Chapitre 3 : Jugement

5.4K 369 7
                                    

Finalement les choses allèrent plus vite que prévu. Vers quatre heures du matin un des gars du MC de Tulsa avait toqué à la porte pour me demander de venir. Un message était apparu sur leur écran :

Tu fais chier Skull. Mais je n'ai pas dit mon dernier mot.

Quand je vis le message je ricanais sous le regard incrédule des autres bikers. Une heure plus tard, Marco était arrivé en panique, les Raven aux trousses. Il pensait peut-être trouver une protection au sein des Skull. Mais il allait vite comprendre qu'il avait été démasqué. Franck le chopa par le col et le mena au mess. Placé violemment sur une chaise et attaché ce dernier commençait à paniquer.

- Marco, mon petit Marco... Te rappelles-tu du sort réservé aux traîtres ?

Ce dernier pâlit encore davantage si cela se pouvait. Il venait de comprendre qu'il avait été grillé. Mike se tenait avec moi dans un coin de la pièce. Étant membres des Skull, nous étions tenus à assister au jugement. Franck se retenait de le frapper. Cela se voyait à ses poings serrés blanchis par la pression. L'ambiance était oppressante, chacun des trente hommes présents retenait son souffle. J'étais moi-même concentré sur les gestes de Franck attendant à chaque instant qu'il explose.

Marco balbutia quelque chose qu'aucun de nous ne comprîmes.

- Qu'as-tu dis ? Je n'ai rien compris. Articule putain !

- Je suis désolé. Je ne voulais pas vous faire ça. Ils m'ont obligé.

- Je devrais peut-être remercier les Raven. Ils m'ont prouvé que tu n'étais pas digne d'être notre frère.

- Non Franck, je préfère subir mon châtiment ici.

- Ton châtiment ? Comme tu y vas ! Je ne vais pas seulement te punir, je vais te tuer pour nous avoir trahi.

La violence des propos de Franck glacèrent le sang. Marco se pissa dessus.

- Chaque personne que tu as trahi aura la possibilité de te porter un coup et je me chargerai de t'achever.

Le traître se mit à sangloter. Le ballet des coups démarra. Il reçut des coups au visage d'abord puis dans l'abdomen. Certains sortirent leur couteau et lacerèrent ses bras et ses jambes.
On apporta ensuite un chalumeau afin de brûler les couleurs du club qu'il avait tatoué sur sa peau. L'odeur de chair brûlée me leva le coeur. J'inspirais par la bouche pour me retenir de vomir. Il était difficile de faire face à cette horrible torture. Il hurla de douleur avant de s'évanouir. On lui jeta un seau d'eau pour qu'il se réveille. Franck fit un dernier discours avant de le tuer d'une balle entre les deux yeux. Le prez n'avait pas quitté le regard du traître une seule seconde. Je ne savais pas si c'était de la crainte ou de l'admiration que suscita Franck chez les spectateurs. Peut-être les deux finalement.

- Vous avez tous vu ce qu'il en coûtait de nous trahir. Rappelez-vous bien de ça !

Sur ce, il nous laissa en plan après avoir ordonné à ses hommes de faire le nettoyage. Il retourna au bar et se servit un whisky. Je le regardais faire et quand il releva la tête et que ses yeux croisèrent le mien, il hocha la tête de façon imperceptible. Je quittai la pièce et partit faire mes bagages. Je devais reprendre la route. Mike avait certainement fait la même conclusion que moi, car nous nous retrouvâmes près de nos bécanes en même temps. Franck nous rejoignit et nous demanda :

- J'ai une livraison à faire à Mannford. Vous pourriez déposer ce sac à cette adresse ?

Il nous montra un sac de sport et donna à Mike un papier où figurait une adresse.

- C'est le territoire des Raven ça !

- Oui je voulais les remercier avec un petit cadeau.

- Putain, tu nous fais prendre les risques à la place de tes gars !

- Du calme Mike ! Ils ne vous connaissent pas, ils vous laisseront approcher. Avant qu'ils n'aient vu ce qu'il y a dans le sac, vous serez partis bien loin.

Je grognais. Cela puait son truc. Bien qu'il ne fut pas notre chef, il était plus gradé que nous et nous dûmes alors lui obéir. Je ne me gênerai pas pour raconter ça à Ethan, qui saura lui expliquer sa façon de penser. Nous prîmes alors la route vers le QG des Raven. C'était un repaire de bikers classique, je décidais d'y entrer seul, ce serait plus facile de m'éclipser. Je contrôlais le rythme de mes pulsations. Je gardais un visage neutre. Aucune émotion ne transparaissait sous mon masque. Je filais au bar et commandai un café. La barmaid me scruta d'un œil curieux. Je me doutais bien qu'elle ne devait pas servir souvent de café.

- Un longue route m'attend.

Cette justification parut la satisfaire puisqu'elle détendit ses épaules et me servit mon breuvage. J'avisai un espace libre, non loin de la sortie. Je déposai le sac au pied de la table comme si je m'installais. Je ne pris pas la peine d'ôter ma veste. Je bus la tasse rapidement non sans me brûler la langue. Je jetais un œil discret alentours. Il y avait cinq Raven qui me scrutaient du fond de la salle. Je fis comme si de rien n'était. Je ne devais pas me faire remarquer. J'attendais la suite avec une certaine tension. Je contrôlais les mouvements de stress qui m'auraient trahi. Comme convenu Mike m'appela et je fis mine de ne pas entendre et de sortir pour prendre l'appel. Mon pas ne devait pas être trop rapide lorsque je quittai les lieux, oubliant délibérément le sac. Aucun biker ne m'interpella ou chercha à me rattraper. Je ne me retournai pas et enfourchai ma bécane. Je démarrai, toujours stressé, tout pouvait encore basculer. Nous ne serions en sécurité que lorsque nous serions hors de la ville.

Très vite, nous sortîmes de la ville. Je pus enfin souffler. Le danger était écarté. Ils n'avaient probablement pas encore remarqué ma désertion. Ils ne découvriraient le sac que plus tard. Lorsque nous nous arrêtâmes prendre du carburant, j'envoyai un message à Franck pour lui confirmer que la livraison était faite. Il ne répondit pas, mais ce n'était pas surprenant. Nos échanges devaient se limiter afin que l'on ne fasse pas le lien entre la dénonciation et nous.

Nous reprîmes enfin notre cap de départ : à nous Oklahoma City nous voilà !

Le biker et moi 3- Gary (bientôt édité !)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant