Contact (V1)

Louche

Yuzu

-Tu as envisagé l'option où il serait simplement gentil sans arrière pensées ?, demanda tranquillement ma mère en plaçant les plats sur la table.

-Impossible ! On est des compétiteurs, on va se disputer les mêmes médailles, j'arrive dans son club pour avoir le même coach... Peut-être qu'il n'a pas encore compris qui j'étais ? Ou alors il fait ça pour mieux me faucher par derrière.

-Yuzuru, je ne veux pas que tu dises de mal des gens derrière leur dos comme ça, me gronda-t-elle. Tu ne l'as vu qu'une fois et ce patineur a été agréable, comment peux-tu émettre des jugements pareils ? C'est comme ça que tu considères les gens qui te traitent bien ? Je suis très déçue...

-Non, mais... Désolé maman, mais... je ne sais pas, c'était bizarre, il... Enfin, il n'arrêtait pas de me complimenter, et puis... Normalement je pensais qu'on serait rivaux, comme Plushenko et Yagudin...

-Mon dieu, soupira-t-elle. Toi et ton idole russe... Tu peux avoir un rival sans forcément vouloir lui taper dessus tu sais ? Et puis le patinage a bien suffisamment d'athlètes talentueux pour que tu trouves un rival belliqueux si celui-ci ne coopère pas.

-Ne dis pas ça comme ça ; on dirait que je veux absolument de l'animosité avec les autres, grommelai-je.

-Eh bien, c'est ce que j'avais compris...

-Mais non !

-Alors fais un effort et sois gentil avec ce jeune homme. Je compte sur toi pour être poli et irréprochable : tu as énormément de chance de pouvoir t'entraîner ici, alors montre toi reconnaissant auprès du coach Orser pour t'avoir accepté alors qu'il avait déjà un élève.

-Je sais, tu n'as pas besoin de me le dire, soupirai-je.

-Parfait, alors mange tes légumes avant que ça refroidisse : tu as cardio à treize heures trente, il ne faut pas tarder...

-Itadakimasu...

-Et avec enthousiasme je te prie.

-Itadakimasu !, répétai-je avec un sourire en coin.

-Je préfère ça, acquiesça-t-elle.

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Le Cricket Club était vraiment un bel endroit, bien plus beau que ma pauvre patinoire de Sendai, même avant le tremblement de terre. Il y avait de l'espace, des aménagements, la glace n'était pas entourée de barrière (j'adorais ça) et le bois qui ornait les murs et le plafond rendait l'ensemble assez chaleureux malgré le froid qui y régnait. Si j'arrivais un peu mieux à comprendre l'anglais je pense que je pourrais pleinement apprécier l'atmosphère parce que les gens avaient l'air gentils, malheureusement j'avais encore du travail à fournir de ce point de vue...

-Yushludjd faire enizmdor triple Axel fsor dans la séance, articula mon nouveau coach en désignant la surface gelée autour nous.

Faire un triple Axel ? C'était dans mes cordes à priori... J'acquiesçai et m'éloignai du bord en prenant de la vitesse, puis enclenchait le saut. L'atterrissage fut stable et je ne compris donc pas pourquoi Orser me regardait avec une telle expression de découragement. Il avait demandé une entrée ou une sortie particulière peut-être ?

-Hey !

Je me tournai vers Javier qui s'arrêta à côté de moi avec l'air très amusé (il faisait toujours cette tête, je ne comprenais pas pourquoi...).

-Brian askrp pas Axel yurdl, expliqua-t-il en pointant notre coach.

Pas Axel ? Alors qu'est-ce qu'il voulait ?
Mon visage devait trahir mon incompréhension car l'espagnol reprit son explication avec des gestes en plus.