Chapitre 9

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La nouvelle goutte d'eau s'échoua sur la flaque humide. Immédiatement, une nouvelle se forma et peina à grossir pour rejoindre ses congénères. Mon regard remonta jusqu'au plafond de pierre où la moisissure se disputait la première place à avec l'humidité froide qui s'infiltrait entre chacune de mes plumes. Je détestais quand mes ailes étaient mouillées. Trop lourdes, j'étais cloué au sol, ma pire hantise. Enfin, ce n'était pas comme s'il y avait assez de place dans ce minuscule cachot pour que je puisse m'envoler.

Les prisons des Vampires étaient si petites que je pouvais à peine étirer mes ailes engourdis. Dora, furieuse, avait pleinement la place de faire trois pas avant de faire demi-tour. Ses pas saccadés rythmaient les battements de mon cœur. Les ailes douloureuses, j'en étirai une, et rapidement, le bout de mes plumes atteignirent le mur de l'autre côté, arrêtant Dora dans sa marche énervée, ce qui me valu un regard noir. Je l'ignorai, réprimant un grognement de douleur. La cellule faisait, à vu d'œil, deux mètres carrés. La longueur d'une seule de mes ailes. Quatre mètres de longueur en tout n'ayant aucune possibilité d'être à l'aise. Les avoir toujours repliés n'était pas là meilleure idée, et les quelques fois où je les détendais une à une ne me suffisaient pas.

Dora sembla le comprendre car ses pupilles s'adoucirent.

- Ça va ?

J'acquiesçai, bien que la douleur sourde dans mes ailes hurlaient le contraire. Cela faisait une journée. Une journée où nous étions seuls, sans que ces Vampires ne nous ait dit quoi que ce soit. Une journée de perdue. Une journée de plus vers la Cérémonie du Sang. Dora en devenait folle. La pression montait de plus en plus et personne ne venait nous voir. À partir du moment où ils nous avaient arrêtés, ils avaient merveilleusement ignoré les beuglements assourdissants de Dora. Au final, je m'étais réveillé dans leurs cachots trop petits pour mon minimum de confort.

Le visage inquiet de Dora avait été la première chose que j'avais vu. Lèvres pincées, elle s'était affalée sur mon torse en se rendant compte que j'étais toujours vivant. Elle avait passé ensuite les cinq minutes suivantes à m'expliquer ce qu'il s'était passé, et à insulter les Vampires. Il n'y avait pas eu grand chose à raconter : le Vampire m'avait lancé son poison dans mon aile puis dans mon ventre, je m'étais évanoui, il l'avait battue – la faisant hurler de rage – et nous avait conduits ici.

Si Dora m'avait certifié qu'on m'avait administré un remède dès notre arrivé, j'avais dormi de longues heures où elle m'avait veillé, bien qu'impuissante sur mon sort. Cependant, à l'endroit exact où les flèches s'étaient figées dans chacune de mes blessures, une brûlure sourde grondait. Je ne disais rien, pour ne pas plus l'inquiéter, mais elle n'était pas dupe et devinait facilement que les veines à ce niveau-là n'avaient pas repris leur couleur normale.

Alors j'attendais, méditant légèrement entre deux cris de ma coéquipière visant à rameuter les gardes. Si elle espérait que cela marche... Autant demander à une Dryade de couper son arbre. Pourtant, elle n'abandonnait pas. Et si mes tympans n'en étaient pas attaqués, j'aurais salué sa ténacité.

Des pas dévalaient les escaliers rocheux qui menaient jusqu'à nous. En même temps que je me raidis, ma main s'approcha de mes lames, coincées dans des fourreaux dans mon dos. Néanmoins, la froide réalité me rattrapa quand je rencontrais le vide. D'un coup, je ne sentis plus le poids familier et rassurant de mes armes. Je me surpris à maudire silencieusement ces suceurs de sang – navré Dora.

La silhouette du conseiller suprême se détacha de l'ombre et s'avança devant les barreaux, deux gardes à ses côtés. Richement vêtu, sa propreté semblait narguer la nôtre, mise à mal par notre séjour forcé ici. Cependant, son regard n'était pas moqueur, ni condescendant. Juste une profondeur déception et un espoir ravivé.

Itskana - Le Collier de NingammenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant