Cette nouvelle est dédiée à Olivier Melot et à Alba Aïttouares
Il était précisément dix-huit heures et un quart, Mary Jones, une septuagénaire vivant recluse, aigrie et ridée par les péripéties de la vie, oscillait, profondément dans son confortable rocking-chair pommelé installé devant la vieille vitrine où était exposé son premier chien, empaillé. En parcourant d'un œil les lignes d'un des romans à l'eau de rose que le temps avait corné, tout en sirotant une tisane brûlante et fumante. Elle esquissa un sourire discret, moquant les idylles d'un certain Martin.
Soudain, le vieux carillon rouillé sonna, Brisant par le même coup le silence marmoréen qui régnait dans la vieille bicoque. Un son strident emplit et résonna entre les murs tapissés de peintures hideuses dans toutes les pièces du rez de chaussée. La vieille soupira. Dans un effort monumental, elle se leva et sentit sa charpente interne crisser. Elle marcha d'un pas laborieux jusqu'à la porte de son humble chaumière usée par le temps et la météo capricieuse. Tremblante, elle saisit la poignée qui lui semblait n'avoir jamais autant été aussi glaciale, comme un cauchemar qui apparaît soudainement et vous réveille au beau milieu de la nuit. La serrure grinça et la porte s'ouvrit lentement dans un râle déchirant.
La vieille reconnut cette Silhouette qui lui était si familière et l'invita à entrer. Elle lui proposa à contre cœur une tasse de tisane ainsi que des biscuits de sa confection. Ils entamèrent la conversation et un périple en direction de la cuisine. Là, la Silhouette, profitant d'un moment d'inattention de la part de la vieille, ouvrit doucement un tiroir vagissant, s'assurant par la même occasion de ne pas alarmer son hôte (mais, insouciante et avec mauvaise volonté, elle commençait déjà à chauffer l'eau) et en sortit un imposant couteau d'argent aiguisé à souhait et le brandit impitoyablement. Apercevant une ombre projetée sur le mur qui lui faisait face, elle tourna difficilement son cou tortueux, vit et, paralysée par la peur de la mort, d'un mouvement robotique, Mary Jones signa son arrêt de mort. Sa voix se déchira dans la torpeur vespérale. On aurait pu savoir que la vieille était morte si elle n'habitait pas au beau milieu d'un champ laissé à un maigre troupeau de brebis et moutons. Son corps fut affublé de quinze coups de lame.
La Silhouette prit ses plus grands soins pour faire en sorte qu'on ne sut jamais que celle qu'elle appelait "vieille peau" était maintenant décédée.
J'espère que ce premier chapitre vous plaira, n'hésitez pas à me donner votre avis et de me signaler les fautes de français ou d'anglais. Merci
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Les héritiers de Mary Jones
Fiction généraleMary Jones est morte, suivez les péripéties de l'inspecteur en chef Gillingham. Nouvelle policière. Bonne lecture.