Chapitre 10

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    À compter de ce moment-là, ils ne s'adressèrent même plus la parole. C'était surtout du côté de Sirius que les choses avaient changé. Il devint encore plus arrogant que d'habitude, mauvais même. Cherchant à se battre avec tout le monde et dans n'importe quel contexte. Il disparaissait des heures entières, revenant sale et couvert d'égratignures. James le soupçonnait de parcourir la forêt interdite sous sa forme de chien pour se défouler.

    De son côté Remus se renfermait. Il ne parlait même plus à James et Peter comme toujours, se contentait d'éviter les conflits. Heureusement, encore une fois Lily était là. Une entente cordiale s'était établie entre les deux Gryffondors. Le brun appris que sa camarade de Maison avait une vraie affection pour Remus, qui lui rappelait un voisin d'enfance. D'ailleurs, celui-ci semblait ne laisser transparaître ses émotions qu'avec elle. James en ressentait de l'impuissance et de la jalousie, mais au point où il en était c'était toujours mieux que rien.

    Un soir, il se retrouva seul dans le dortoir avec Sirius. Les deux autres étant partis réviser dans la salle commune. James ne tint plus.

    « Patmol ?

  - Hum ?

  - Ça va se finir quand tout ça ?

  - Demande à Remus. » Grogna-t-il.

    Sa réponse fit perdre patience à son ami.

   « Mais bordel de merde quand est-ce que vous allez vous bouger le cul ? Vous vous faites autant de mal à l'un qu'à l'autre ! Je vois très bien les regards que vous vous lancez ! Ça en devient ridicule !

  - Tu crois vraiment que j'aime cette situation ? C'est pas à moi d'y mettre fin et tu le sais très bien ! C'est pas moi qui aie été trahi !

  - Mais enfin il ne s'agit plus de ça !

  - Bien sûr que si. Il était suffisamment en colère contre moi pour me frapper. Tu sais ce que la violence signifie pour lui James. »

    A court d'arguments, il se laissa aller contre le lit auquel il était adossé. Sirius avait raison. Il plongea son visage dans ses mains, ne sachant pas quoi ajouter.

    « James, est-ce que je suis comme eux ? »

    L'interpellé releva la tête, les sourcils froncés. Il n'était pas sûr d'apprécier la tournure que prenait la discussion.

    « Comme qui ? »

    Sirius prit une grande inspiration sentant la méfiance de son ami.

  - Comme ma famille. J'y ai beaucoup réfléchi tu sais, ajouta-t-il précipitamment pour ne pas se faire interrompre. Ce que j'ai fait est vraiment digne d'un Serpentard. J'ai menti et trahi un ami pour l'utiliser à des fins personnelles. C'était cruel et stupide de ma part je...

  - Sirius. Tu n'es pas comme ta famille. Tu as mal agi c'est certain mais tu n'as pas trahi Remus intentionnellement et ça fait toute la différence. En plus si tu étais vraiment comme eux, tu crois vraiment que tu te sentirais aussi coupable ? Tu sais mieux que moi que la culpabilité c'est pas leur fort.

  - Si tu le dis. »

    James saisi la nuque de Sirius, l'obligeant à le regarder.

    « Je le dis et je le crois, dit-il en plantant ses yeux dans ceux de son ami. Sirius tu n'es pas comme eux. Si tu avais été comme eux tu crois vraiment que mes parents t'auraient accueillit ? Tu crois vraiment que je te traiterais comme un frère ? »

    Le jeune homme laissa un petit sourire éclairer son visage.

    « Tu as confiance en moi pas vrai ?

  - Bien sûr.

  - Alors moi je te dis que tu n'es pas comme eux. » Dit James en posant son front contre le sien.

    Ils restèrent ainsi un long moment sans rien dire. Sirius finit par se dégager de l'étreinte de son ami.

    « Je vais aller parler à Remus. »

    James hocha la tête avec un sourire d'encouragement. Ils descendirent dans la salle commune rejoindre leur ami. Il était encore tôt, les derniers élèves venant de la Grande Salle trainassaient en discutant. Quelques courageux occupaient les tables prêt de la fenêtre pour travailler. C'est là que les deux compères espéraient pouvoir trouver Remus. Comme presque tous les soirs depuis qu'il ne parlait plus à Sirius, il venait travailler ici avec Lily et parfois Peter. Ils virent effectivement Lily mais les deux autres étaient absents.

    « Evans !

  - Potter. Que me vaut ta glorieuse présence ?

  - Où sont Peter et Remus ?

  - Remus ne se sentait pas très bien. Il a dit qu'il avait besoin de faire un tour. Pettigrow l'a accompagné, ils ne m'ont pas dit où ils allaient. Pourquoi ? Un problème ? »

    Aucun des deux ne répondit.

   « Je sais où ils sont. Je peux te prendre ta cape James ?

  - Ouais elle est sous mon lit.

  - Merci ! dit-il en partant.

  - Sirius ?

  - Ouais ?

  - Ne merde pas cette fois. »

     Le jeune Black lui lança un sourire avant de partir en courant.

    « Continue encore à m'ignorer et je te le ferai regretter Potter. »

    Il se tourna vers Lily. Son ton était colérique mais tout dans sa posture indiquait qu'elle était inquiète. James tira la chaise devant lui et s'y laissa tomber sans plus de cérémonie.

    « T'en fais pas Evans, les choses sont en train de s'améliorer. »

    Les sourcils froncés, elle vit Sirius descendre des dortoirs, un tissu gris à la main. Elle ne comprenait pas ce qu'il se tramait mais James paraissait plus détendu que depuis des jours.

    « Evans, merci pour Remus. »

    Surprise, elle releva son regard vers le sien. Il décrocha un petit sourire pour appuyer son remerciement. Lily se rendit compte qu'elle avait mal jugé James Potter sur un point : il ne considérait pas Remus comme un simple faire-valoir. Les liens qui unissaient ces quatre-là étaient plus forts que tout ce qu'elle avait pu imaginer.

    Devant elle, Potter s'était affalé sur la table, sa tête dans ses bras. Insensible au bruit ambiant, il semblait s'être endormi.

    Après avoir récupéré la cape d'invisibilité de James, Sirius avait franchi le portrait de la Grosse Dame en courant. Il savait où Remus était parti : les cuisines. La pleine lune serait bientôt de nouveau là.

     Dépliant brièvement la carte du Maraudeur, Sirius vérifia qu'aucun obstacle ne se trouvait sur sa route. Pas de professeur ou de préfet en vue. Il repéra Remus et Peter aux cuisines, le timing était parfait, il aurait juste le temps de les rattraper au niveau du passage derrière le tableau de la reine borgne. Vérifiant machinalement que personne ne traînait entre les cuisines et le dortoir, deux noms attirèrent son attention. Les fines lettres de l'écriture appliquée de Remus indiquaient : « Severus Rogue » et « Regulus Black ». Ils se dirigeaient vers les cuisines. Sirius sentit son sang se glacer dans ses veines. Si son frère et Servilus allaient vers les cuisines et rencontraient Lunard et Queudver, ils auraient des ennuis. Son cher préfet de frère ne manquerait pas de leur donner quelques heures de colles, mais surtout on pouvait compter sur Rogue pour leur jouer un mauvais tour. Rangeant la carte dans la poche de sa robe de sorcier, Sirius se mit à courir.

Le Pacte du Saule CogneurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant