Je vis dans une grande maison, perdue au milieu de la forêt. J'en ai héritée il y a de cela deux semaines, mon grand-père me l'a léguée à sa mort. Cette maison m'a toujours fait peur, enfant, chaque fois que j'allais chez lui, j'avais des frissons en entrant. Je la trouvais étrange, mystérieuse, terrifiante, elle dégageait quelque chose que je ne pouvais décrire, elle me perturbait. Mais, puisque je n'avais plus d'appartement, j'ai décidé qu'aller y vivre était une bonne solution. Je ne l'avais pas revue depuis des années, quand j'y suis retournée, on aurait dit que la nature avait prit possession de ce terrain : des ronces délimitaient l'entièreté de la maison, d'immenses lierres grimpaient le long des murs, et des plantes éteintes dispersées un peu partout. Malgré tout cela, elle était encore en bon état. De gigantesques barrières en bois sombre fermaient l'endroit. Les arbres disposés tout autour de la maison bloquaient la lumière, par conséquent il faisait très noir et froid. À l'intérieur, j'avais l'impression que tout avait été entassé, il y avait beaucoup de choses, trop de choses. La décoration faisait froid dans le dos. L'ambiance me glaçait le sang, tous les rideaux éteints tirés, aucune lumière ne passait. Il y avait un grand escalier, j'avais l'impression qu'il aurait pu lâcher dès que je poserais le pied dessus. Et le détail qui me faisait me sentir plus mal que tout : il y avait des vieux tableaux partout.Un soir, ne pouvant pas dormir, je me suis levée pour aller prendre mes médicaments contre l'angoisse et les insomnies. En descendant les escaliers, j'ai remarqué que la porte d'entrée était ouverte. Pensant que j'avais encore oublié, je suis allée la fermer. Quand je suis passée près de la porte, j'ai remarqué une silhouette au loin, c'était une femme, enfin ça en avait l'air. Je me suis approché de la vitre pour mieux l'observer mais un vent rude m'a surprise. Tout était silencieux à présent. Même les criquets avaient cessé de chanter. Puis les lumières se sont mises à clignoter et les portes claquées. À ce moment précis, je ne savais plus quoi faire, je suis restée paralysée par la frayeur. J'ai finalement réussi à me ressaisir et suis allé à ma fenêtre, elle... Elle était toujours là, je crois qu'elle était en train de me surveiller. Cette femme, cette personne, cette chose, n'avait pas de jambes... Elle flottait. Était-ce un fantôme ? Une hallucination ? La fatigue me jouait elle un tour ? Je n'en savais rien. J'ai cligné les yeux et tout avait disparu, les portes étaient fermées et cette créature n'était plus là. Je suis remontée et je me suis enfin endormie, bien que j'aie eu du mal.
Le lendemain, j'avais pensé à un rêve mais ma cuisine avait été saccagée, les placards étaient ouverts, les couverts cassés et la table renversée. J'ai tout rangé puis je suis allé vérifier que rien n'avait été volé. Je n'ai pas appelé la police, de toute façon ils ne m'auraient pas cru ! J'ai pris mes anxiolytiques et mes antidépresseurs puis je suis allée faire un tour au lac d'à côté pour me changer les idées. Arrivée le bas, j'ai commencé à lire mais je n'ai pas eu le temps de lire deux pages que le temps est devenu gris. Il y avait ce vent, le même que celui de la veille. J'ai vu les oiseaux se figer au vol et tomber, et la silhouette m'est encore apparue... Le temps s'est ralenti et elle est arrivée devant mon visage. Elle était magnifique, mais d'une beauté qui faisait peur... Ses cheveux étaient d'un noir si intense et réfléchissant qu'ont coté les miroirs n'étaient plus à la hauteur. Ses yeux, d'un blanc translucide faisaient apparaître ses vaisseaux sanguins, c'était horrifiant. Elle a mis ses longues mains froides sur mon visage, puis m'a griffée les joues. Tétanisée, je ne pouvais plus rien faire... Puis, cette chose a poussé un cri strident, si aiguë que j'avais l'impression que mes tympans implosaient. Quand elle s'est évaporée, j'ai poussé un soupir de soulagement puis j'ai couru m'enfermer chez moi et j'ai trou. Je ne savais plus quoi faire alors je suis partie de cette maison des horreurs mais aujourd'hui, elle hante encore mes pensées...