Lana sortit de la salle d'entraînement en titubant. Ses yeux, transpercés par la lumière des lampes, lui brûlaient. Elle s'affala contre le mur qui jouxtait la lourde porte à double battants, faisant perler la sueur qui lui inondait le visage. Cette entraînement était encore plus harassant que celui de la veille. Comment je fais pour supporter ça, moi ? se demanda-t-elle à haute voix. La réponse était pourtant évidente : elle n'avait pas le choix. Allier exercices magiques et exercices physiques pendant quatre heures était ridicule et contre productif, mais selon ses parents, son corps devait être mis à rude épreuve pour se renforcer. Alors qu'elle perdait son temps à ses ruminations, une servante arriva au trot, ses oreilles de louves redressées :
―Vous allez bien mademoiselle ? Tenez, je vous apporte une serviette imbibée d'eau fraîche.
―Quand vas-tu enfin me foutre la paix, le clébard ?
La domestique eut l'air blessée. Elle s'approcha et posa la serviette humide aux pieds de Lana, puis fit sa révérence, avant de se retirer. Lana soupira d'exaspération et ne prit pas la peine de ramasser le bout de tissu. S'accrochant au décorations de bois saillantes du mur, elle se redressa laborieusement. Elle avança dans l'immense couloir luxueux, passant au milieu de vases en porcelaine et de meubles richement décorés. Elle s'arrêta à un carrefour, ne sachant plus où aller tant elle avait mal à la tête.
La salle de banquet devait certainement être garnie de nourriture en tout genre, et Lana avait une faim de loup. Elle prit le chemin de droite et avança sur une centaine de mètres, jusqu'à atteindre l'immense double-porte au fond du couloir. Sa main frappa à trois reprises sur les lourds vantaux, qui s'ouvrirent avec des craquements sourds, laissant apparaître la gigantesque salle de banquet. En entrant, les deux fils du Duc la fixaient de leurs yeux insidieux. Je vais me passer de nourriture pour le moment, se dit-elle avant de faire demi-tour. A peine eut-elle le temps de tourner la tête qu'une orange s'écrasa à l'arrière de son crâne. Lana se retourna et regarda ses les deux jeunes hommes, soumise :
―Excusez mon dérangement, je ne voulais pas vous gêner.
―Tu as de la chance que je sois assez fainéant pour ne pas t'en coller une, sale chienne ! gueula Elis, l'aîné.
Lana fit sa révérence et sortit de la grande salle au trot. Sa chance était avec elle aujourd'hui car habituellement, pendant leurs heures de repos, ces deux déchets venaient la tourmenter et la battre. Vu son état de fatigue actuel, elle n'aurait pas pu se relever. Un grand sourire se dessina sur son visage : ces quelques heures de répit la rendait heureuse.
Lana se dirigeait vers le hall, où se trouvait le grand escalier circulaire. Un grand repas était organisé le soir même, la contraignant à devoir s'habiller de manière convenable. Une fois dans sa chambre, au deuxième étage, elle s'assit pesamment sur son lit. Elle soupira longuement puis alla fouiller dans son armoire pour en sortir sa longue robe d'apparat, qu'elle posa sur sa couche. Une fois ses vêtements retirés, elle se présenta devant son miroir : son corps athlétique laissait transparaître des muscles puissants. Juste au creux de sa poitrine discrète, une fine cicatrice coupait verticalement son sternum ; une autre, plus apparente, était situé sur son épaule gauche. Elle haïssait ces marques, éternels témoignages de ses entraînements. Ses longs cheveux bruns cascadaient jusqu'au milieu du dos, aussi lisses que sa peau. Elle était cependant loin de louanger son corps : elle détestait son visage, qui exhibait toujours un sourire grotesque ou un froncement de sourcils nerveux. Elle détourna les yeux du miroir et s'empara de sa robe. A vingt heures, le Duc de Parse allait arriver au château, et elle se devait d'être présente pour l'accueillir. Elle regarda par la fenêtre la position du soleil : il ne lui restait qu'une trentaine de minutes pour se préparer. Lana ajusta une dernière fois sa coiffure, sa robe et se dépêcha de quitter ses appartements.
