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Louis détestait les lendemains de soirée, il se sentait toujours nauséeux et engourdi. Il en profitait pour dormir toute la journée, commander des pizzas et regarder des séries idiotes. Comme il était bon élève, ses parents ne lui en tenaient pas rigueur. La seule obligation qu'on lui donnait était le dîner annuel du premier janvier organisé par l'entreprise de son père. Ce dernier était le directeur d'une grande marque qui vendait des meubles de cuisine partout dans l'Angleterre, et il ne voulait pas risquer sa réputation en venant à son propre dîner sans son fils. Louis, comme tous les adolescents, n'aimaient pas grand-chose d'autre que les jeux vidéos et les sorties entre amis. Chaque année, ce repas était un supplice pour lui. Il ne connaissait aucun des collègues de son père ni leurs enfants, bien trop jeunes pour lui, et il entendait parler affaires toute la journée. Évidemment, sa mère lui sommait de se tenir droit, de rafistoler sa cravate, de se recoiffer... Louis ne se sentait jamais aussi soulagé que lorsqu'il rentrait enfin chez lui.

Cette année encore, alors qu'il venait de fêter ses dix-sept ans, il n'échappa pas à la règle. Comme d'habitude, il avait tenté de dissuader ses parents de l'emmener avec eux, il avait essayé de négocier une tenue plus confortable, en vain. Il dut suivre ses parents jusqu'au building chromé de son géniteur. Le repas grandiose avait lieu dans l'une des salles de réception. La décoration était si chic et les invités si bien habillés que Louis se serait cru dans un mariage. Son père et les organisateurs avaient encore une fois mis les petits plats dans les grands. Ils mangèrent une dinde tendre et juteuse, des pommes de terre croquantes et parfumées et des petits légumes frais. Le dessert, un crumble aux framboises et une gelée de citron vert, était généralement le moment où tout le monde commençait à se disperser et à parler de travail et d'affaires en tout genre qui n'intéressaient jamais Louis. Au milieu de la salle se dressait un immense sapin de Noël qui brillait de milles feux. Louis avait l'impression qu'il devenait de plus en plus grand au fil des ans. Sous cet arbre, il remarqua un garçon qui semblait avoir son âge et qui pianotait sur son téléphone. Il était habillé d'un joli costume noir bien repassé qui lui retombait parfaitement sur les poignets et les chevilles, et ses cheveux bruns bouclés étaient coiffés en une mèche épaisse sur son front. C'était la première fois qu'il le voyait ici et Louis se demandait de qui pouvait-il être le fils. Même s'il ne parlait jamais à personne et que les associés de son père changeaient régulièrement, il savait reconnaître les visages familiers, et celui-ci n'en était pas un. Le garçon, sans doute avait-il senti un regard sur lui, releva la tête et observa Louis, assis sur sa chaise et entouré d'adultes trop joyeux à son goût. Il lui adressa un petit sourire et le bouclé le salua de la main.


- Va lui parler, suggéra sa mère. Et comporte-toi bien.


Johanna n'était pas une mère exigeante ni toujours sur son dos, sauf le premier janvier. Elle tenait tellement à la réussite de son époux, Mark, que tout devait être parfait, y compris elle et son fils. Louis acquiesça et se leva. Il repassa rapidement son pantalon et se dirigea vers le garçon. Pour une fois qu'il pouvait potentiellement discuter avec quelqu'un...


- Le bouton de ta chemise est défait.


Ce fut la première phrase que l'inconnu lui adressa, un sourire au coin de la lèvre. Louis se mit à rire doucement, une teinte rouge colora ses joues tandis qu'il ferma correctement sa chemise.


- Merci, moi c'est Louis.

- Harry.


Harry rangea son téléphone dans sa poche et regarda autour de lui. Il avait l'air aussi ennuyé que lui.


- Pourquoi t'es là, toi ? demanda le mécheux.

- Je suis le fils de Mark Tomlinson, le directeur. Et toi, t'es le fils de qui ?

- Desmond Styles, le nouvel associé de ton père.


Louis se souvenait d'avoir entendu parler d'un certain "Styles" cette semaine, mais il n'avait pas prêté attention à la teneur de la conversation. Il hocha la tête et se balança sur ses pieds un peu trop serrés dans ses chaussures italiennes. Harry était un garçon sociable et il n'hésita pas à lui faire la conversation pendant de longues heures. Louis apprit qu'il était un peu plus jeune que lui et qu'il allait fêter ses seize ans le mois prochain. Il était scolarisé dans le deuxième meilleur lycée de Londres, avait une sœur du nom de Gemma et parlait couramment trois langues, ce qui aidait beaucoup Desmond pour négocier des contrats avec des étrangers. Ses jeux vidéos préférés étaient les jeux de guerre, ce qui intéressa beaucoup Louis, et ils se perdirent tous deux dans les paroles l'un de l'autre. Il se trouvait qu'ils avaient de nombreux points communs et bien qu'Harry soit assez jeune, il était mature et réfléchi. Louis avait rarement l'occasion de discuter avec des personnes aussi drôles et fraîches qu'Harry. Contrairement aux autres années, il ne vit pas la journée passer. Il avait l'impression d'être ami avec Harry depuis toujours et il eut l'intime conviction qu'ils le seraient pour longtemps.

Louis ne crut jamais dire ça un premier janvier, mais il était malheureusement déjà l'heure de rentrer dans leur immense maison, dans l'un des quartiers les plus chères de la capitale. Il savait qu'il aurait l'occasion de revoir Harry, mais il lui demanda tout de même son numéro de téléphone parce qu'il ne voulait pas attendre des mois avant de rire à nouveau avec lui. En rentrant, il se débarrassa enfin de ses vêtements trop classes pour enfiler un jogging large. Il s'enferma dans sa chambre et alluma son ordinateur pour chercher le profil d'Harry sur les réseaux sociaux. Sur toutes ses photos, il était souriant et entouré d'amis. Comme Louis, il ne manquait pas d'argent, mais il n'exposait rien. Il n'osa pas l'ajouter à sa liste d'amis, de peur de paraître psychopathe.

Dans la nuit, il reçut une demande d'ami de la part d'Harry, et un message.


je V manger à la pizzeria avec D amis demain, tu veux venir ?


Louis, qui ne dormait pas encore, sourit et réfléchit. Harry et ses amis étaient plus jeunes, il avait peur de s'ennuyer et qu'ils soient trop enfants. Comme s'il parlait à une personne physique, il haussa les épaules.


O.K. où et quelle H ?

12:30 prends la ligne 12, je viendrai te chercher a+

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 19, 2019 ⏰

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365 JOURS || Larry StylinsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant