Chapitre 2 : Bradbury Hill

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Il y a 1 an, à peine arrivé à l'université, étonné de voir qu'il n'y avait pas de journal universitaire, je pris un siège au conseil d' étudiant et proposa la création d'un journal. Soutenu par 2 membres du conseil, Élio et Léonie, c'est alors que nous créâmes le Télégramme, le journal universitaire de Bradbury Hill. Le conseil devait, ce même jour, décidé du destin du manoir abandonné de l'université. Ayant besoin d'un endroit où établir le Télégramme, le conseil fit d'une pierre deux coups et nous le confia. Nous passèrent donc les vacances d'automne à retaper la partie du manoir qui n'était pas complètement recouverte de ronces. C'est d'ailleurs suite à cette vision que nous vînt l'idée d'appeler le manoir BlackBerry House. La création du Télégramme me permit de me faire mes premiers amis, Élio et Léonie. Par la suite, je convaincs Anna et Luke, qui suivaient comme moi le cours de photographie, de se joindre à nous, et ce n'est qu'après la publication de notre premier journal que Isaac et Paola vinrent nous prêter mains fortes. Moi qui trouvais ma vie trop banale je n'imaginais pas me retrouver 1 an plus tard complice d'un crime. Je me refaisais le scénario de cette nuit-là de nombreuses fois et en étais venu à la conclusion que la plupart des personnes « normales » n'auraient pas aidé Isaac. Mais sans doute qu'au fond de moi j'étais heureux de participer à quelque chose qui, pour une fois, me dépassait. De constater que je ne peux pas tout prévoir et contrôler. Il y avait peut-être un côté malsain à ça, mais cela ne m'empêchait pas d'avoir ce sentiment.

Cela allait bientôt faire 1 mois que la soirée de rentrée avait eu lieu.  Une semaine après, des flics étaient venus enquêter à Bradbury Hill. Ils recherchaient un certain Will Washington, un grand brun, physique athlétique, étudiant à Bradbury Hill depuis quelques semaines, vu pour la dernière fois à la soirée de rentrée. C'était la description sans faute du cadavre que nous avions enterré il y a un mois à peine. Heureusement, personne n'avait remarqué son absence durant la soirée. Il était donc venu seul. La police avait mis en place un couvre-feu le temps que l'enquête sur la mort de Will Washington soit bouclée. Après 22h30, l'université était donc déserte. Cette arrivée soudaine de la police à Bradbury Hill eut pour effet de démanteler notre groupe. Nous avions en effet, décidé de prendre nos distances le temps que les choses se calment. Les seules fois où je les voyais, c'était le soir, après les cours, au Télégramme, où l'on se retrouvait autour d'un café pour étudier jusqu'à très tard et élaborer notre prochain journal.

Justement, la sonnerie venait de retentir et je me dépêchais de me rendre à BlackBerry House avant le début du couvre-feu et la tombée de la nuit. Comme à mon habitude je fis le tour du manoir. Je tombai alors sur Élio et Anna fumant sur le palier. Je coupai net leur conversation.          

- Vous arrêtez pas pour moi, continuez.

- On avait terminé de toute façon, rétorqua Anna.

- Tu sais, c'est difficile pour chacun d'entre nous de vivre avec ça, Anna et moi faisons de notre mieux pour avoir une vie « normale ». Désolé de te dire ça mais à chaque fois que j'aperçois l'un des membres du groupe, cela me rappelle cette nuit-là, dit Élio.

C'était la première fois que quelqu'un reparlait de la soirée de rentrée. Nous avions beau ne pas parler de cette nuit, elle restait dans tous les esprits.

- Et si tu veux tout savoir, avant tu débarques, je disais à Anna que j'étais étonné que tu ais approuvé la démarche de Luke et Léonie. Je trouve que ça ne te ressemble pas.            

- De quoi tu parles ?!                                              

Ce soir-là, je découvris une autre facette de Luke et Léonie. Ils avaient publié un article en secret accusant la fraternité Sigma Oméga d'avoir fait subir à Will un bizutage le poussant au suicide. Tout ça en prétendant que j'approuvais cet article. La police s'était donc tournée vers eux pour leur enquête, les éloignant de nous. Leur article était crédible du fait que la fraternité Sigma Oméga avait la réputation de faire subir un bizutage aux nouveaux arrivants. Je ne cautionnais pas ce qu'ils avaient fait, surtout dans notre dos, mais le mal était fait. Nous avions déjà assez de choses à gérer. Pas le temps pour une dispute. Je n'avais même plus la possibilité de me concentrer sur mes études, avec les premiers partiels en vue je devais redoubler d'efforts. Mes parents n'avaient pas de quoi me payer une année de plus à Bradbury Hill. Ce soir-là, comme les  autres soirs qui suivirent, Elio, Anna et moi restions dormir à BlackBerry House à cause du couvre-feu. Je continuais de faire des insomnies. Crime, Will Washington, Police, Enquête. Tous ces mots tournaient dans ma tête. Pour les faire taire, un seul moyen : Kazy Lambist, Rollercoaster.

« I'm still alive,
I'm still around you,
On the rollercoaster I fell mad in love,
With you. »                                                                      

Ces mots m'envoyaient autre part, à mon ancienne vie banale d'étudiant qui refaisait soudain surface. Dans l'amphithéâtre, au cours de philo de 16h. Le cours où il y avait cette fille. Celle qui hantait mes pensées, lorsque la mort de Will  me laissait un peu en paix. J'avais l'impression de la connaître mieux qu'elle ne se connaissait elle-même. Je sortis prendre l'air et m'assis sur le bas de la porte. Plongée dans les étoiles je ne remarquai pas tout de suite la présence d'Élio qui était venu me rejoindre car comme moi il n'arrivait pas à fermer l'œil. J'en profitai alors pour le questionner sur l'identité de cette fille. Mais il ne sût me répondre, il ne l'avait même pas remarqué. Comme tous les nouveaux, elle se faisait discrète et le faisait très bien. L'identité de cette fille resterait-elle un mystère ? La lune laissait place au soleil et une nouvelle journée s'annonçait. Ma seule motivation pour aller en cours était de découvrir qui elle était. À suivre...

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