1. Le Bar

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En ce jeudi soir, il pleuvait des cordes, je venais d'arriver au Molotow, le bar de mon oncle Fernando qu'il tenait depuis une bonne dizaine d'années, Son bar était réputé pour être le meilleur de notre village et en effet il l'était. Du style vintage au style rétro, il comportait une petite scène en bois où chaque vendredi soir passait un certain nombre de personnes, des vieux, des jeunes, tout y passait car soit disant ce sont des artistes. Pour moi, c'était une perte de temps. Il était situé entre deux villages pour être exact. Deux villages qui sont en rivalité suite à des écarts de richesse. Le notre est en crise, des magasins ferment leurs portes et vont s'implanter ailleurs, plus précisément à Brickstone. Les lycées étaient, eux aussi en rivalités. Le week-end, peu importe où il y avait des soirées, il y avait toujours des bagarres. Du moins c'était ce que me racontait Connie car pour ma part, je ne sortais jamais.

Connie est la seule amie que j'ai, je pouvais la voir travailler au loin, je pouvais aussi voir mon oncle qui lui me regardait méchamment en me voyant arriver, j'étais en retard, comme toujours.

La soirée avait déjà commencé depuis pas mal de temps, la salle était bien remplie. Des personnes chantaient ou d'après moi criaient, riaient encore plus fort que la musique en fond qui n'était autre que du rock doux, ils s'amusaient comme ils pouvaient. Le Molotow était un endroit de neutralité du fait qu'il soit situé à la frontière de ces deux villages, il y avait très rarement de bagarres et de conflits.

Je travaille parfois dans le bar histoire d'aider mon oncle lorsqu'il en a besoin .

Demain allait être mon premier jour d'école, je suis déscolarisée depuis 3 ans, j'ai eu un accident de voiture et j'ai été dans le coma pendant un an

et je travaille dans ce bar depuis tout ce temps, je le connais comme ma poche, je pourrais vous dire qu'il y a toujours ce monsieur d'une cinquantaine d'années qui vient boire une bière parce qu'il est seul, ou que le samedi soir un groupe de motard s'installe vers la banquette près de la scène et boit des bières jusqu'à être soul. Notre village n'est pas très grand mais assez pour que je ne connaisse pas tout le monde encore. J'ai commencé à vivre ici il y a quelques mois. Auparavant je vivais dans la ville voisine

Je pouvais voir au loin mon oncle qui parlait avec Antonio, un ami de la famille et le meilleur ami de mon oncle. De ce qu'ils m'ont raconté, ils étaient ensemble en pensionnat, ils se considèrent comme des frères. Antonio avait perdu son unique fils, il ne s'en est jamais remis et parfois quand il vient à la maison, il est en crise. Pas une crise de tristesse, mais une crise de colère.

Mon oncle me dit toujours de monter à l'étage car il sait que parfois, j'ai peur de lui et pour avouer, je crois que même mon oncle a peur de lui.

« OH CENDRILLON ! Tu viens nous servir ou quoi ? »

Je divaguais, un groupe de jeunes étaient entrés et je ne m'en étais même pas aperçu.

Je pris mon calepin afin de prendre commande puis me dirigeait à leur table, où la lumière est la plus sombre.

Deux garçons prirent des bières et la fille aux cheveux brun frisé, un mojito.

« Et toi J ? Tu prends quoi ? »

Le « J » en question plissait les yeux pour regarder les alcools derrière le bar et répondit simplement dans un sourire qu'il voulait un ice tea.

Je partis préparer ce qu'ils voulaient et les entendait dans mon dos ricaner.

En préparant, je les entendais rire encore plus fort que tous ceux qui riaient déjà auparavant ; de temps à autres ils regardaient Connie et ils rigolaient plus encore.

« Retournes toi doucement et regardes comment il te regarde le groupe là-bas ! Tu les connais ?» m'interpella Connie

Ils avaient tous tourné la tête lorsque je les avais surpris, j'ai compris à ce moment-là ce n'est pas de Connie qu'ils rigolaient mais de moi. Ils avaient tous tourné la tête, tous sauf un, sauf celui qui me fixait, le fameux « J » (PS : Le J se prononce Djay sinon ce n'ai pas très beau).Il avait un regard noir si sombre, si transperçant. Lorsqu'il vit que je le regardais il me fit un sourire, un simple sourire qui étirait sa peau avec des fossettes sur chaque côtés de ses joues.

-Non, je ne les connais pas, ils doivent être de Brickstone

Connie me donna le plateau de boissons dans les mains et me fit un geste vers leur table pour que j'aille leur apporter.

Plus j'avançais, plus je les entendais rigoler. Un pas, puis un autre.

Arrivée à leur table, tout le monde arrêta de rire, ce silence était si pesant que tout ceux qui n'y étaient pas à leur table riaient si bas comparé à eux que j'aurais pu croire que cette scène avait été mise en sourdine.

La seule remarque qu'on m'ait pu me faire est celle de Connie : « T'es pas croyable »

MOLOTOWWhere stories live. Discover now