07.

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Soneyon m'a encore fait la toilette, et quelqu'un est passé pour me raser. Je trouvais pourtant que la barbe de trois jours m'allait bien. Quand je pouvais encore me regarder dans le miroir... Je ne peux décider de rien ici. Même pas de ce que à quoi je peux ressembler. De si je dois manger ou non. De ce que je peux porter comme vêtements. De pouvoir sortir... J'aimerais bien ressentir le vent sur mon visage et dans mes cheveux. Ou juste sentir le soleil sur ma peau. Mais pour l'instant ils préfèrent que je reste cloîtré, enfermé, ici. Je dois être blanc comme les murs.. J'aimerais aussi qu'ils me traitent autrement que comme un animal malade et en cage. Ces fichus médecins...

Encore des médocs... Si j'avais encore mes yeux, je dirais que je vois flou. Mais je suis plutôt content, car le médecin m'a appris plus tôt dans la matinée que les infirmiers allaient enlever mon bandage. Je pense que ça me fera du bien de ne plus avoir ça sur la figure. Mes paupière ont besoin d'air libre, même si maintenant elles ne servent plus à rien. J'espère en tout cas que ce sera Soneyon qui s'occupera de moi. Et pas un de ces incompétents. Ils ne savent rien faire. Il n'y a que Soneyon qui sait bien faire les choses. Délicatement et soigneusement. Pas comme ces bourins.

J'ai attendu sûrement plusieurs heures - je ne vois plus le temps passer - avant qu'ils ne viennent. Enfin que mon petit coeur vienne s'occuper de moi. A mon plus grand bonheur c'est elle qui est venu. Elle a imbibé l'éponge et à tappoté doucement mon bandage pour l'humiditer. Elle a ensuite, avec le plus grand des soins, retirer la bande blanchâtre. En le déroulant tout autour de ma tête. Qu'est ce que ça fait du bien. Ma peau respire. Et mes paupières peuvent enfin s'ouvrir, sur le néant bien sûr. Malheureusement... Je ne vois rien, à part du noir, avec un filé de lumière. Qui paraît être invisible. Je me demande...

" Soneyon... I-ils sont c-comment m-mes yeux..?" J'ai peur. Je pense qu'ils sont répugnants. Sans couleur, sans âme...

" Monsieur Park.. Je..." Oui, c'est bien ce que je pensais. Ça la dégoute.

" C'est bon, laissez tomber. Je savais très bien qu'ils seraient laids de toutes manières..." Elle prend ma main, précipitamment et se corrige.

" C-c'est pas ce que je voulais dire.. J-je.. Je les trouve magnifiques..." Dit-elle en serrant ma main. Je sens son souffle s'écraser sur mon visage. Pourquoi est ce qu'elle est aussi prêt de moi ? Sa respiration est courte et la mienne commence à faire de même. Il est de plus en plus proche et..Je sens... Je sens ses lèvres sur les miennes.. Mais.. Je.. Elle serre un peu plus ma main et vient attraper l'autre, tout en mouvant ses lèvres.. Je ne sais pas quoi faire.

Je tourne doucement la tête pour décoller mes lèvres de siennes. Je dois dire que ce genre de contacts m'avaient manqué, mais je ne veux pas la faire espérer, ni la faire souffrir. Et encore moins l'utilisait.

" Soneyon..."

Elle souffle et se sépare dans un mouvement brusque de moi. Mais je l'entend encore respirer à côté de mon lit.

" J-je.. Je suis désolé. Je n'aurais pas dû." Elle est mignonne. Si j'avais pu la voir j'aurais parié qu'elle rougissait.

" Non, ne t'excuse pas. C'est juste que..." Je tend ma main pour qu'elle replace la sienne au creux de celle-ci. " J'aime les hommes Soneyon.."

Je pensais qu'elle allait partir en courant, ou enlever sa main mais au contraire. Elle caresse la mienne avec son pouce. Elle dépose ensuite un petit baiser humide sur ma joue.

" Je suis désolé d'avoir fait ça.. C'est juste que.." Je sais très bien ce qu'elle veut dire. Je sais ce qu'elle ressent.

" Je sais, petit coeur." Malgré la situation je trouve encore le besoin de l'appeller comme ça. Parce que malgré ça elle reste mon petit coeur.

" Merci.. J-je.. Je vais y aller. J'ai du travail.." Dit-elle après un petit blanc, qui dura sûrement plusieurs minutes. Dans le noir je n'ai plus la notion du temps...

"A plus tard." Dit-elle d'un ton triste et quelque peu désorienté.

Une fois la porte refermée, je souffle. Laissant mon souffle reprendre. Il s'était arrêté le temps de cette scène entre elle et moi. Je peux au moins respirer. Et mes yeux aussi. Mais j'ai beau essayer de regarder tout autour de moi il n'y a rien. Juste du noir. Un trou noir.

cet accident. >jikookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant