Mon passé

94 5 21
                                    

J'ai souvent voulu l'oublier, mon passé,
L'enfouir tellement profondément qu'il ne remonterait plus jamais.
Mais je n'en ai pas honte, il fait partie de moi,
Et ceux qui en connaissent les grandes lignes disent que je devrais en être fière.
Pourtant je n'ai rien fait d'incroyable,
J'ai toujours eu de l'aide.
J'ai traversé des épreuves, mais comme tout le monde ici.
Certes certaines ne sont pas les mêmes,
Mais je ne prétends pas avoir fait quelque chose de plus incroyable que quelqu'un d'autre.

Yuki11123 à travers ce qui va suivre tu vas sûrement comprendre pourquoi tu te retrouves dans mes écrits, pourquoi je trouve les bons mots, pourquoi j'arrive à te comprendre...
J'espère que ça pourra t'aider, rien qu'un peu.

***

Chaque chose a un début, et la nôtre est la naissance. Pour moi, les ennuis ont commencés dès cette période pour ne plus s'arrêter ensuite. Ma mère a accouché dans une clinique pas très compétente, et s'est retrouvé à se débrouiller seule avec mon père. Ils m'ont fait sortir comme ils ont pu, mais quand ils y sont arrivés je ne respirais pas. Heureusement j'ai été prise en charge, mais pour faire simple une partie de mon cerveau a été abîmer car elle n'était pas oxygéné. Vous comprendrez plus tard que dans mon malheur j'ai été chanceuse, car d'autres enfants nés à cet endroit sont actuellement en fauteuil roulant ou avec un handicap mental profond.

La partie touchée était la coordination, à cause de ça j'ai marché très tard. En parallèle, je développais des techniques pour ne pas avoir à me déplacer, comme lancer un objet pour qu'un autre se rapproche de moi. Mes réflexes sont différents, et certains étaient même inexistants, quand je tombais je ne mettais pas mes mains pour protéger ma tête. Si vous réfléchissez bien, vous avez toujours fait ça inconsciemment, mais ce n'était pas mon cas. Ça m'a valu de nombreuses blessures et une dent en moins, si bien que j'ai fini par acquérir ce réflexe à force que ma tête se prenne tous les coups.

Mes capacités en sport étaient vraiment limités (elles le sont toujours mais beaucoup moins), je n'ai jamais réussi à nager, tous les maîtres nageurs ont finit par abandonner. En même temps je suis la seule personne qui avec une planche avance à reculons... Je ne sais pas faire du vélo non plus. Il y a ce que j'appelle "blocage" : un mouvement que mon corps refuse d'exécuter, et ensuite un "mouvement pas naturel" : mon corps l'exécute mais après une durée de quelques secondes qui peuvent me valoir une chute.

Je joue de la musique depuis longtemps, et j'ai bien sûr j'ai choisi les percussions. Ma mère n'était pas pour, mais avec le médecin de LADAPT ils se sont dit que n'importe quel instrument serait compliqué, alors autant me laisser faire celui que je veux. Je ne vais pas expliquer clairement ce qu'est LADAPT, car la dernière fois que j'y suis allé remonte à quand j'étais en primaire et j'en ai très peu de souvenir. Je me rappelle qu'on me demandait des choses basiques : faire mes lacets, fermer les boutons de mon gilet... La dernière fois que j'y suis allé j'ai rencontré un neurologue, qui n'a pas su comprendre comment j'arrivais à marcher. Mes informations ne circulent pas de la même manière, mais ça fonctionne. La science ne sait pas expliquer le comment du pourquoi, et on n'a pas forcément cherché car ça n'a pas grande importance.

Maintenant je tombe beaucoup moins et j'ai des réflexes quand ça arrive, je m'améliore doucement mais sûrement. En percussion j'ai réussi à me débrouiller à peu près, à part certains mouvements de poignet qui ne passent vraiment pas. Comparé aux handicaps que les autres enfants nés au même endroit ont ce n'est rien, c'est même un miracle que je me débrouille aussi bien.

Mon passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant