Golden

-3

Je me réveille en sursaut, la main posée sur mon cœur qui bat à une allure folle. J'ai encore fait un cauchemar, mais cette fois, il y avait Nick dedans, qui cherchait à me faire du mal. Je ne comprends pas ce que ça veut dire, mais cela accorde encore plus de crédit au mauvais pressentiment que je retrouve toujours face à Nick. Je ne saurais expliquer le pourquoi. Et pourtant c'est un ami proche de Princeton, il l'aime alors pourquoi me ferait il du mal ? Je suis perdue mais pas rassurée. Peut être qu'il vaudrait mieux lui accorder le bénéfice du doute.
Je chassais ces pensées étranges de ma tête et tentai de me redresser sur mon lit. Ma gorge séchée et la fine sueur recouvrant mon front me prouve que ce rêve m'avait vraiment effrayé, et n'arrivant pas à me rendormir, je dégageai ma couverture et me levai pour aller vers la cuisine. En descendant je vis que la lumière y étais allumée, et je vis Kevin installé sur le comptoir de la cuisine, une brique de lait et un verre à moitié vide trônants à ses côtés. 

-Toi aussi tu n'arrivais pas à dormir ? Lui demandai-je en rentrant alors qu'il sursauta, surpris de me voir

-Non, ma tête est trop remplie. Murmura-t-il

Et maintenant que je le regardais de plus près, je vis qu'il avait l'air très fatigué, avec ses cernes et ses cheveux terriblement décoiffés.

-Qu'est ce qui ne va pas ? L'interrogeai-je en montant sur le comptoir pour m'emparer de la brique de lait.

Il ne me regarde pas, mais fixe un point imaginaire devant lui, et tandis que je commence à boire à même la brique, il me dit:

-J'ai proposé à Amy de venir avec nous à Paris après les vacances. Elle a refusé.

Je lâche un petit « oh » de surprise. Amy et lui étaient ensemble depuis deux ans, un an après notre arrivée ici a New York. Mon père étant ambassadeur, il nous faisait voyager selon ses affectations, et notre séjour à New York tirait à sa fin car les quatre ans que devaient durer sa mission prenaient fin cette année.  Nous devrions rentrer à Paris, laisser toute notre vie de New York derrière nous et continuer celle qu'on avait laisser en suspens à Paris. Je devrais avoir l'habitude, car avant New York il y avait eu les Pays-Bas, la Turquie et la Grande Bretagne, mais j'avoue qu'il serait particulièrement dur de quitter New York car il y avait Princeton cette fois. Le refus d'Amy était un coup dur autant pour lui que pour moi car il sonnait comme le dur rappel de la réalité pour nous.

-Pourquoi a-t-elle refusé ? Elle était d'accord pour que vous intégriez Sciences Po Paris non ? Vous aviez même déjà entamé vos démarches si mes souvenirs sont bons... déclarai-je d'une traite, surprise par mon ton qui sonnait comme une supplique.

-Bien sûr ! Mais elle a changé d'avis maintenant. Elle dit qu'elle ne peut pas tout laisser ici pour changer de pays, et qu'il y avait de meilleurs universités spécialisées dans le droit.

-Oh c'est vraiment dommage... comment te sens tu ?  Je lui demande en me rapprochant un peu plus de lui

Il baisse la tête et soupire, ce qui me fend le cœur.  Kevin est ce que j'ai de plus cher au monde, et je le jure que le voir aussi mal me peine énormément.
Je le prend dans mes bras, et il me serre fort contre lui. J'ai envie de pleurer mais je me retiens, il était vraiment très amoureux d'Amy.
Je réfléchis à quoi faire pour lui remonter le moral, et commençai a chantonner:

-🎶Nous, les gemmes de Crystal, on sauve le monde entier. Il faut nous faire confiance , on f'ra tout pour y arriver. C'est pour ça qu'ici tout le monde croit en nous. Grenat, Améthyste et Peeerle et...🎶

-Steveen ! Il crie doucement en souriant contre moi. Je ne sais pas comment cette chanson est censée me remonter le moral mais bon, je te donne 2/20 pour l'effort !

-Tout ira bien Kevin ne t'inquiète pas.  Je lui souris doucement en me détachant de lui.

Il effectue une petite pression sur ma main et saute sur ses jambes. Il me fait un dernier sourire qu'il veut rassurant et s'en va dans sa chambre. Je ne tarde pas à me réfugier dans la même aussi et m'endors en pensant à tout ça.

Le lendemain matin.
En cours, je ne suis pas concentrée.  Je ne cesse de penser à l'anniversaire de Princeton qui est dans exactement trois jours. Je ne savais toujours pas quoi lui offrir pour ses 19 ans. Et Leyla ne m'était d'aucune aide car elle ne cessait de piailler dans mes oreilles:
-Une montre ? Une chemise ? Une chaîne en argent ? Nooon, du parfum ? Non il croira qu'il pue ? Des chaussures ? Absolument pas, ça porte la poisse ! Un chat ?

-Qu'est ce qu'il va faire avec un chat putain il a déjà un chien !

-Alors je m'en fous casse toi la tête toute seule ! Dit elle en faisant semblant de s'énerver.

-Commence même pas, je sais que tu fais semblant de t'énerver juste parce que tu n'as plus aucune idée de cadeaux ! Rigolai-je en la bousculant de l'épaule
  Elle sourit aussi et fait la moue:

-De toute façon ça tombe le jour de la fête de Nick, tu n'auras qu'à l'inviter dans une chambre, vous ferez de beaux bébés, et ce sera son cadeau.

-Ouais ouais, dis moi d'aller lui offrir ma virginité, c'est plus direct !

-Si tu préfères formuler ça comme ça, fait toi plaisir ! Ca revient au même ! Et en parlant du loup, c'est pas son front énorme que j'aperçois par la bas ?

Je regarde vers la direction qu'elle pointe et le voit effectivement. Je souris instinctivement et ne peux m'empêcher de le trouver trop beau. Il me voit lui aussi et s'approche de moi avec un sourire chaleureux sur le visage. Nick le suit comme une ombre, toujours avec son air sombre.

-Avouez vous parliez encore et encore de moi ! Nous lance t'il pour nous taquiner.

-Oui oui, on parlait de tes dents espacés comme des pièges à rat et de ton front aussi large que le désert du Sahara. Répond Leyla, mine de rien.

J'éclate de rire. Elle est impossible cette fille.

-Je rêve ou elle vient de te descendre en 2-2 ? Me moquai je de Princeton

Il ne répond pas, et tire sur les cheveux de Leyla.

-Un jour je vais te bouffer continue !

Elle répond pas, mais rigole comme une folle. A ce moment, Nick prend la parole.

-Alors vous viendrez à ma fête samedi ?

-Oui, on viendra, ça me permettra de passer du temps avec mon bébé, surtout que c'est son anniversaire...  dis je en regardant mon copain amoureusement.
Il me rend mon regard, mais Leyla nous gâche notre moment en commençant à me donner de petits coups de poing dans le ventre.

-Oh mon Dieu tu es trop une canarde putain ! Tellement molle cette fille ! Sois dure comme moi ohhh !

Je la pousse en riant et, regardant ma montre, je vois qu'il est l'heure d'aller suivre le dernier cours. Je dis au revoir à Princeton en l'embrassant -bien sûr en me faisant couper par Leyla- et retourne vers mon dernier cours. A la fin de celui-ci je savais quoi offrir à Princeton