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-Si seulement je pouvais utiliser mes pouvoirs pour les faire tous cramés. Grognais je.

En ce vendredi soir, le bar-restaurant où je travaillais, était bondé.

En plein centre d'une petite ville nommée Blackwell, nous étions l'un des meilleurs restaurant-bar.

Situé en hauteur d'un immeuble, avec une vue à 360 sur la ville, nous proposions des plats variés et de qualité, en général frais et locaux. Le patron voulait de l'authenticité avec une pointe d'originalité et de créativité.

Du coté du bar, des liqueurs, alcool fort, cocktail maison et originaux ainsi que diverses bières.

Une musique lounge, d'ambiance calme et douce passait en boucle. Cela permettait d'avoir un discret fond sonore, de détendre les plus coriaces, et même de permettre aux blancs lors des conversations, d'être atténués.

Notre réputation n'était plus à faire, et certains n'hésitaient pas à faire des kilomètres juste pour venir ici.

Quant aux employés, le directeur les choisissaient avec soin. Lors des nouveaux entretiens, j'avais l'impression de voir devant moi, un casting pour une de ces nouvelles séries de Netflix. De jolis minois, des petites gueules d'anges, une pointe de sex appeal histoire de donner envie à la clientèle de revenir encore et encore.

Une décoration sombre et classe, lumière tamisée, et des bancs bien confortable de couleur crème de part et d'autre de la table.

Voilà qui expliquait le monde de ce soir.

On retrouvait tous les week-ends, les mêmes alcooliques. Il y a ceux qui viennent oublier leur soucis de la semaine, leurs problèmes au travail, à la maison, où tout simplement ceux qui ont l'impression que sortir et boire jusqu'a pas de raison et le summum de leur vie sociale.

Il y a ceux qui ont l'alcool joyeux et font la fête de leur côté sans embêter qui que ce soit, ceux qui ont l'alcool mauvais et cherchent la bagarre et la violence. Ces derniers sont vite jetés par le patron des lieux. Et enfin les derniers, ceux que j'ai envie d'écrabouiller, sont ceux qui se croient tout permis, et ont les mains baladeuses.

Et puis il y avait ceux qui voulaient impressionner leur moitié, ou bien qui esperaient ne pas rentrer seuls le soir.

Mais quel que soit leur profil, je n'en supportait aucun.

Je n'aimais pas les gens du tout, j'étais une solitaire et une asociale Je n'arrivais pas à me lier facilement. De part mes sombres secrets, je ne pouvais me permettre de tenir à qui que ce soit.

Du coup, pourquoi je travaillais dans un bar, rempli de personnes que je n'arrivais pas à supporter. Et dont la simple présence m'insupportait, et me donnait envie de me gratter et me provoquait de l'urticaire. Tout simplement car j'ai besoin d'argent mais surtout parce que c'est ici que travaillait ma seule et unique amie, Estellie.

La première fois que je l'avais vu, j'ai ressenti une attirance envers elle. Une attirance amicale, avec une envie forte de la protéger de tout le monde. Il n'existait pas sur cette terre, de personne plus gentille et adorable qu'elle.

Elle était la petite soeur que je n'ai jamais eu.

Elle ne devait pas tarder à prendre son service. Sa présence m'aiderait à affronter tout ce monde.

Etant brune au teint mat et aux yeux verts, je sais que j'ai un physique qui plaisait aux hommes. Mais je ne faisais rien pour les aguicher ou pour leur donner envie. Au contraire mon visage était tout ce qu'il y a de plus froid. Et mon ton quand je parlais à la clientèle est tout sauf agréable.

Je crois que le patron m'aimait bien pour me garder encore ici. Peut être aussi parce que je faisais mon boulot malgré tout, et je le faisais bien. J'étais toujours la première à dire oui pour des heures supplémentaires si Estellie travaillait.

J'étais une boule de nerf incapable de rester en place. J'avais ce qui s'appelle la bougeotte. Je devais toujours faire une activité, courir, faire du cross-fit, me promener mais je n'arrivais pas à ne rien faire. Même pendant que je mangeais, je ne pouvais rester assise.

J'étais une vraie féministe, je le revendiquais haut et fort. J'étais même dans l'extreme, jamais je ne permettrais à un homme d'avoir du pouvoir sur moi. Hors nous vivions dans une société où les hommes se croyaient tout permis, je portais un décolleté ou une jupe, et les voilà qui pensent que c'était une invitation. C'était quand même dingue qu'en 2020, on ne puisse pas encore réellement se sentir bien dans la tenue que l'on souhaitait. Ni même que l'on s'y sente à l'aise et en sécurité.

Ce soir, il y avait dans l'air une impression de malaise. J'avais l'impression que dans les jours qui allaient venir, un grand changement allait s'opérer. Le vieux débris accoudé au bar n'arrêtait pas de me reluquer la poitrine, je sentais qu'il allait se prendre une décharge s'il n'arrêtait pas très vite.

Je sentis des courants me traverser la main, et je dus forcer pour ne pas faire étalage des mes pouvoirs.

Mes pouvoirs, car oui j'ai des pouvoirs, je suis une sorte de sorcière. En vérité je n'en sais rien, certains talents me sont apparus à la suite d'un drame dans ma vie. Drame dont je faisais tout pour ne jamais y penser.

Je pouvais envoyer des décharges électriques et immobiliser qui je voulais. Je pouvais aussi faire léviter des objets. Après peut être que j'en possédais d'autres, mais on ne m'avait pas appris à m'en servir.

Et n'ayant pas de famille, je ne savais pas si c'était génétique ou autre. Et je n'avais encore jamais vu quelqu'un qui possèdait les mêmes facultés.

Je regardais les aiguilles de l'horloge avancer bien trop doucement à mon goût. Si seulement j'avais le contrôle du temps, je les aurais avancé de plusieurs minutes.

Les Loups de Blackwell 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant