faute qui n'était pas la mienne. Je suis morte pour me libérer et me voilà coincée,  définitivement et pour toujours, à vous écrire ce texte. Vous connaissez mon histoire car, de près ou de loin, vous connaissez tous quelqu'un dans mon cas, vivant ou mort. Mon histoire n'est ni la première ni la dernière que vous verrez mais c'est la seule qui vous sera réellement contée. L'histoire d'une personne persécutée pour des défauts qui n'en sont pas, l'histoire d'un souffre-douleur parce qu'il en faut toujours un, l'histoire d'une fille discriminée qui a été poussé à bout, au bout de sa vie. Si quelqu'un lis ce texte, qui que vous soyez, discriminant ou discriminé, que cela n'apporte à rien de bien, que la discrimination peut avoir des répercussions horribles comme la mort. Ce que vous dites à une valeur, tout a une valeur, même si c'est pour rire, certains mots ne se disent pas. Ne faites pas comme moi car à chaque seconde je regrette mon geste, pensez que vous n'êtes pas seul, que des centaines de milliers de personnes sont dans ce cas et que si vous mourrez vaincu par la discrimination d'autres mourront de chagrin de vous avoir perdu et certain mourrons de honte pour vous avoir tué de ces mots durs ou de ces coups incessants. La vie a une valeur, nous en avons qu'une, vivez la pour vous, faites ce qu'il vous plaît, pensez que demain sera un jour meilleur et que l'avenir vous réserve de belles choses. Vivez votre vie, les jugements passerons, montrez que vous êtes fort en souriant, votre sourire est votre plus belle arme.

Textes SombresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant