LA TRANSACTION
Ce mal de crâne… En portant ma main à ma tempe, je découvre sur le bout de mes doigts une pointe de sang. Je suis dans la voiture de …… Arsène … ?
Ça va p’tit ?
Qu’est-ce que je fous là ?
On part en vacances p’tit !
Arsène, j’le déteste, avec ses grands airs, et maman, toujours derrière lui. Maman, elle est où ?
Et on part sans ma mère ?!
Elle veut que je t’instruise.
Sans rien me dire ?
Mais enfin, ça va ? Tu as tout oublié de notre discussion ? Tu as l’air bizarre depuis que tu viens de te réveiller…
Je sais pas où on va, pourquoi, et comment, alors on peut dire que ça va pas !
Une discussion, mais de quoi il me parle ? D’après l’écran de la voiture il est tôt, mais pas au point que j’oublie tout !
Ah, on arrive à l’aéroport !
Quoi ?! A l’aéroport ?! Non non non non non non…
L’avion jamais ! Sans blague, c’est hyper dangereux ce truc-là, je montrai jamais dedans, y crois quoi lui ?!
Et puis on va où pour prendre l’avion ?
Sous le choc, je n’y avais pas pensé, mais il était clair pour moi que l’on n’allait pas plus loin que Paris ou Marseille.
En Amérique petit ! A Boston ! Tu te rappelles plus ?
Hein ?!
Pas le temps d’en dire plus, mon corps en avait décidé autrement.
Merde, mes médocs, murmurais-je.
Est-ce que j’en avais amené ? C’était moi au moins qui avais fait mes bagages ? Soudainement ma confiance en Arsène baissa encore plus que je ne l’aurais pensé possible. L’heure avait passé et mes souvenirs toujours pas rétablis.
A mon réveil, seulement Arsène, toujours à l’aéroport, mais cette fois-ci à l’intérieur.
Ça va ?! Tu dois avoir faim ? On passe la sécurité et je te paie un sandwich, ok ?
J’hoche la tête. Arsène n’est pas au courant ?! Il dépense de l’argent pour moi ?! Là il y a forcément un truc bizarre ! Même si mon corps entier me prie de fuir, mon esprit trop curieux veut savoir ce qu’on va faire à Boston.
On passe la sécurité sans problème, comme promis il m’offre un sandwich. Pendant toutes les étapes de contrôle Arsène ne cesse de s’inquiéter de mon état. Etrangement, je dois être en très bonne santé pour aller en Amérique.
Ah… L’avion et moi… Une grande histoire d’amour… J’ai peur ! A l’aéroport, j’ai eu le temps de me calmer, mais là maintenant dans l’avion je suis à deux doigts de me pisser dessus. Pourquoi j’ai mangé ce sandwich… ? On est installé depuis moins d’un quart d’heure quand la voix de l’hôtesse de l’air résonne « Veuillez attacher vos ceintures et rabattre vos tablettes, décollage imminent ». Comme conseillé, je boucle ma ceinture, l’appareil avance sur la piste, et au dernier moment, un à-coup… La ceinture se compresse contre mon abdomen, je le sens pas ! En un instant tout le contenu de mon estomac se retrouve sur le dossier du siège de devant. Mais chose anormal, sur cette magnifique bouillie d’aliments, une tache rouge ressort expressément. D’ailleurs un petit filet de sang est resté à mes lèvres et coule sur mon menton. Arsène énervé secoue énergiquement sa main pour se débarrasser du dégueuli que je lui ai gerbé dessus. Honnêtement, ce n’était pas intentionnel mais c’est – sur le moment – le seul plaisir que je tire de la situation. Et encore une fois ! Après la deuxième gerbe, quelqu’un alerte un stewart. En me faisant remarquer qu’il est anormal qu’il y ait du sang dans mon vomi, il m’emmène dans une petite cabine couchette. Il a l’air extrèmement inquiet de mon état. Je passe l’intégralité du vol dans cet endroit bien trop étroit.