Ils nous l'avaient dit. Ils nous l'avaient annoncé.
Nous n'avons plus que cinq ans.
Les mamans pleurant dans les bras de leurs enfants, effrayés de ne plus avoir de figure paternelle.
Nous n'avons plus que cinq ans.
Les larmes mouillants le visage apeuré du journaliste, confirmant la nouvelle.
Nous n'avons plus que cinq ans.
La bonne femme dans l'opéra, s'étant arrêtée de brailler.
Nous n'avons plus que cinq ans.
Tout s'était arrêté de tourner avec la Terre. Mais pourtant, la réalité était là. Juste là. Tout s'était arrêté.
La seule chose qui continuait, la seule chose qui me faisait sourire, la seule chose qui voulait vivre, c'était mon amour pour toi.
Il nous reste cinq ans pour pleurer.
Pendant que dehors c'est l'apocalypse, ici, là où est mon cœur, là où tout est proche de toi, tout va bien.
Ma main est posée sur ta joue, tes doigts parcourent ma peau dénudée, et pendant qu'un rayon de la lune transperce le rideau, tu remarques mes yeux larmoyants et je remarque les tiens aussi.
Et c'est un spectacle que nous pouvons observer, même si nous sommes les acteurs de tout ce qui se passe autour de nous.
Quelqu'un cri dans la rue, sûrement est-il bourré, sûrement a-t-il perdu la personne qu'il aimait. Sûrement a-t-il peur.
Puis son cri s'évanouit. Sûrement a-t-il Dieu devant lui.Puis tu me prends dans tes bras.
"Je t'aime Taehyung. Je veux que tu n'oublies jamais ça. Peu importe combien de temps il nous reste, deux heures, quatre jours, cinq ans, je t'aimerais jusqu'à ce que la mort me prenne."
Ton timbre avait été sérieux, si sérieux que même le dehors s'était tu pour t'entendre me souffler la seule vérité qui régnait encore sur cette Terre.
Et ton regard se perdit sur la grande fenêtre derrière moi. Et tu me chuchotas qu'il fallait qu'on sorte, pour aller à la supérette. Mais mes yeux se remplirent encore de larme, sans qu'une seule ne touche ma joue.
J'avais si peur.Nous ne savions pas ce qui tuait autant, nous ne savions pas ce dont il fallait craindre, nous ne savions pas quoi éviter. Nous ne savions rien.
A part qu'il nous restait cinq ans.
Tu t'habillais comme tu le pouvais, mais voyant que je ne retrouvais plus mon pull rouge, tu me tendis ton pull vert. Ton préféré. Celui qui t'allait le mieux.
Vert. Comme l'espoir. C'est-ce que tu aimais me dire.Puis tu m'as fait un sourire éclatant. Tu as pris ma main, et tu nous entraîna dehors, alors que la lune était plus éclatante que les autres soirs.
Ça voulait dire que quelque chose se préparait.Mes doigts accrochant aux tiens, le lampadaire éclairait un corps qui décorait le béton. C'était sûrement de cet homme que provenaient les cris tout à l'heure.
Tu avanças, me demandant de ne pas regarder, de ne regarder que tes yeux.
Et tes yeux me dirent de ne pas faire attention à ça. Que ces personnes n'étaient rien, que nous, nous vivrions plus longtemps et que nous mourrions ensemble.Et j'avais tellement confiance en tes yeux.
Quelques minutes plus tard, nous étions dans les rayons presque vides de la supérette au bout de la rue.
Normalement, ça n'arrivait que le week-end que les rayons soient presque vides. Mais là, nous étions mercredi.

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Cinq Ans [VHope]
FanficPoussés dans la noirceur de la ville, effrayés que l'on puisse mourir demain, il nous restait cinq ans à vivre.