Je deviens incoerciblement jalouse à la vue de ta victoire sur mon cavalier. Tout en ricanant, tu me nargues : « Je gagnerai jusqu'à ce que tu te battes au-delà de tes capacités.
— Que veux-tu dire ?
— À toi de le découvrir. »
Ma tour est à présent hors-jeu, elle aussi. Ce n'est pas bon, cette souffrance n'en vaut pas la peine... Le temps est écoulé. Sur cet échiquier noir et blanc, on dirait bien que tu m'as acculée. Je ne vois pas d'ouverture, aucune excuse ne fera l'affaire... J'ai encore perdu.
« Échec et mat. »
Vas-tu arrêter de le dire à chaque fois ?
Je me vautre dans le défaitisme.
« Si tout se termine ici, alors...
— Bats-toi. »
Tu sais, c'est frustrant, futile, mais je désire tellement te ressembler. Mes doigts agrippent le Pion qui ne peut qu'avancer. Je gagnerai.
Avec la perte de ma dernière pièce, devrions-nous arrêter notre petit jeu ? J'abandonne mon Roi, inutile et sans défense, une fois séparé de sa Reine : « Je ne veux plus de toi désormais. ». Écrasée sans discontinuer, ma confiance s'effrite et ma volonté faiblit. Je n'y arriverai jamais...
« Échec et mat. »
Vas-tu arrêter de le dire à chaque fois ?
Combien de temps encore ce scénario devra-t-il se répéter ? Devrais-je abandonner... ? Non, cela ne m'est pas permis.
Est-ce que tu souris ? Est-ce que cela te réjouis ? Que je persiste à te défier et à perdre quand tout finit ?
Je me bats jusqu'à la fin et je vois enfin mon rêve se réaliser. C'est déjà la fin, est-ce que cela veut dire que j'ai gagné ? Ce n'est pas si simple... Je le savais.
Hé, pourquoi grimaces-tu à présent ? Cette victoire, je l'attendais depuis si longtemps... Mais reviens, ne veux-tu pas une revanche ? Voir ton siège vide laisse un arrière-goût amer au fond de ma gorge. Me réjouir n'a plus aucun sens, désormais. Seule, c'est maintenant à moi de le dire.
« Échec et mat. »
