Un Cauchemar

Je cours, ça fait déjà 20 minutes mais je continue, mes poumons me brûlent, mais je continue, mes pieds sont en sang, je suis pieds nus, mes genoux sont écorchés, mais la peur était trop forte pour que je ressente la douleur. La forêt devient de plus en plus sombre, dans quelques minutes il fera totalement nuit, je n'ai nulle part où dormir, nulle part où manger, mais il faut que je lui échappe. Derrière moi Noémy me hurle " vite... il se rapproche... on ne va pas y arriver... il faut courir... plus vite !" Mais on savait aussi bien l'une que l'autre que c'était impossible, nous n'avions plus de force. La voix monotone du GPS me dit de tourner à droite, je regarde aussitôt dans cette direction. Je perçois une lueur au loin. Nous nous rapprochons de cette lumière. Lorsque nous arrivons à proximité. Une douce odeur de pain chaud émane de la cabane. La seule nourriture qui aujourd'hui, est possible de manger tous les jours, avec les 15 milliards d'êtres humains sur Terre, qu'il y avait il y a un siècle, avant la grande famine, qui a entraîné la plus grande maladie meurtrière de l'Humanité, la morbum. Elle a tué, les enfants, les adultes, les vieux, les animaux, une partie des céréales et la totalité des fruits et légumes. Il ne reste aujourd'hui que 1,3 milliards d'êtres humains, et très peu de nourriture. Pour survivre, les humains ont évolué, on a maintenant des capacités, que les personnes de la belle période, le XXIème siècle, nommaient " des pouvoirs ". Nous pouvons voler, il s'agit plutôt de faire des sauts longs d'environ 30 mètres et avec une hauteur de 2 mètres, mais cela est très fatigant. Nous pouvons aussi courir à une vitesse maximale de 55km/h, et avec des transmetteurs nous pouvons lire dans les pensées ou parler avec notre esprit. Les transmetteurs se nomment homing columbae offeret, ils ont été inventés par le célèbre : Colains SELTA, qui est aussi le créateur du Serum vitam longam, une substance permettant de vivre 100 ans de plus en rajeunissant les organes, mais avec le peu de provisions en nourriture que possède l'Homme, la mort est aujourd'hui causée par la famine, c'est donc très peu utilisé. Je réfléchissais à tout cela, je ne me rendais plus compte de la douleur, de la fatigue, de la peur, et lorsque je vis l'entrée de la cabane cela me ramena à la réalité. Je toque, personne ne répond. Pas le temps, pas le courage d'attendre, tant pis pour les règles de savoir vivre, je rentre. Il fait noir, mes yeux s'habituent dans le noir, j'aperçois une petite lumière en haut de l'escalier. Je tends l'oreille, j'entends juste ma respiration rapide et celle de Noémy, il n'y a l'air d'y avoir personne. On monte, il y a une porte, elle est ouverte, on rentre dans cette pièce. Il y a, à notre droite une vieille commode, elle est en bois, à gauche il y a un meuble, il est sombre, mais de la lumière en sort. On s'en rapproche, il y a une télé, ce modèle ne se vend plus depuis plus de 3 siècles. Aujourd'hui on se tient informé, on se divertit grâce au I-boucle, ce sont des boucles d'oreilles, qui projettent un écran devant soi. Mes I-boucles viennent de s'éteindre, il n'y a plus de réseau. C'est quasiment impossible, le réseau est la seule chose qui a survécu, que ce soit en quantité qu'en efficacité depuis plusieurs siècles, nulle part sur la Terre il est possible de ne pas capter. Avec Noémy, cette pensée d'être séparées du monde nous terrifie, nous deux qui avons été élevées avec la technologie, cela nous donne l'impression de ne pas être entières. Soudain, il y a du bruit en bas, nous courons nous réfugier sous une table avec une longue nappe légèrement transparente, qui touche le sol. La porte d'entrée grince, les escaliers couinent, une ombre se tient dans l'encadrement de la porte des escaliers, nous discernons à peu près les contours. C'est un homme, il tient un objet dans sa main droite, une sorte de cylindre, il appuie dessus avec son pouce, un bruit sourd résonne alors dans toute la pièce, est-ce une arme ? Et s'il nous voit ? Et s'il nous veut du mal ? Trop de questions me bouleversent, je n'arrive plus à me contrôler, je tremble tellement que je viens de faire bouger la nappe. Il ne l'a pas remarqué, il est bien trop concentré sur le cylindre. D'un seul coup, une lumière en jaillit, c'est une lampe torche, il fait une danse de la victoire ridicule, son visage est éclairé quelques secondes. Il est jeune, il doit avoir notre âge, environ 15 ans. Il fait environ 1,80m, il se dirige vers nous, la panique remonte, que va-t-il faire ? Il prend une chaise et s'assoit à table, son genou cogne un objet dur, ça fait du bruit, puis je sens Noémy me tomber dessus, le coup a été si rude, qu'elle a perdu connaissance. Je ne sais pas quoi faire, habituellement j'aurais utilisé mes I-boucles, mais là ce n'est pas possible, tant pis pour la sécurité, je sors de dessous la table, et je demande de l'aide. On se retrouve face à face, lui et moi, il est paralysé de voir quelqu'un se tenir devant lui, chez lui. Je lui explique rapidement tout ce qui vient de se passer, il ne perd pas de temps, il m'aide à déplacer de dessous la table Noémy. On se rend compte qu'elle est pleine de sang au niveau de la tête, les clous du jeans du garçon ont frappé son arcade sourcilière. Il descend en courant les escaliers. 2 minutes plus tard il revient avec une mallette blanche en fer avec une croix rouge dessus. Il me dit que c'est une trousse à pharmacie, que cela était utilisé il y a plusieurs siècles, lorsque les sinum Medicinae, des petits robots médecin, qui effectuent les premiers secours, et comme toutes les technologies, seulement lorsqu'il y a du réseau. Il lui met des strips adhésifs pour refermer la plaie, lui nettoie le sang sur le visage avec du spray antiseptique, et nous avons plus qu'à attendre qu'elle se réveille. En attendant nous discutons, j'apprends qu'il s'appelle Josh, il a 15 ans (je suis trop forte, je l'avais deviné), il aime l'odeur des livres en version papier, qu'il aime apprendre de nouvelles choses, que sa matière préférée était les mathématiques, et qu'il vit ici, dans la maison de son grand-père, qui a été enlevé par la bête il y a de cela 3 ans. Je lui demande où sommes-nous réellement. Il me répond dans la région de Somnium, en Suisse. A ce moment-là, Noémy reprend conscience, elle nous demande ce qui s'est passé. Josh se présente de nouveau à mon amie. La soirée passe, nous mangeons ensemble, du pain, du beurre une tranche de jambon et une banane. Le lendemain matin, Josh décide de nous faire visiter la région, c'est très vert, nous allons manger dans une auberge à 5 km au nord de la maison. Il a l'air heureux, il nous dit que depuis ces trois dernières années, il n'a parlé à personne, il n'a aucun ami, aucune famille, il est seul. Nous lui proposons de rester avec nous, il nous dit oui avec un grand sourire, mais il ne veut pas trop s'éloigner de chez lui. Alors à son tour, il nous propose de venir habiter chez lui. Avec Noémy on se regarde, elle acquiesce, je lui dis oui, lorsque tout à coup une alarme retentit. Elle est si forte, je regarde mes deux amis, ils sont souriants, ils n'entendent pas cette sonnerie. Je vois, deux grands hommes habillés de noir se diriger dans ma direction, ils me fixent. Soudain, j'ai l'impression que l'on me donne des coups dans les côtes, c'est Emy, elle me dit de me réveiller, que le cours est fini. Alors je me réveille en sursaut, j'étais perdue, il me faut quelques secondes pour comprendre que je me trouve au lycée de Dammartin. Je relève la tête et devant moi, se trouvait la professeure de français. Elle me regarde d'un œil sévère. Je suis en panique, que dire ? Que faire ? Je m'excuse, je lui dis que cela ne recommencera pas. Je me lève, pour quitter la salle pour aller dans le prochain cours, et une douleur dans les genoux m'arrache un petit cri de douleur. Je me penche pour les voir, ils sont pleins d'égratignures et de coupures plus ou moins profondes. Mes pieds me font mal aussi, comme s'ils étaient à sang, et le bas de mon pantalon est taché de terre, et si cela n'était pas un rêve ?