Partie 3

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Je prenais tout mon temps, et ça ne m'étonnerait pas d'avoir passer des heures pour faire à peine un seul kilomètre. Quand j'arrivais enfin à une modeste arche qui marquait l'entrée du village, je m'émerveillais face aux détails de l'architecture : des peintures de couleurs et des gravures magnifiques figuraient sur toutes les structures.  À première vue, j'aurais adoré vivre ici. C'était vraiment un endroit paradisiaque. Je continuais ma route, me baladant dans les rues étroites. Découvrant des maisons plus belles les unes que les autres. Pour l'instant je n'avais croisé personne et je commençais même à m'inquiéter : se pourrait-il que ce soit un village abandonné ? Conscient que cet endroit était ma seule chance, je ne perdais pas espoir. Alors j'ai cherché, arpenté tout le village : toujours personne. Je m'assis sur un banc, cherchant une idée, la solution. « Tout problème a sa solution », j'y croyais, cette situation avait forcément une explication. Je pensai enfin à toquer à une maison, j'étais bel et bien un idiot pour ne pas y avoir pensé plus tôt. Après m'être dit qu'il fallait que j'améliore ce point là de moi de toute urgence, je me relevai et allai toquer à la première porte devant moi. Personne ne m'ouvrit. Je ne baissai pas les bras et continuai. J'avais toqué à toutes les portes. Il ne me restait plus que cette immense maison qui ne possédait aucune décoration de couleurs : tout était colorié de noir. J'avoue que ce bâtiment m'intriguait. Qui au monde ne l'aurait pas été face à cet intrus au milieu de cette multitude de couleurs ? Tout était harmonieux, si ce noir ne faisait pas autant « tâche », cette ville aurait été parfaite pour toutes sortes de fêtes. J'y voyais vraiment un magnifique carnaval. Toujours immobile devant cette bâtisse, je me lançai finalement. Je toquai, attendis quelques secondes, m'apprêtai à faire demi-tour quand la porte s'ouvrit. Une voix douce cassa le silence :

« Que fais-tu là jeune homme ? »

C'était une belle dame. Elle avait les cheveux assez courts avec une frange. Ils étaient d'un noir intense, ils faisaient parfaitement ressortir ses yeux verts. Son corps était comparable au village : en parfaite harmonie.

« Bonjour... Euh... Je m'appelle Tobiasse, je suis arrivé il y a quelques heures et je cherchais des informations sur la région. Avez-vous des choses pour moi ? »

La dame me toisa d'abord de haut en bas, jugeant mon apparence, à croire que ça pourrait définir quelqu'un. Je restais droit, un poil angoissé, cachant ma joie d'avoir enfin trouvé quelqu'un dans cet endroit perdu. Elle finit par regarder aux alentours et m'invita à rentrer. Son visage s'était adouci. Je m'exécutai. Je découvris pour la première fois l'intérieur d'une des maisons de ce village plus qu'intriguant. Les murs étaient peint de blanc, avec une bande noire qui faisait le tour de la pièce. L'intérieur contrastait parfaitement avec l'extérieur : il paraissait plutôt moderne alors que l'extérieur donnait l'impression que ces maisons dataient de centaines années. La dame me guida jusqu'à une grande pièce où des dizaines de regards désespérés se tournèrent tout d'abord sur moi pour ensuite se reposés sur la feuille déposée devant chaque personne. Une fille pourtant gardait de grands yeux ronds. Elle me fixait, d'abord choquée puis plus heureuse que jamais. Elle s'exclama :

«  C'est lui ! Tu t'appelles Tobiasse n'est-ce pas ? Les amis, c'est lui ! On l'a trouvé, il va nous sauver ! »

Tous les regards passaient de moi à la fille. Je ne comprenais rien, je ne savais pas quoi conclure. Mais qu'est-ce qu'il m'arrivait bon sang ? Petit à petit, tout le monde se détendait, un sourire apparaissait sur certain visage, des cris de joie se faisaient même entendre. Ils se levaient tous peu à peu. Tout le monde m'harcelait  de questions. Pris de panique, je criai à tout le monde de s'arrêter. Tout le monde se tue et se réinstalla à sa place, bouche bée. Même la dame alla s'asseoir en bout de table. J'étais seul, debout, en face de gens qui me confondaient sûrement avec quelqu'un. Ça n'avait absolument aucun sens. Il fallait absolument que je comprenne. Je compris vite qu'ils attendaient que je prenne la parole :

« Bon... et bien... je ne sais absolument pas ce qui se trame ici. Je pense que vous me confondez avec quelqu'un. Je ne vous connais pas et je viens d'arriver. Je venais seulement chercher des informations sur ce lieu et me voila là. Par pitié, je vous demande juste de m'aider... »

Pendant quelques secondes le silence persistait, j'attendais la réponse, toujours aussi perdu. Personne n'avait l'air décidé à me la donnée. Mes yeux finirent par se poser sur la jeune fille qui avait lancé ce mystérieux engouement envers ma personne. Elle avait l'air préoccupée. Elle se leva, me regarda au plus profond des yeux, comme peu de gens le font naturellement. J'en eu des frissons. Après avoir marquée un temps de réflexion, elle finit par prendre la parole : elle m'expliqua qu'un terrible danger menaçait la ville. Un énorme trou noir qui avalait tout sur son passage grandissait derrière les collines que j'avais aperçues derrière moi à mon arrivée. Tout le monde était angoissé, c'était la panique totale. Depuis qu'ils avaient découvert l'existence de ce trou noir, ils faisaient une réunion tous les jours dans le bâtiment où nous étions. J'appris qu'il était question du principal édifice de la ville : toutes les décisions importantes y étaient prises. Étant donné l'étendue de la situation, tout le village, du plus jeune au plus vieux, était convoqué. Toutes les idées, même les idées les plus tirées par les cheveux, étaient prises en compte. Tout le monde avait son mot à dire, là dessus, les habitants me donnaient une bonne leçon. Le temps pressait, il fallait trouvé la solution, et selon eux, c'était moi. Effectivement, depuis petit on leur contait l'histoire d'un héro, créateur du monde : Tobiasse. Mais un jour, tombé dans une extrême souffrance, il abandonna, laissant son monde sombré dans l'oubli. Alors, Tolia, le village créé par Tobiasse, hérita d'un triste destin. Voyant la ville tomber dans le néant, le créateur revint sauvé son village. Il y parvint et le village reprit ses habitudes, soulagé de cette réapparition soudaine. 

Son récit finit, la fille et toute l'assemblée s'obstinait à me fixer. Troublé par ma bouche et mes yeux qui étaient grands ouverts. Quelle était cette histoire ? J'étais bouche bée. Moi, Tobiasse, avait créé Tolia, c'était tout simplement le village de mon livre. C'était moi qui avait créé de toutes pièces tous les gens se trouvant autour de cette table. Tout me revenait. Je me voyais même décrire Diane, la dame qui m'avait ouvert, mère de famille au grand cœur malgré son apparence ou encore Hannah,  la fille aînée de Diane qui m'avait tout expliqué, jeune fille plutôt réservée d'apparence elle est très intelligente et possède un charisme naturel respectable. Tout était plus beau en vrai. J'étais plus que sous le choc. Sous la pression des regards, je me décidai et finis par articuler un léger :

– Ce que vous me dites là me... bouleverse un peu... non, beaucoup. Effectivement, c'est moi Tobiasse, votre créateur... Et donc selon vous je suis votre sauveur ? Mais comment pourrais-je faire cela ?

– Il suffit que tu finisses ce que tu as commencé, répondit Hannah.

– Comment ça ? Je ne peux pas, je ne suis pas chez moi, je n'ai pas mes feuilles, rien du tout sur quoi me baser. Je vais faire n'importe quoi... mieux vaut abandonner, je m'excuse mais je ne peux rien faire pour vous.

– Tu n'es pas un bon à rien ! Regardes donc tout ce que tu as fais ! Tout ce qu'il y a ici, que ce soit ce village ou bien rien que la couleur de l'herbe dehors, c'est toi qui l'a imaginée. Tu as ce génie là. Essayes, par pitié, sauves nous ! me demanda Diane avec des yeux suppliants.

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Encore désolé pour les fautes.

Il n'y a rien de meilleur que le mal.Where stories live. Discover now