et l'encre a séché

et de onze, dis-le moi

dis-le moi
dis-le moi que tu veux que je reste, que t'as besoin de moi, que quelqu'un, n'importe qui, a besoin de moi
parce que moi j'ai pas besoin ni envie de me voir, de me côtoyer. j'ai envie de hurler dès que je m'examine d'un peu trop près parce que j'suis pas bienveillante envers la personne que je vois dans le reflet nan, cette personne je la déteste.

j'ai envie de briser cette image d'un coup de poing, de fragmenter mon être qui de toute façon est déjà bancal, je sais pas moi le mode d'emploi devait être erroné mais je suis pas comme les autres

j'me supporte pas.

j'arrive pas à me dire que ce demi-personnage c'est moi, c'est moi cette personne fragile, malléable, peu sûre d'elle et qui peut à tout moment se briser ? comme du verre ? non, le verre c'est trop noble, bien sûr.

comme du papier mâché. fade et usé.

Alors dis-le moi, s'il te plaît. dus-moi ces mots que j'arrive pas à me dire, dis-moi que toi au moins tu penses que je suis une personne à part entière, que je représente quelque chose, que j'ai de la valeur.

même si j'y crois pas. même si j'y arrive pas.

je dirai merci.

parce que j'ai besoin, le temps d'une soirée, de me voiler la face et de me gonfler d'autre chose que du dégoût, du mépris et de la froideur.