Ses pieds frolaient le sol, lentement, formant de long cercle voluptueux.
Les jambes tendues, elle dansait.
Elle dansait de toute ses forces, formant des mouvements abdominaux, des mouvements presques iréels. Elle plongeait, toujours lentement, profondèment, en direction du sol lisse, et ramener le poid de son corps avec panache vers le ciel.
Ses mains, douces et fines, remontaient sensuellement le long de ses bras, ses cheveux les frolant, les caressant, les accompagnant dans ce geste gracieux.
Ses jambes se detendaient enfin, pour suivre la courbe du geste, et mettre un terme aux pas farfelues de la danceuse.
Elle pouvait rester des heures, là, à danser ainsi. A tordre son corps, pousser ses limites, experimenter toutes les possibilités que lui offrait sa souplesse.
Et qu'est ce qu'elle aimait ça.
Dans ces moments là, il n'y avait plus qu'elle qui existait. Elle était seule, au milieu de cette salle, seule sur son piédestal.
Cela faisait des années que la salle des fêtes n'avait pas été utilisée, et la poussières avait fini par recouvrir les draps, recouvrant eux-mêmes la centaine de chaises.
Agathe, après avoir découvert ce merveilleux endroit, avait eu le courage d'apporter un matériel de nettoyage. Elle avait entrepris de ballayer, frotter, rincer, la petite scène sur laquelle elle s'exercer.
Toute la salle semblait plongée dans l'oublie, excepté l'estrade qui ressortait majestueusement, endroit surplombant l'espace.
La jeune danceuse ne se rendait jamais le soir dans l'ancienne salle des fêtes, il n'y avait plus d'éléctricité depuis longtemps.
Elle s'y exerçait la journée, lorsque les rayons de soleil traversaient le plafond cabossé pour venir éclairer la scène.
Leur rencontre s'était passé il y'a environ six mois.
Elle avait fuit, fuit le village de Montaubrac, fuit sa famille, fuit l'atmosphère pesante de sa vie. Et elle était partie à l'aventure, à travers les montagnes, fouillant les nombreuses ruines de l'ancienne partie du village, jusqu'à découvrir son plus grand trésor : L'ancienne salle des fêtes du village.
L'accés au batiment avait été bloqué. Effectivement, la commune avait catégorisé l'endroit de 'dangereux pour le public' et avait été, du jour au lendemain, oublié de tous.
La ville s'est peu à peu décentralisée, laissant complètement la jolie salle des fêtes, abandonnée.
Agathe regarda pour la première fois avec admiration ce bâtiment, qui avait été en grande partie recouvert par la végétation au fil des années.
Curieuse, elle tenta tant bien que mal d'ouvrir la grande porte, sans succès.
Elle s'assit devant, sorti de sa poche sa barre céréalière, et observa longuement la structure.
Les lierres verdoyaient sous les rayons du soleil, la pluie ayant rafraichie les longues feuilles la veille, et recouvraient un bon tier des murs extérieurs.
Comment rentrer à l'intérieur ?
Agathe remarqua une fenêtre brisée par les branches, mais il était bien trop risqué de s'aventurer entre ces morceaux de verres pointus.
Elle rangea le petit sachet en plastique de son goûter dans sa poche, et s'avança vers la bâtisse. Elle déposea sa longue main sur les murs grumeleux, et la laissa glisser lentement.
Elle se mit à attraper des lierres, et décida d'en arracher quelques uns.
Tout à coup, il lui semblea entrevoir une brèche à travers les longues branches vertes.
Elle mit un temps à réaliser, puis se mit à arracher de plus belles, de plus en plus freinetiquement, jusqu'à voir une petite porte entrouverte.
Complètement sous le charme, elle tira les dernièrs liers, avec difficultés, et put enfin avoir accés à l'entrée.
Elle dut bien passer cinq minutes à forcer comme une folle la porte, tirant de toute ses forces, mais finit enfin par rentrer dans le grand bâtiment, complétement recouverte d'égratignure.
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La danceuse
RomanceCette histoire, c'est l'histoire d'une rencontre d'âme. D'une rencontre puissante entre une jeune danceuse, et un violoniste. Cette nouvelle retranscrit les moments si intimes, si puissants, si magiques qu'ils ont pu partager ensemble dans la petite...