13.

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La vie est donc faite ainsi. Certains vivent pour voir partir les autres. Assise en haut des escaliers par lesquels nous sommes descendu avec Poseidon. Le vent ici ce fait plus frais et la vue plus clair. Je laisse échapper une larme et la laisse couler le long de ma joue pour tomber sur ma cuisse. Je reste de marbre et ne pense plus à rien, il me reste cette douleur angoissante au creux de la poitrine. Cette douleur inconnue. Est-ce la trahison ? L'amour ? Ou la sensation d'avoir perdu un être tel que Mila. Je passe ma main dans mes cheveux avant de la passer sur mon visage et de fondre en sanglot. Je hurle tel un loup le ferait à la lune. L'écho de ma voix résonne encore alors qu'il me semble apercevoir une femme monter d'un pas délicat les escaliers. Sa robe blanche flotte dans les airs et ses cheveux d'un noir corbeau semblent briller. Je relève le regard quand elle s'arrête juste devant moi.

 - Je m'appelle Scylla.

 Elle me tend la main, attendant que je la saisisse. Voyant que je n'en fais rien, elle s'assoit auprès de moi.

- C'est une jolie vue n'est ce pas ? 

Je souffle. 

- Qui êtes-vous et que voulez vous ? 

- Je suis une des prêtresses d'Apollon. Je pense que nous avons le même problème.

- Quel problème ? 

- Celui d'aimer un peu trop celui que nous servons. 

Mais de quoi parle-t-elle ? À croire qu'elle se trouvait dans la même pièce que nous. 

- Je ne vois pas de quoi tu veux parler. Puis, je me suis isolé pour faire le deuil d'une amie, alors, laisse moi tranquille. Tu veux ? Je fais en me tournant vers elle.

 - Je comprend... fais elle en se relevant. Mais sache que je suis présente si tu as besoin de parler. Elle ne me connaît pas. 

Pourquoi accepterait-elle de m'aider ?

 - Pourquoi ? Je l'interpelle.

- Nous avons bien plus de choses en commun que nous le pensons. 

***

Ce sont les yeux cernés par la fatigue et gonflés par les larmes que je traîne des pieds pour retourner à mon devoir de prêtresse. Je pousse la porte de la pièce et à mon grand soulagement, je n'y trouve personne. J'avance douloureusement jusqu'au lit de Poseidon pour le refaire. Je tire d'abord la couverture, puis, arrange l'oreiller de manière à ce qu'il reprenne sa forme. Je traîne de nouveau les pieds pour arriver jusqu'au bassin, j'y fais couler de l'eau et y verse quelques pétales de rose pour que leur délicieuse odeur embaume la pièce. Je me redresse quand j'entends la porte s'ouvrir. Me doutant qu'il s'agît de Poseidon, je garde la tête baisser et ne laisse rien paraître.

- Votre bain est prêt.
- Tu n'es pas rentré de la nuit. Où était-tu Maryne ?
- Je m'excuse, j'avais besoin de...de...m'isoler. Je finis par cracher.
- Je comprends.

Je me surprends à trembler comme une feuille quand je le sens se rapprocher de moi. Sa présence apaise pourtant ma douleur.

- Et maintenant, comment te sens-tu ? Me demande-t-il en posant ses mains sur mes bras.

Ce geste semble être réconfortant, mais il aiguise une flamme en moi. Il y a trop de proximité entre nous et je décide de faire un pas en arrière et de briser ce toucher déjà trop prenant. Persévérant, il se rapproche une nouvelle fois et du bout de ses doigts relève mon menton. Je ferme instinctivement les yeux pour ne pas avoir à l'affronter.

- Ici, Maryne, tu peux me regarder, me parler ... Me toucher.... Fait-t-il en saisissant mes mains et en les posant sur son torse.

Je les retire directement sans un mot.

- Que t'arrive tu ? Tu n'es plus la même depuis ton réveil.
- J'ai perdu la dernière personne qui me restait. Je dis la voix tremblante.

D'un geste doux et intentionné, il passe sa main sur ma joue et je laisse tomber ma tête sur son torse pour fondre en larmes. Je passe un premier bras autour de sa taille et fini par l'enlacer complètement. Je reste là, à écouter son cœur et savourer cet instant qui ne durera jamais assez longtemps. Après un moment sans réaction venant de mon dieu, je sens ses mains passer enfin autour de moi. Le temps semble se figer et une lumière douce et éblouissante à la fois traverse la pièce. Je romps notre étreinte et regarde Poseidon

- C'était quoi ça ?

Il reste sans voix à me contempler de ses yeux bleu Océan. Je me sens perdre pied et mon cœur bat si fort qu'il pourrait en sortir de ma poitrine. Bon sang cette sensation est agréable et si désagréable à la fois. Nos yeux ne se quittent pas, mais nos visages se rapprochent dangereusement. Nos lèvres vinrent s'écraser pour un moment de douceur absolu. Je n'ai jamais fait cela, mais les mouvements se font naturellement. Il passe une seconde fois sa main sur ma joue puis, mes cheveux, son autre main l'a rejoint peut de temps après. Cet instant doux devint un moment d'envie. J'ai le besoin de le toucher, de le sentir.  Je ferme les yeux et me laisse porter. Quand il brise ce baiser pourtant si délicieux, je me sens rougir comme une enfant.

- Pardon, cela m'intimide.

Il acquiesce d'un rictus.

- Ne t'inquiète pas, ce n'est pas grave.
- Votre bain est prêt. Je fais en reprenant l'air de rien.

Il porte une main sur les ficelles de ma robe se trouvant au niveau de ma poitrine puis, tire dessus. 

- Viens avec moi.
- Il s'agit d'un ordre ?
- Tu restes ma prêtresse non ? 

Je souris et laisse tomber ma chemise au sol. Il ne cesse de me regarder dans les yeux, mais je sais qu'au plus profond de lui, son désir est de pouvoir contempler mon corps nu. Je déglutis.
Il défait ses vêtements à son tour et me fait signe de descendre la première. Je fais non de la tête par pudeur. Il descend donc le premier et reste de dos pour me laisse de l'intimité, je descends la première marche puis la porte s'ouvre. Je reste statique et la bouche bée. La femme en face de moi, des serviette aux mains se retrouve aussi surprise que moi. 

- Mon seigneur, fait-t-elle la tête baissée. Votre prêtresse est nue derrière vous, je vais en informer les gardes. 

Avant même que Poseidon n'ai le temps de répondre elle referme derrière elle. Poseidon sort aussi tôt du bassin et ouvre la porte nu comme un ver. Elle n'est déjà plus là. 

- Couvre toi. Me dit-il hâté. Je pense que l'on va avoir de la visite.

UN AMOUR IMMORTEL, Elles Bravent L'interdit (TERMINÉ) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant