∼Rencontre∼

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"مَاكْبِرْ عِينِيكْ، شِسْمِكْ إِنْتِ؟"

Telles furent les premières paroles que j'ai prononcé en m'adressant à la petite fille qui s'est mise à côté de moi lors de ma première rentrée scolaire. Je me rappelle de sa minuscule tête et ses joues rubicondes, ses nouvelles dents qui poussaient et qui étaient visibles malgré qu'elle gardait la bouche fermée, exactement comme un petit rongeur tout mignon, ses yeux qui me paraissaient disproportionnés par rapport à son visage mais ça lui donnait un charme qui me séduisait. Elle avait les cheveux longs, lisses et portait plusieurs barrettes. Ça me rappelait un peu les personnages timides et mignons stéréotypés des dessins animés que je regardais à l'époque. Elle me posa une question toute bête pour commencer une conversation avec moi:
" -comment tu t'appelles?
-Tes yeux sont si gros.
-Moi c'est Imen"
J'ai senti que mes cheveux se hérissaient, j'ai même cru à un moment qu'ils allaient décoller et exploser comme des feux d'artifice. Je trouvais ça joli car j'adorais comment ça brillait. J'observais ses habits; des couleurs fades, du marron et du beige, ça me rappelait ce que Manel portait, elles avaient un style plus au moins semblable mais ça me paraissait bizarre car pour moi seuls les adultes portaient ce genre de couleurs cramées. Ça lui donnait un peu d'unicité car toutes les filles de ma classe portaient des vêtements roses. Aaaaah qu'est ce que je détestais cette couleur. Et d'un coup je me suis rappelée qu'elle m'avait posé une question à laquelle je n'avais pas répondu, alors j'ai chuchoté:"moi c'est Ghalia".
Entre l'admiration titanesque pour elle, qui dans ma tête prenait forme et rivalisait avec la taille du soleil, et, l'extase de rencontrer un personnage de dessin animé vivant je me suis retrouvée contrainte à une décision. Une décision très difficile pour une petite fille de 6 ans qui était perdue parmi ces tortues bleues et roses. Je choisi le moment propice pour prononcer mon dernier jugement en la regardant droit dans les yeux (je devais avoir l'air d'une psychopathe) : "Tu vas devenir mon amie." Et c'est là que le petit chiwawa tout craquant récompensât le Saint Bernard par des patpats. J'ai du me sentir gênée à ce moment. J'ai alors décidé de la surnommer moustique car elle était tout simplement minuscule, et sa voix aiguë était tout aussi insupportable que le bruit de ces insectes durant les nuits d'étés.
Depuis je n'acceptais de parler qu'avec elle (d'ailleurs elle n'arrivait pas à prononcer toutes les lettres donc au lieu de dire ق elle disait ka, mais à mes yeux ça lui rajoutait juste un air enfantin et mignon), je lui étais fidèle mais elle a essayé à de nombreuses reprises à me filer entre les pattes pour rester avec des vrais filles. Je n'en étais peut-être pas une à ses yeux, mais je m'en foutais je savais qu'en grandissant un penis allait pousser comme les haricots magiques de Jacques entre mes jambes donc je savais que j'allais être un garçon. Chaque personne qui essayait de s'approcher d'elle je l'abattais. C'était la petite princesse que je ne voulais pas voir se faire tacher de sang car elle était si pure. Une année passa, une deuxième aussi. Elle finit par quitter l'école. Et c'est ainsi que je me suis retrouvée seule.
J'ai perdu contacte avec elle et un jour je l'ai rencontré par hasard en séchant les cours au collège, on est resté à se parler quelques heures. J'étais tellement contente. J'aurai bien voulu raconter à Manel ça pour partager ma joie et ma bon humeur d'avoir retrouvé moustique, mais elle allait sans doute se fâcher que j'aie séché, donc j'ai tenu ma langue et je n'ai rien dit.

Une Nuit MagiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant