Premier amour

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«Si tu ne vas pas le voir demain, alors c'est moi qui le ferais ! Et crois-moi que si c'est le cas, tu le regretteras à un point que tu ne peux même pas imaginer.»

Voilà ce que m'a dit Uraraka-san, hier soir, à la sortie des cours. Elle avait été clair: si je ne me déclare pas aujourd'hui à Todoroki-kun, alors c'est elle qui ira lui raconter ce que je pense de lui. J'ai eu beau lui dire que ce n'était pas ses affaires, que ça ne regardait que moi et que sa menace était puérile, la brune a refusé de céder.

J'avance le plus lentement possible vers Yuei, la boule au ventre.

J'ai toujours dit à ma meilleure amie que je lui déclarerais mon amour un jour ou l'autre. Mais j'ai toujours repoussé "ce jour". J'avais bien trop peur. Je suis terrifié par la non-réciprocité de mes sentiments. Je me suis toujours imaginez les pires scénarios possibles.

Admettons que Todoroki-kun soit seul et que j'arrive miraculeusement à prendre mon courage à deux mains pour lui avouer d'une traite tout ce que j'ai sur le coeur.

Scénario numéro un: il n'a rien compris, j'ai parlé trop vite. Dépité, je bafouille des excuses et m'enfuis en courant.

Scénario numéro deux: il a tout compris, mais me rejette. Je pars en dépression et ne sors plus de ma chambre pendant un mois, avec pour seule compagnie un pot de glace et ma figurine grandeur nature d'All Might.

Scénario numéro trois: je décède de honte avant même d'entendre sa réponse.

Scénario numéro quatre: je me réveille, ce n'était qu'un rêve. Bizarrement, c'est le scénario qui me plaît le plus.

Scénario numéro cinq, écrit par Uraraka-san: Il m'avoue que mes sentiments sont réciproques, on s'embrasse passionnément, on se marie et faisons des enfants.

Vous admettrez que le dernier synopsis est tout de même beaucoup trop utopique pour être vrai.

«Deku-kun !»

La voix de ma meilleure amie me sort instantanément de mes pensées. Je réalise alors que je suis arrivé devant l'établissement.

«Bonjour, Uraraka-san.»

Elle esquisse un grand sourire malicieux, rempli de sous-entendu. J'avale difficilement.

«Tu sais ce que tu vas devoir faire aujourd'hui n'est-ce pas ?

-Tu es diabolique Uraraka-san.

-Je sais ha ha ha !»

Nous entrons en classe. Comme d'habitude, mon regard croise le sien. Et comme d'habitude, je suis le premier à rompre le contact visuel, à me détourner de ses yeux vairons.

Pendant toute la première heure de cours, je réfléchis à un moyen de lui déclarer mes sentiments. Je n'ai pas le courage de le lui avouer par voie orale, alors j'opte pour l'écris.

Je déchire un page de mon cahier à l'effigie de mon idole -comment ça, je suis un fan trop obsessionnel ?- et commence ma lettre.

Cher Todoroki,
Je t'aime.

Je raye tout ça. C'est beaucoup trop niais et beaucoup trop directe. Je ne voudrais pas le faire flipper non plus.

Cher Todoroki,
Je ne sais pas trop pourquoi j'écris cette lettre... Enfin si. Mais non.

Je râture le tout. C'est pathétique.

Salut Todoroki, on t'as déjà dit que t'avais un beau boule ?

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