L'Espoir d'un soir

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-"Il est 3h du matin. Encore. J'ai perdu le fil des heures de sommeil que je ne pourrai jamais récupérer. Il y a des " peut-être" qui tournent autour de ma tête, des " j'aurais dû" qui me cognent dans les côtes et des "plus jamais" qui entourent mon cœur. Et me revoilà au milieu de la nuit, fixant le plafond, me demandant où j'en suis dans cette vie...Je suis fatigué, mon cœur est balafré et mes yeux sont cernés. Est-ce que les choses que tu me disait tard dans la nuit seront toujours valables demain? Car l'éclat de quelques heures de bonheur suffit parfois à rendre tolérables les désillusions et les saloperies que la vie ne manque pas de nous envoyer. C'est une souffrance étrange. Mourir de nostalgie  pour quelque chose que tu ne vivra jamais... Ce qu'on appelle une raison de vivre est en même temps une excellente raison de mourir. Le bonheur est parfois caché dans l'inconnue. On essaie toujours de comprendre pourquoi les choses basculent. Mais quand on le découvre, on est déjà de l'autre côté. Comme tout le monde, je cherche la même chose, un peu d'amour sur mes ecchymoses."A mesure que les années s'écoulaient et qu'elle avait davantage l'expérience de la vie, elle était de plus en plus étonnée de la myopie des gens qui cherche ici, sur terre, les jouissances et le bonheur, qui peinent , souffrent, luttent, se font du mal les uns aux autres pour atteindre cet impossible, ce fantomatique et impure bonheur. -"Je respirai, sereine, mon torse se levait légèrement à chaque inspiration. Mais une fois de plus, dans mes draps blanc, je ne parvenais à trouver le sommeil. Depuis quelques heures, que dis-je, de nombreuses nuits, Morphée me refusait ses bras. Alors j'attendais. J'attendais ces fameuses réponses. Peut-être que ce bon dieu du sommeil n'arrivait plus à décroiser ses bras, tant il réfléchissait pour moi. Peut-être se refusait-il de me laisser dormir si ce n'était pas pour le faire sereinement. Seulement, ai-je déjà dormi paisiblement? La seule divinité en qui je voulais croire maintenant, été celle du sommeil. Pour qu'elle me le donne. Car en ce moment, je priais pour tomber de fatigue.Vous savez, j'ai toujours considéré la vie comme un jeu de hasard. Comme une "Bataille". Vous tenez les cartes entre vos mains, pourtant vous ne voyez que leurs dos. Votre mémoire est votre adversaire. Elle se tient en face de vous. Elle tire une carte. Vous tirez une carte. Maintenant, la question est : vais-je remporter cette manche? Ou bien la perdre? Eh bien, je crois que ce soir-là, j'avais tiré la mauvaise pioche...Je m'ennuie. Je m'ennuie tellement. Je suis là, posée sur mon lit. Seule. Triste. Un peu autiste. Je regarde par la fenêtre et j'attends que ça passe. Que le temps passe. Et c'est long. Les yeux dans le vague, j'imagine...J'imagine une autre vie. Une vie où je rirais beaucoup. Le rêve prend toute la place et la réalité m'ennuie. Je crois à l'opacité solitaire, au pur instant de la nuit noire, pour rencontrer sa vraie blessure, pour écouter sa vraie morsure. Il y a des moments où je décide de me replonger dans mes souvenirs, vidéos, photos, papiers, objets, messages, tout ce que le passé m'a laissé en guise d'héritage. Et ce que je ressens durant ces moments-là est inexplicable. J'ai cette sensation si douloureuse qui me prend le cœur et me le retourne. J'ai ce triste sentiment de nostalgie qui me violente l'âme et l'esprit tout en les apaisant. Il y a ce parfum si doux mais d'un autre côté si étouffant, de ce qui à été, qui imprègne mon univers entier et toute l'atmosphère.Je pleure doucement, je ris tristement, je souris jusqu'au déchirement. Je retrouve ceux qui m'ont quitté, ceux que j'ai abandonné, ce que j'ai perdu, ce que je n'aurai plus jamais, à traverse ces instants volés. Je fais face à celle que j'étais, celle que je ne serais plus jamais. J'ai cette sinistre impression de me promener dans le cimetière de ma vie, de m'arrêter à chaque tombe et de m'y recueillir. Et je me sens si triste de réaliser que tout ceci n'est plus que poussières, et je me rend compte qu'un jour on se retrouve à jouer seul. L'autre retire ses billes, reprend ses cartes, et vous restez là, comme un con, devant une partie inachevée... à attendre. Et je vois les secondes s'écouler, les minutes et les semaines passer , bientôt ce sera les mois puis même les années qui se seront écoulés. Mais une certitude, c'est que je n'oublierais jamais. Les souvenirs des nuits sombre
Une nuit à oublier les heures
une nuit à les compter
une nuit à écrire
une nuit avec cet autre nous-même
une nuit à maudire l'arrivée du jour
une nuit debout tout en étant couchée...
une nuit à avoir froid
une nuit ne suffira pas je crois...Car la nuit quand on ne dort pas les soucis se multiplient, ils s'amplifient, à mesure que l'heure avance les lendemains s'obscurcissent, le pire rejoint l'évidence, plus rien ne paraît possible, surmontable, plus rien ne paraît tranquille. L'insomnie est la face sombre de l'imagination. Je connais ces heures noires et secrètes . Au matin on se réveille engourdi, la journée effacera les souvenirs. Je me lève, je me lave et je me dit que je vais y arriver.T'en fait pas, un matin on ne se lève plus avec la nausée de l'absence.Alors ce matin je décide, pour la première fois depuis longtemps de prendre l'aire, s'évader pour un court instant. Et sur le pas de ma porte avant de m'élancer vers la foule je regarde. Une dame est en vélo, un monsieur marche d'un pas rapide avec un sac sur le dos, un jeune femme traverse la rue sur le passage piéton, un homme cours téléphone à l' oreille,des jeunes attendent à l'arrêt de bus, une dame âgée s'assoie sur un banc du métro. Ce monde n'entend rien, ne voie rien, surtout ne dit rien. Tous ces gens vivent une vie marginal, tous ce qui a de plus banale. Alors dans la brise matinale, je m'assoie sur ses marches devant ma porte . J'observe le monde qui m'entoure, à la recherche d'un son, d'une odeur ou simplement d'un visage un temps soit peu familier.Mais rien, seulement cette odeur de café et de tabac froid sortant du bar, à côté de l'endroit que je squatte.Le temps ce couvre, les nuages dans le ciel revette leur manteau gris.Non. Je ne manque nulle part, je ne laisse pas de vide. Les métros sont bondés, les restaurants comblés, les têtes bourrées à craquer de petit soucis. J'ai glissé hors du monde et il est resté plein.Nous passons beaucoup de temps dans notre tête, hors du corps et loin du monde. Il est tellement facile de traverser nos journées sans remarquer ce qui se passe autour de nous, de regarder sans voir, d'écouter sans entendre...La course perpétuelle induite par notre mode de vie moderne peut nous absorber au point d'éroder notre sensation de présence physique, nous poussant à vivre dans nos pensées. Il arrive même parfois que nous en perdions la sensation d'être en vie.Je fais ce que je peux. Avec mes silences et le reste. Avec mes peurs de bête. Avec mes cris d'enfant qui ne débordent plus. Je fais ce que je peux. Dans ce petit bain de cruauté et de lumière. Dans les éclats de sucre et de mensonge. Dans la délicatesse. Dans la violence du temps qui piétine nos rêves. Dans nos petits pataugements précieux. Un mot sur le suivant. Je fais comme tout le monde. Avec le ciel et sans les dieux.Les jours sont éphémères et l'aube incertaine. Je ne sais pas dans quel monde vous vivez. L'instant est à prendre lorsqu'il est à prendre. Un jour, on relève la tête, et on se rend compte que l'horizon est bien plus beau et plus intéressant que le sol de béton qu'on n'avait pas arrêté de fixer jusque là. Et dans l'ultime élan d'espoir qui me parcoure l'échine, pour la première fois, j'y crois à cet ultime espoir qui, peut-être ravivera ma flamme. L'espoir est semblable à un miroir que le souffle embue et désembue.

L'apocalypse de l'EspoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant