Mon ami Benedict m'a dit de venir voir l'exposition des élèves de l'Académie des Beaux arts à Liège. Si on m'avait dit que je ne le verrai plus jamais après je ne vous aurai pas cru.
La veille pourtant, autour d'un verre dans un endroit bien connu de la ville, un bar irlandais qui passait étrangement de la musique latino, Benedict me raconte sa passion pour une pièce de l'Académie.
Cette dernière a abrité de nombreux artistes depuis des siècles et même servi d'hôpital au lendemain de la première guerre mondiale. L'endroit en soi est déjà fabuleux en style classique où de nombreux élèves célèbres sont passés tel Léon Mignon, auteur du fameux " Toré " ce taureau statufié bien connu des étudiants liégeois.
Benedict s'est promené depuis plusieurs jours dans les différentes pièces à admirer les œuvres des étudiants. Ses sens sont en éveils car ce flot de sculptures, de peintures, d'essais, d'arts abstraits et même bandes dessinées sont à son goût. Parfois il doit faire une pause tellement le flot le traverse comme un courant l'entraînant vers une cascade endiablée.
Mais une pièce en particulier a quelque chose en plus avec son Taureau furieux tout en métal fait à partir de pièce de vélos, un buste d'un empereur ou d'un Dieu romain mais peint comme un Superman en jaune et bleu avec le grand " S "bien connu ou encore cette envolée lyrique tout de mouvement bleu verticaux qui éblouissent la pièce. Des mannequins et des marionnettes d'un temps passé ou à venir, des tableaux politiques se gloussant des dirigeants despotes de notre monde en rajoutant sur leur visage des boucles d'oreilles ou des petits cœurs.
Une bibliothèque aux boiseries ambitieuses montant jusqu'au plafond pleins d'armoires fermées contenant de nombreux livres d'arts, un coin aux plantes telle une forêt vierge de nos rêves, une bande dessinée avec un coq réveil matin ou cette histoire de Piggy le cochon tirelire, des bustes minuscules de soldats de toutes les époques réelles ou imaginaires, une esquisse d'une demoiselle aux formes généreuses mais privées d'yeux avec un pull-over rouge, une horloge murale constitués d'autres horloges les plus extravagante les unes que les autres.
Un coin avec les chevalets des artistes rassemblés telle une forêt. Tout éveille en lui sa sensibilité artistique.
Mais ce qu'il préfère parmi toutes ses œuvres c'est cet étrange pont peint sur des pages enlevées de livres, qu'on n'aperçoit que lorsqu'on se retrouve pile devant avec un étrange phénomène en trois dimension : l'effet est saisissant car quand on pénètre dans la pièce où il est exposé sur une la curieuse impression de pouvoir traverser le pont en question. Benedict se demande ce qu'il peut y avoir de l'autre côté de ce pont.
L'endroit est tout simplement magique. Benedict y passe tellement de temps que les gens l'aborde fréquemment persuadés qu'ils ont affaire à un professeur ou à un artiste de l'établissement. Il joue d'ailleurs un peu le jeu rêvant sans doute d'y suivre des cours un jour.
En rentrant chez lui retrouver son chat Luciole, Benedict n'a qu'une envie: retourner voir l'exposition. Un endroit rare ou il se sent bien, juste chez lui.
Tous les jours il consacre du temps à l'exposition. Il finit par prendre des jours de congés puis à se faire couvrir par un certificat médical pour passer de plus en plus de temps.
Passer à côte d'une Victoire de Samothrace en escaladant le splendide escalier tout en marbre blanc, vagabonder parmi les statues antiques, marcher sur un plancher usé et craquelant recouvert de taches de peintures, de gouttelettes abandonnées par les étudiants.
Je n'ai plus de nouvelle de mon ami depuis des jours. Il semble qu'il se soit laissé enfermé dans le bâtiment pour ne jamais en ressortir. L'enquête n'a rien donné. il semble avoir été aspiré par le monde enchanteur de cette galerie. Peut être a t il réussi à traverser le Pont qui sait ...
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L'exposition
General FictionCourte histoire à l'Académie des Beaux arts de Liège La photo est un tableau dont j'ignore le nom de l'auteur. Si cela pose problème je change de photo.